« Cette région est-elle sans espoir ? Ses habitants sont-ils condamnés à vivre soit sous la tyrannie des dictateurs, soit à l'ombre du nihilisme, du terrorisme et de l'extrémisme ? Et le printemps arabe était-il un mirage au milieu d'un désert ardu ? » Parce que tout un chacun se pose ces questions, le chef du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, s'en est servi pour développer le thème d'une conférence qu'il vient de donner à la Tuft University (Boston) et au Carnegie Endowment for International Peace à Washington.
M. Siniora a ainsi axé ses arguments sur « Le Moyen-Orient émergent, ses risques et ses opportunités ». Il a aussi dit tout haut ce qui se pense tout bas : « Qu'est-ce qui ne va pas chez les Arabes ? Qu'est-ce qui ne va pas chez les musulmans ?
Pourquoi ne peuvent-ils pas s'intégrer dans ce qui est devenu une civilisation mondiale de liberté, d'ouverture et de droits civils et individuels ? »
Certes l'Occident y est pour beaucoup dans cette dégradation de la situation, notamment à travers la création de l'État d'Israël, l'aide aux régimes militaires et aux moudjahidine afghans, qui ont ouvert la boîte de Pandore de l'extrémisme, et le changement de régime en Irak. « Mais soyons clairs, je ne dédouane pas du tout les Arabes de leur responsabilité d'en être arrivés à cette situation, et particulièrement de n'avoir pas participé à une meilleure compréhension du réel esprit de l'islam qui prêche la compassion et une meilleure acceptation de l'autre », a ajouté M. Siniora.
Évoquant l'Iran, il a précisé qu'il fallait, certes, avoir avec ce pays des relations fraternelles basées sur des intérêts communs et un respect mutuel, « mais, par ailleurs, donner une plus grande influence à l'Iran dans le monde arabe approfondit, au lieu de les améliorer, les complexes problèmes de la région ».
Rencontres avec des responsables de l'administration
Et les États-Unis ne peuvent pas regarder ce pays et la Russie mener seuls le jeu. Alors que, selon lui, l'implication de tous, y compris des Arabes, pourrait générer une stratégie bénéfique pour la région qu'il préfigure en quatre volets : trouver une solution à l'occupation de la Palestine et aux régimes dictatoriaux ; développer le concept d'un État civil ; pousser pour des réformes religieuses ; initier un plan Marshall pour la région.
Il n'a pas omis de souligner le « rôle que peuvent jouer les Arabes modérés dans le domaine religieux, telles qu'ont été rédigées les déclarations d'al-Azhar, en Égypte, des Makassed au Liban et de Marrakech au Maroc, sur les droits des minorités religieuses dans les communautés à majorité musulmane ». « Le Moyen-Orient émergent est une réalité, mais il nous revient collectivement de déterminer si cette région exportera l'extrémisme ou si elle générera croissance et prospérité », a-t-il conclu.
À Washington, Fouad Siniora a eu des entretiens avec plusieurs hauts responsables de l'administration, notamment au département d'État, avec Larry Silverman, sous-secrétaire pour les Affaires du Moyen-Orient, et Jerry Firestein ; à la Maison-Blanche, avec Robert Malley, directeur du Conseil national de sécurité, et Colin Kahl, secrétaire adjoint à la Défense pour les Affaires de sécurité internationale. Il a également rencontré l'ancien secrétaire aux Transports, Ray LaHood. Et lors d'un entretien avec le sénateur républicain, John McCain, également à la tête du Comité des services de l'armée, il lui a fait remarquer que, proportionnellement à la dimension du Vietnam (où le sénateur avait combattu), la Syrie comprenait un plus grand « condensé de danger exponentiel ».
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commentaires (8)
RIEN NE VA SINIORA ! RIEN ! SI VOUS AVIEZ QUATRE YEUX PEUT-ETRE VOUS VERRIEZ PLUS CLAIR...
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 45, le 19 avril 2016