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Liban - Conseil des ministres

La Sécurité de l’État ou rien...ce fut rien !

Photo Dalati et Nohra

Quel pays légal le président François Hollande va-t-il découvrir à son arrivée au Liban, le 16 avril ? Va-t-il évoluer dans des institutions qui fonctionnent ou dans un édifice étatique affaibli qui grince de toutes parts ? C'est un peu cela que le Premier ministre, Tammam Salam, a lancé hier, à la ronde, au début, au milieu et à la fin d'un Conseil des ministres qui a sombré dans les méandres du confessionnalisme le plus étroit, et ignoré certaines urgences sécuritaires.

Le Premier ministre devait même révéler que le patriarche melkite Grégoire III l'avait joint au téléphone, pour suggérer que le débat soit reporté. Rien n'y a fait. De guerre lasse, M. Salam a levé la séance à mardi prochain, en ajoutant, sur un ton elliptique : « Et ce, dans le cas où la séance se tiendrait... » Poussé à bout, le chef du gouvernement avait d'ailleurs, à diverses reprises, tapé de la main sur la table...
Pourtant, M. Salam avait adjuré les ministres de reporter leurs différends, de préparer plus sérieusement la visite du chef de l'État français et de s'attaquer au plus urgent, notamment à la sécurité de l'Aéroport international Rafic Hariri, où des failles sérieuses ont été détectées par des experts britanniques, alors même que la Grande-Bretagne vient d'accorder aux FSI un don en équipements d'environ 20 millions de dollars.

 

(Pour mémoire : Département de la Sécurité de l'État : les ministres chrétiens déterminés à aller jusqu'au bout)

 

L'aéroport a loué deux scanners
C'est au point que le chef du service de sécurité de l'aéroport, Mohammad Chéhabeddine, a décidé de louer deux scanners à une compagnie privée, le Hamra Group, en attendant l'installation d'un équipement propre aux tapis roulants utilisés pour l'arrivée des valises. « C'est une priorité absolue, a-t-il affirmé à un journaliste qui lui demandait des comptes. Cela ne peut pas attendre. »
Au demeurant, ce n'est pas seulement l'aéroport qui risque de ressembler à une passoire, mais toutes les frontières, terrestres et maritimes. Ainsi, comment, sinon par la mer, expliquer l'entrée illégale au Liban d'une mère australienne venue arracher ses deux enfants à son mari libanais avec toute une équipe de « récupération » ?
Le laborieux débat s'est installé en Conseil des ministres quand Michel Pharaon a fait le lien entre les deux problèmes du financement des FSI et celui du département de la Sécurité de l'État, transformé au fil des mois en un organisme désaffecté et sans fonds. « Pourquoi des fonds sont-ils accordés à l'un et pas à l'autre ? » se sont succédé à s'interroger, sans recevoir de réponse logique, Gebran Bassil, Élias Bou Saab, Alain Hakim et Sejaan Azzi.

 

Fonds secret et aides scolaires
Le fonds secret et les aides scolaires que vous demandez pour les FSI sont ce que nous réclamons aussi pour la Sécurité de l'État qui, tout comme les autres services de sécurité, combat le terrorisme, a affirmé en substance M. Hakim.
À l'intention de son collègue Ali Hassan Khalil, qui justifiait une anomalie de fonctionnement par des dispositions légales, M. Hakim devait lire le texte de loi instaurant la Sécurité de l'État et son mode de fonctionnement. Dans ce texte, rien n'affirme que le directeur général de ce département (un grec-catholique) doit obtenir le contreseing de son adjoint (chiite) pour que ses décisions deviennent exécutoires, a-t-il insisté.
Aux reproches qu'on leur a faits de faire preuve d'un étroit confessionnalisme, c'est Gebran Bassil qui a répondu : « Quand le ministre des Affaires étrangères a soulevé le cas de l'ambassadeur d'Irak, Ali Hassan Khalil y a fait barrage, parce que l'homme est chiite... Mais quand nous soulevons à notre tour un problème, nous sommes taxés de populisme, d'opportunisme et de confessionnalisme ! »

 

Machnouk rappelle les priorités
Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a fait valoir que la Sécurité de l'État est directement rattachée au Premier ministre et reçoit de lui ses missions, alors que les deux autres services de sécurité, les renseignements des FSI et la Sûreté générale, sont reliés tous deux au ministère de l'Intérieur, avec des missions bien plus globales. « Attachons-nous aux priorités ! » devait-il également s'écrier, sans parvenir à rompre le débat tournant en cercle vicieux.
À ce débat, malgré un assentiment tacite, les ministres Alice Chabtini et Samir Mokbel ne devaient pas participer, pas plus que Boutros Harb qui a désapprouvé la manière et le ton du débat, proposant que tout soit examiné à tête reposée.
Le Conseil des ministres avait dès le départ été mal enclenché quand Gebran Bassil avait contesté que les projets du CDR figurent au début de l'ordre du jour de la réunion, alors que ceux qui le dirigent « n'en font qu'à leur tête, fixent l'ordre des priorités qui leur semble bon et n'entament pas les travaux d'exécution de projets décidés en Conseil des ministres, comme l'échangeur de Jal el-Dib ». « Ou bien vous entamez les travaux de cet échangeur, ou bien aucun projet ne passera! » s'était-il écrié.

 

Questions brûlantes
Ces débats stériles devaient empêcher le Conseil des ministres d'examiner des dossiers brûlants comme celui des sociétés exploitant illégalement des réseaux Internet étrangers, ou de Sukleen ou encore du réseau de prostitution et de trafic d'êtres humains démantelé à Maameltein.
À ce sujet, on apprenait hier que le Dr Riad Alam a été interrogé par le président de l'ordre des médecins, le Dr Antoine Boustany, et qu'il comparaîtra aujourd'hui après-midi devant le conseil de discipline de son ordre, dont il risque d'être radié, si sa complicité est prouvée.
On apprenait aussi, en soirée, que six des femmes séquestrées libérées par la police qui se rendaient en Syrie, par la frontière nord, ont été refoulées au poste-frontière, parce qu'elles sont sans papiers, alors même qu'elles avaient été confiées aux soins des FSI ! Elles referont aujourd'hui le même voyage, munies des laissez-passer nécessaires.

Quel pays légal le président François Hollande va-t-il découvrir à son arrivée au Liban, le 16 avril ? Va-t-il évoluer dans des institutions qui fonctionnent ou dans un édifice étatique affaibli qui grince de toutes parts ? C'est un peu cela que le Premier ministre, Tammam Salam, a lancé hier, à la ronde, au début, au milieu et à la fin d'un Conseil des ministres qui a sombré dans...

commentaires (3)

Effectivement, le RIEN appelle du RIEN....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 41, le 09 avril 2016

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Commentaires (3)

  • Effectivement, le RIEN appelle du RIEN....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 41, le 09 avril 2016

  • LA -MAINMISE- SE CONCRETISE... ET MADAME LA MARQUISE DE PAROLES VIDES S,AROMATISE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 07, le 08 avril 2016

  • je ne comprends rien a ce maelstrom

    George Khoury

    09 h 48, le 08 avril 2016

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