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À La Une - portrait

Michel Temer, le vice-président brésilien d'origine libanaise, a vu sonner son heure

Cet homme politique largement méconnu des Brésiliens, qui a présidé trois fois la Chambre des députés, brigue ouvertement le fauteuil présidentiel de de Dilma Rousseff.

Le vice-président brésilien d'origine libanaise, Michel Temer, ambitionne de succéder à Dilma Rousseff. AFP PHOTO/EVARISTO SA

Homme d'appareil discret, le vice-président brésilien Michel Temer s'est lassé, à 75 ans, de jouer les seconds rôles. Il brigue ouvertement le fauteuil présidentiel de Dilma Rousseff, au bord de la destitution.
Gaffe ou geste délibéré, M. Temer a fait fuiter lundi l'enregistrement d'un discours rassembleur "au peuple brésilien", préparé pour le jour où il s'installerait au palais présidentiel du Planalto. "Les masques tombent", "trahison", a réagi Dilma Rousseff, désignant sa doublure institutionnelle comme "le chef de la conspiration".

Dirigeant depuis 15 ans le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), arbitre centriste de toutes les majorités de gouvernement depuis 1994, il a accumulé des rancœurs en cinq ans de mariage de raison avec la dirigeante de gauche. En décembre, cet homme courtois, toujours tiré à quatre épingles et peu coutumier des coups d'éclats, avait déjà fait sensation en étalant son amertume dans une "lettre personnelle" à Mme Rousseff, au moment même où l'opposition lançait contre elle une procédure de destitution au Parlement.
Il lui reprochait de l'avoir toujours méprisé et traité en "vice-président décoratif", disant qu'il ne lèverait plus le petit doigt pour elle et se consacrerait exclusivement à maintenir l'unité de son parti divisé.
Retranché depuis dans sa résidence de Brasilia, il a observé en silence l'embrasement de la crise politique brésilienne au mois de mars et l'affaiblissement inexorable de la chef de l’État.

(Pour mémoire : Le vice-président Temer lâche Rousseff)

 

Maintenant ou jamais
Michel Temer a vu sonner son heure. Ces dernières semaines, il est passé de l'ombre à la lumière. En vieux renard de la politique, il a orchestré en personne le débarquement de son parti du gouvernement fin mars, un coup de massue pour sa désormais rivale.
C'est maintenant ou jamais pour ce politicien largement méconnu des Brésiliens, qui a présidé trois fois la Chambre des députés brésilienne. Car s'il devait briguer le pouvoir à la loyale lors d'une élection présidentielle, il n'obtiendrait qu'entre 1 à 2% des suffrages, selon les derniers sondages.

Le profil sans relief de ce cadet d'une fratrie de huit enfants, nés d'immigrants libanais en 1940 dans l’État de São Paulo (sud-est), cache toutefois quelques surprises. Michel Temer a publié en 2013 un recueil de poésie. Et plus conquérant qu'il n'y paraît, il a eu cinq enfants de trois mariages en quatre décennies. Son épouse actuelle est une ex-reine de beauté âgée de 32 ans.
Il a pourtant longtemps joué les modestes. Quand ses partisans l'ont reçu, il y a quelques mois, aux cris de "Temer président!", il a répondu, gêné: "Pour l'instant, non merci. Nous allons attendre 2018".
Mais il a su se mettre en avant par petites touches. Deux mois avant sa lettre de divorce à Dilma Rousseff, il avait publié une ébauche de programme intitulé "Un pont vers l'avenir". Il y critiquait les "excès" de la politique économique dépensière du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir.

 

(Pour mémoire : Visite politique et culturelle du vice-président du Brésil, Michel Temer, au Liban)


"Putschiste" ou opportuniste?

Les marchés, inquiets de la récession historique qui frappe le Brésil, ont certainement apprécié ses propositions nettement libérales: rigueur budgétaire, réforme fiscale, coup de frein aux programmes sociaux pour les plus démunis...

"C'est surprenant qu'un spécialiste du droit constitutionnel comme lui adopte une position ouvertement putschiste", assène Afonso Florence, chef du groupe parlementaire PT au Congrès des députés, reprenant les arguments du camp présidentiel qui dénonce une tentative de "coup d’État" institutionnel.

D'autant que M. Temer n'est pas à l'abri du scandale de corruption Petrobras qui mine le gouvernement de Mme Rousseff. Son nom a déjà été cité à plusieurs reprises par des personnes inculpées, même si la justice n'a pas pour le moment jugé ces indices suffisants pour lancer des poursuites contre lui.
Il pourrait aussi voir son mandat cassé, conjointement à celui de Mme Rousseff, par le Tribunal supérieur électoral (TSE). La justice électorale devra dire d'ici 2017 si leur campagne électorale n'a pas été en partie financée par de l'argent détournée du géant étatique pétrolier Petrobras.

 

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