La guerre libanaise, dont la cause première était la présence palestinienne au Liban, s'est officiellement terminée en 1990 par l'accord de Taëf.
Certains amendements constitutionnels, imposés par le régime syrien, n'ont pas reflété les doléances des forces islamo-progressistes. Leur origine remonte à l'Accord tripartite de 1985, signé à Damas par Élie Hobeika, Nabih Berry et Walid Joumblatt.
Pour épurer aujourd'hui la Constitution des « verrous » introduits par le régime Assad, il convient d'introduire les modifications suivantes :
– Seul le président de la République doit présider toutes les réunions du Conseil des ministres, parce qu'il doit être, comme dans tout régime républicain de démocratie parlementaire, le chef de l'exécutif.
– Les ministres nommés par le président de la République et le chef du gouvernement pourront être démis par décision conjointe et motivée du président et du chef du gouvernement (et non pas par les deux tiers de leurs camarades, comme c'est le cas actuellement) afin de préserver l'homogénéité de l'équipe gouvernementale. Ainsi, le ministre frondeur devra soit démissionner, soit s'aligner sur la majorité gouvernementale. Le boycott des réunions du Conseil ne saurait être admis, un ministre ne pouvant faire de l'opposition contre son gouvernement tout en faisant partie de ce dernier.
– Tous les décrets pris en Conseil des ministres seront pris d'un commun accord, et à défaut, ils n'auront plus besoin que de la majorité absolue des ministres pour être adoptés. Fini le tiers de blocage, parce qu'on ne saurait permettre à une minorité de bloquer l'avis de la majorité. Seule la Chambre pourra démocratiquement désavouer le gouvernement et stopper ses « errances ».
– Le président de la Chambre des députés, élu pour 4 ans, pourra être démis à chaque anniversaire de son élection par la majorité absolue des députés, celle-là même qui peut renvoyer le gouvernement à tout moment par le vote d'une motion de censure.
– En gros, ces principaux amendements constitutionnels doivent être votés. Sinon, notre système politique restera grippé. Les arbitrages que faisait l'occupant syrien devront dorénavant être remplacés par le jeu démocratique de la majorité et de l'opposition.
Il reste deux mesures capitales à entreprendre :
1- Voter une loi électorale sur base du vote majoritaire uninominal avec des circonscriptions à un siège (au nombre de 128). Ainsi, chaque parti politique ne présentera plus que le meilleur de ses candidats. De plus, les électeurs de toute minorité confessionnelle auront un poids déterminant au niveau de la circonscription, puisqu'ils pourront faire pencher la balance en faveur du candidat le plus proche de leurs aspirations...
2- S'opposer à toutes les idées malsaines, voire perverses, qui veulent faire de la « mithaqia » (la conformité au pacte national, ou « mithaq ») un prétexte pour bloquer la démocratie si chère au Liban et aux Libanais. Telle qu'interprétée actuellement, la « mithaqia » ne sert qu'à bloquer le pays et ses institutions au seul profit du tandem chiite Amal-Hezbollah.
C'est cette « mithaqia » qui a servi de prétexte à la fermeture des portes du Parlement 17 mois durant. C'est aussi cette « mithaqia » qui classe désormais les enfants d'une même communauté religieuse entre « représentatifs » et « non représentatifs ».
En revanche, cette « mithaqia » n'a pas empêché Nabih Berry de présider la Chambre des députés en 1992, en dépit du boycott chrétien des élections législatives au plus haut niveau... Cette « mithaqia » n'a pas empêché non plus la nomination de Nagib Mikati à la tête du gouvernement en 2011, malgré une opposition sunnite évidente...
Et quand, plus récemment, le général Michel Aoun a voulu brandir la « mithaqia » face à M. Berry, ce dernier a répondu qu'entre l'intérêt national et la « mithaqia », c'est l'intérêt national qui primait...
Ainsi, en détenant le monopole exclusif des armes illégales et la soi-disant « mithaqia », le Hezbollah et Amal bafouent notre Constitution, notre démocratie et nos libertés... tel que l'avaient fait un jour les milices palestiniennes et l'occupant syrien. En espérant que, plus de quarante ans après le début de la guerre, la frustration qu'ils provoquent ainsi se termine plutôt par une réaction de révolte printanière semblable à celle de 2005, que par une chute dans la violence semblable à celle de 1975.
Lire aussi, dans notre spécial
Commémoration du 13 avril 1975 : Le silence pervers de l'oubli
Les familles des disparus attachées à « leur droit à la vérité »
Disparus de la guerre civile : s'ils pouvaient témoigner
Des élèves venus des « deux côtés du pont » tissent des liens
et les tribunes
41 ans après, il est temps de changer, par Samir FRANGIE, ancien député
Une paix à reconstruire, par le général Khalil HÉLOU, vice-président de « Liban Message »
La guerre du dedans, par Hanine GHADDAR, rédactrice en chef du site NOW
Certains amendements constitutionnels, imposés par le régime syrien, n'ont pas reflété les doléances des forces islamo-progressistes. Leur origine remonte à l'Accord tripartite de 1985, signé à Damas par Élie Hobeika, Nabih Berry et Walid...
commentaires (3)
Toutes ces propositions sont parfaitement logiques. Malheureusement, la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Yves Prevost
06 h 51, le 14 avril 2016