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Économie - « Panama papers »

Mossack Fonseca, partenaire discret des autorités chinoises

En 2014 encore, des agences gouvernementales invitaient des représentants de Mossack Fonseca à expliquer à des entreprises comment des sociétés offshore pouvaient faciliter leurs investissements à l’étranger. Archives AFP

Bien avant les révélations des Panama papers, le cabinet Mossack Fonseca était déjà bien connu du gouvernement chinois, coopérant étroitement avec les autorités et des banques étatiques pour aider à concrétiser des investissements à l'international, selon des ressources en ligne consultées par l'AFP.
Présent depuis l'an 2000 en Chine, le cabinet panaméen, spécialiste des domiciliations offshore au cœur du récent scandale, a établi de solides connexions institutionnelles au plus haut niveau dans la deuxième économie mondiale, montrent d'anciennes versions archivées de son site Internet. Il dispose aujourd'hui d'une implantation à Hong Kong et de sept bureaux en Chine continentale, mais avait ouvert sur les 16 dernières années au moins onze bureaux dans le pays, son principal marché, dont certains ont depuis fermé.
Pourtant, avant que n'éclate le scandale, le nom même de la firme restait largement inconnu des cabinets internationaux d'avocats d'affaires en Chine, selon des professionnels interrogés par l'AFP. Le nombre de leurs bureaux « est stupéfiant », souligne l'avocat Edward Lehman. En 29 ans d'activités en Chine, il assure « (...) n'avoir jamais été en contact ».

Favoriser des acquisitions
En revanche, Mossack Fonseca était très bien introduit au sommet de l'État : il a ainsi organisé des « conférences d'investisseurs » pour le ministère du Commerce et le think-tank qui lui est rattaché (Chinese Academy of International Trade and Economic Cooperation), selon des pages de son site aujourd'hui non visibles. En 2014 encore, des agences gouvernementales invitaient des représentants de Mossack Fonseca à expliquer à des entreprises comment des sociétés offshore pouvaient faciliter leurs investissements à l'étranger.
De son côté, le China Economic Weekly – magazine dépendant du Quotidien du peuple, organe du Parti communiste – avait publié en 2007 un entretien avec Zhang Xiaodong, « responsable des activités Asie » du cabinet panaméen. Il y dévoilait les avantages de domiciliations offshore pour contourner des restrictions imposées par certains pays, en dissimulant l'origine des fonds investis.
M. Zhang citait en particulier l'échec du pétrolier chinois CNOOC à s'emparer de la firme énergétique américaine Unocal, pour des raisons invoquées de sécurité nationale. « Les sociétés offshore permettent d'échapper à ce type de risque (...) Il est difficile pour un tiers de déterminer si les investisseurs viennent seulement de Chine », commentait-il. Sans citer de noms, Zhang racontait ensuite comment Mossack Fonseca avait aidé un client chinois à racheter une entreprise européenne en passant par un montage complexe comprenant société offshore, fondation et firme domiciliées au Luxembourg.

Banques étatiques
Dans une lettre d'information de novembre 2008, Mossack Fonseca insistait aussi sur ses « bonnes relations » avec deux établissements financiers étatiques : Chinese Merchants Bank et Shanghai Pudong Development Bank, qu'il aidait à superviser les comptes de clients « offshore ». Entre janvier 2007 et septembre 2009, à au moins cinq reprises, des représentants du cabinet panaméen ont formé des employés des banques ou participé à des conférences qu'elles sponsorisaient, ajoutait la lettre.
Selon le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), plus de 16 300 sociétés offshore établies par Mossack Fonseca, soit un tiers de ses firmes offshore « actives » en 2015, l'ont été pour le compte de clients à Hong Kong et en Chine continentale. La plupart étaient domiciliées aux îles Vierges britanniques. Or, les investissements de Chine populaire vers la juridiction caribéenne, paradis fiscal notoire, se sont envolés de 1,88 milliard de dollars en 2007 à presque 4,57 milliards en 2014, selon des chiffres gouvernementaux chinois.
Des sociétés offshore ne sont pas nécessairement illégales en soi, et Mossack Fonseca n'était pas le seul à proposer des services de domiciliation à des clients chinois, également courtisés par des cabinets mieux connus comme Oil, Sovereign Trust et Ocra. Mais Mossack Fonseca « n'est pas un cabinet que j'ai vu associé une seule fois à de véritables acquisitions », observe Paul Gillis, professeur à l'Université de Pékin, expert de l'audit.
L'objectif des firmes offshore était « probablement de sortir de l'argent de Chine, de sorte qu'on ne puisse pas remonter jusqu'à la source », insiste-t-il. De quoi en faire un canal privilégié pour des gains mal acquis : la Banque centrale chinoise avait reconnu en 2011 que plus de 120 milliards de dollars avaient été placés à l'étranger par des officiels corrompus.
Ben DOOLEY/AFP

Bien avant les révélations des Panama papers, le cabinet Mossack Fonseca était déjà bien connu du gouvernement chinois, coopérant étroitement avec les autorités et des banques étatiques pour aider à concrétiser des investissements à l'international, selon des ressources en ligne consultées par l'AFP.Présent depuis l'an 2000 en Chine, le cabinet panaméen, spécialiste des...

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