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Lifestyle - Papilles

Rabih Abouhalka, un chef à domicile

Photo Pascale Sloukji

«Quand j'avais quatre ans, nous avions reçu un chef à la maison. Il a désossé un poisson après l'avoir cuit sans en altérer la forme. J'étais complètement fasciné.» En quelques mots, le chef Rabih Abouhalka donne le ton et la saveur de sa passion. Son amour de la bonne chaire se devine à ses yeux qui brillent quand il parle de marinades, de plats mijotés, de textures, de parfums et même de sons que les aliments font quand ils cuisent lentement. Il parle de la cuisson d'un œuf – et de sa transformation au-dessus du feu – comme de la préparation d'un festin. «Je viens d'une famille qui a pour sport favori la nourriture», dit-il, avouant qu'il a pesé, à un moment de sa vie, 165 kilos! «Je ne sais pas pourquoi, à chaque fois que je rencontre quelqu'un ça finit dans la cuisine», s'exclame-t-il.


Rabih Abouhalka est un chef pas comme les autres. Il n'a pas de restaurant ou de service traiteur. Il cuisine exclusivement, en toute simplicité et discrétion, chez le client. Il débarque avec quatre grandes valises à roulettes contenant tous les ustensiles et ingrédients nécessaires à la préparation d'un déjeuner ou d'un dîner et se met au travail.


L'idée est canadienne, et le chef à domicile, qui a suivi des études de cuisine et de gestion hôtelière à l'Université de Wisconsin – l'une des meilleures outre-Atlantique–, donne des cours dans plusieurs écoles hôtelières libanaises. Il a voulu tenter cette expérience au Liban quand il a décidé de retourner au pays. «J'ai débuté en prenant des cours d'hôtellerie. Au bout d'une semaine, on m'a mis à la porte. C'était une occasion pour moi de découvrir le laboratoire de cuisine, une salle immense et vide. Je me suis alors attelé à préparer un pain italien, à choisir les ingrédients, à pétrir le pain... Lorsque je l'ai retiré du four, je l'ai pris dans mes mains, je l'ai approché de mon oreille pour l'entendre crépiter. Puis j'ai remarqué la directrice de l'école qui m'observait. Elle m'a convoqué dans son bureau. J'ai eu peur d'être expulsé mais, en fait, elle voulait juste me conseiller de devenir chef cuisinier.»


Après un double diplôme de gestion hôtelière et de cuisine, Rabih Abouhalka part au Canada et s'engage dans un des hôtels du groupe Sheraton où il découvre les produits de luxe utilisés dans la cuisine. Il collabore avec les meilleurs chefs établis au Canada, dont Philippe Leclerc, d'origine toulousaine. Il travaille ensuite dans une compagnie que son père met en place non loin de Montréal: un restaurant libanais et un service traiteur international. Plus tard, il gère une entreprise familiale spécialisée dans l'exportation de fruits de mer de luxe vers les pays du Golfe. «J'ai aussi fait beaucoup de consulting, j'ai remplacé des chefs qui partaient en vacances, j'ai pris en charge divers projets culinaires», dit-il.


Rabih Abouhalka avoue que c'est l'amour qui l'a ramené au Liban. «J'étais en visite dans le pays. Je voulais essayer un nouveau restaurant à Achrafieh et je l'ai rencontrée! C'était en 2008. Sept mois plus tard, nous étions mariés et je m'installais au Liban, raconte-t-il. La bonne gestion des affaires, c'est mon père qui me l'a transmise. Le goût de la cuisine, ma mère et ma grand-mère.»


Est-il facile d'entrer dans les cuisines des autres pour préparer des repas? «Au Canada c'est commun, au Liban je suis un des seuls à le faire. Certaines personnes craignent que la nourriture ne soit pas prête à temps... Mais je les rassure, je garde la porte de la cuisine ouverte et je leur fais goûter les plats que je prépare pour leur donner un avant-goût de ce qui sera servi», dit-il avec un sourire généreux.

 

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«Quand j'avais quatre ans, nous avions reçu un chef à la maison. Il a désossé un poisson après l'avoir cuit sans en altérer la forme. J'étais complètement fasciné.» En quelques mots, le chef Rabih Abouhalka donne le ton et la saveur de sa passion. Son amour de la bonne chaire se devine à ses yeux qui brillent quand il parle de marinades, de plats mijotés, de textures, de parfums et...

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