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Liban - Libertés publiques

Un « Kyrie », signé Bachar Mar-Khalifé, censuré par la SG

La photo de profil de Bachar Mar-Khalifé sur son compte Twitter.

C'est comme si l'artiste franco-libanais, qui a enflammé le Music Hall dimanche dernier durant un concert exceptionnel et tant attendu, savait à l'avance qu'il serait réduit au silence à un moment ou un autre en choisissant la photo de couverture de son album, Ya balad, où l'on voit sa bouche cachée par sa main ! Lundi, c'est la Sûreté générale (SG) qui est passée à l'acte en censurant la chanson Kyrie eleison de Bachar Mar-Khalifé, selon l'ONG SKeyes pour la liberté de la presse qui a critiqué hier cette mesure. La Sûreté générale reproche à l'artiste certains passages de cette chanson qui, selon elle, « portent atteinte à l'entité divine ». La chanson devra donc être supprimée de l'album pour que ce dernier puisse être diffusé, selon la décision de la SG.

Le chanteur n'a pas tardé à réagir via un tweet inspiré d'un verset de l'Évangile, histoire de marquer le coup : « Père, pardonne à la Sûreté générale, car elle ne sait pas ce qu'elle fait. » Il a par ailleurs reçu le soutien de son père, Marcel Khalifé, sur les réseaux sociaux et via un communiqué émouvant.

 

 


La Sûreté générale a justifié sa décision en se fondant sur trois passages précis de la chanson. Dans l'un d'eux, le chanteur chante en arabe « erhamna », ce qui veut dire littéralement en français « prends pitié de nous », mais en le découpant en trois syllabes, avant de prononcer le mot en entier. Or la première syllabe signifie pénis, en langage familier. Le deuxième reproche concerne les mots « fiche-nous la paix » qui suivent le mot « erhamna », s'adressant à Dieu. Enfin, dans le dernier passage mis en cause par la Sûreté et qu'elle a considéré comme une atteinte à l'entité divine car véhiculant, selon elle, l'idée que le chanteur a été contraint par Dieu à pratiquer le jeûne et la prière, il est dit ceci : « Seigneur, cela fait cent ans que je jeûne et que je prie. »
Interrogé par L'Orient-Le Jour, Bachar Mar-Khalifé a tourné la situation en dérision en soulignant que « la SG dispose sûrement aujourd'hui d'un catalogue plus intéressant que celui du Virgin, en films, CD ou livres qu'elle a censurés ».
Le père de Bachar, le chanteur et compositeur Marcel Khalifé, lui-même accusé par le passé d'avoir insulté les valeurs religieuses, a réagi à cette décision sur Facebook : « Excuse-nous, fils. Tu as été déçu et tu es encore à ton premier essai, dans ce pays où l'homme perd espoir au quotidien et essuie des déceptions écrasantes qui aboutissent à l'effondrement, à l'explosion et à la décadence de la civilisation », écrit-il notamment, dénonçant « la langue bien pendue » de la Sûreté générale. « À la Sûreté générale, je dis : "Prends pitié de nous et fiche-nous la paix" », conclut-il, reprenant les paroles retenues par la SG pour censurer la chanson de son fils.
L'article 473 du Code pénal libanais réprime le blasphème public du nom de Dieu, et l'article 474 punit l'outrage public à l'un des cultes célébrés en public ou l'incitation au mépris de ces derniers.
Ces articles ont été invoqués à plusieurs reprises dans le cadre de plaintes contre Marcel Khalifé. Ce dernier a été poursuivi en 1996, 1999 et 2003 pour sa chanson Je suis Joseph, Oh Père (Ana Youssef ya Abi), écrite par le poète palestinien Mahmoud Darwiche. Le procureur reprochait à l'artiste d'« insulter les valeurs religieuses en utilisant un verset du Coran sur Joseph dans une chanson ». Il risquait entre six mois et trois ans de prison pour insulte publique à la religion (article 474 du Code pénal libanais) et un mois à un an de prison pour blasphème (article 473 du Code pénal). Il avait finalement été innocenté.

C'est comme si l'artiste franco-libanais, qui a enflammé le Music Hall dimanche dernier durant un concert exceptionnel et tant attendu, savait à l'avance qu'il serait réduit au silence à un moment ou un autre en choisissant la photo de couverture de son album, Ya balad, où l'on voit sa bouche cachée par sa main ! Lundi, c'est la Sûreté générale (SG) qui est passée à l'acte en...

commentaires (4)

Ils ne sont vraiment pas "Charlie", ces SG.... et affidés !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 38, le 13 avril 2016

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Commentaires (4)

  • Ils ne sont vraiment pas "Charlie", ces SG.... et affidés !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 38, le 13 avril 2016

  • POUR CEUX QUI PARLENT DE LA LIBERTE D,EXPRESSION JE DIS QUE LA LIBERTE DE CROYANCE EST DE BEAUCOUP PLUS IMPORTANTE ET SACREE QUE LA LIBERTE D,EXPRESSION LAQUELLE LORSQU,ELLE DEPASSE SES BORNES EST CONDAMNABLE... DONC UTILISER DES DESSINS, DES ECRITS OU DES PAROLES POUR SE RIRE DES RELIGIONS OU DE DIEU N,EST POINT UNE LIBERTE D,EXPRESSION MAIS BEL ET BIEN DES INSULTES ET DES BLASPHEMES ET SONT A CONDAMNER PAR TOUS CEUX QUI ONT MEME UNE GOUTTE DE LOGIQUE... MEME SI LE MONSIEUR DE KHALIFE S,EST BAPTISE MAR-KHALIFE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 28, le 13 avril 2016

  • OU ON CHANTE LA GLOIRE DE DIEU OU SI ON N,Y CROIT PAS EN DIEU ON CHANTE AUTRE CHOSE... CERTAINES TETES VIDES CROIENT QU,EN CHANTANT CONTRE LES RELIGIONS ILS SE DISTINGUENT DES AUTRES... OUI ILS SE DISTINGUENT... BIEN SUR... PAR LEUR BETISE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 25, le 13 avril 2016

  • La Sûreté générale reproche à l'artiste certains passages de cette chanson qui, selon elle, « portent atteinte à l'entité divine »Le père de Bachar, le chanteur et compositeur Marcel Khalifé, lui-même accusé par le passé d'avoir insulté les valeurs religieuses, a réagi à cette décision sur Facebook AU LIEU DE CENSURERE DES CHANSONS LA SURETE GENERALE FERAIT MIEUX D'INTERCEPTER LES EXPLOSIFS QUI SERVENT AUX ATTENTATS. MAIS VOILA IL EST PLUS FACILE D'INTERCEPTER DES PASSAGES DE CHANSONS QUE LE PASSAGE EN CONTREBANDE DES SYMPHONIES TERRORISTES.

    Henrik Yowakim

    04 h 41, le 13 avril 2016

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