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Liban - Déchets

Sukleen se justifie, le mouvement civil riposte

Deux conférences de presse ont été tenues hier à quelques heures d'intervalle.

Le directeur exécutif de Sukleen, Aymane Jaafar, lisant le communiqué de la compagnie hier lors de la conférence de presse.

Dans une évidente tentative de se disculper des différentes accusations portées contre elle, et à quelques jours de la comparution de ses représentants face à la justice pour des motifs de malversations et de non-respect du contrat avec l'État, la compagnie Sukleen a tenu hier une conférence de presse pour répondre à ses détracteurs. Les compagnies Sukleen et Sukomi (pour la collecte et le traitement des déchets) affirment principalement avoir respecté leur contrat avec l'État, n'avoir pas été en mesure d'apporter les améliorations qu'elles voulaient introduire, tout en démentant être « une partie politique ».
La réponse du mouvement civil ne s'est pas fait attendre : les représentants des différents collectifs ont demandé hier au parquet financier de charger une commission d'enquête de réviser tous les contrats et les dossiers en rapport avec les deux compagnies.

 

(Lire aussi : Dossier spécial : Historique et impact de la crise des déchets)


À savoir qu'au cours de la conférence de presse tenue hier par Sukleen et Sukomi à Beyrouth, le directeur exécutif, Aymane Jaafar, qui a lu le communiqué des compagnies, a précisé que Sukleen, chargée par l'État de collecter les déchets empilés durant huit mois de crise, a déjà levé 275 000 tonnes des rues, d'un total estimé à 400 000 tonnes, tous acheminés vers la décharge de Naamé. Les deux mois de délai accordés par l'État pour cette mission seront suffisants, a-t-il par ailleurs précisé. Pour ce qui est des sites de décharges du nouveau plan gouvernemental, à Bourj Hammoud (nord de Beyrouth) et sur le littoral de Choueifate (sud de Beyrouth, Costa Brava), il a souligné que les déchets qui y sont transportés « ont été auparavant triés, traités et empaquetés dans les centres de la Quarantaine et de Amroussiyé qui, contrairement aux rumeurs, n'ont jamais cessé de fonctionner », selon M. Jaafar. Leur stockage est « temporaire » sur les terrains actuels, a-t-il ajouté.


Répondant aux nombreuses critiques adressées aux compagnies, le directeur exécutif a prétendu que « les compagnies ont toujours respecté l'intégralité des contrats signés avec l'État libanais, représenté par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) ». Abordant la question de la plainte déposée par le député Samy Gemayel contre les compagnies auprès du parquet financier, et de la séance prévue la semaine prochaine, il a affirmé « collaborer, comme toujours, avec la justice, en laquelle nous avons confiance pour révéler la vérité ».
Dans leur communiqué, les compagnies défendent la décharge de Naamé et affirment que « ses visiteurs ont invariablement été impressionnés par la qualité du traitement qui s'y opérait ». Le texte évoque « des tentatives, au cours des années, de réduire la quantité de déchets enfouis, avec pour objectif d'atteindre le taux de 80 % de déchets traités et 20 % enfouis », sans s'attarder sur les raisons qui n'ont pas rendu cela possible.
Enfin, le communiqué des compagnies n'a pas omis de mentionner les accusations politiques dirigées contre elles : elles démentent « être une partie politique ou s'ingérer dans la vie politique ».

 

(Voir aussi, le dossier spécial du Commerce du Levant : La crise des déchets, symbole de la déliquescence de l'État libanais)

 

« Une commission d'enquête financière »
Non loin du lieu où Sukleen et Sukomi ont tenu leur conférence de presse, à Hamra, plusieurs collectifs du Mouvement civil se sont rassemblés pour réclamer une commission d'enquête dans le dossier des deux compagnies. Les collectifs ont appelé à un sit-in devant le Palais de justice le lundi prochain, en même temps que la séance au cours de laquelle les représentants des compagnies seront entendus par le parquet financier. Ces collectifs sont « Nous réclamons des comptes », « Le peuple veut la réforme du système », « I'm in », « le Mouvement civil démocratique », « le Mouvement des militants libres », la Cellule de crise à Choueifate, la Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé et « Des juristes contre la corruption ».


La militante Nehmat Badreddine a rappelé que « durant plus de deux décennies, le peuple libanais a payé des factures qui n'avaient aucune justification légale », surtout que la compagnie n'a jamais eu de contrat avec aucune municipalité, mais que le contrat était limité au CDR de manière « abusive ». « La compagnie a pu laisser libre cours à la hausse des prix, tant et si bien que ces prix ont dépassé les moyennes internationales pour les mêmes services », a-t-elle poursuivi.


La militante a évoqué l'épisode du sit-in du mouvement civil devant le siège de Sukleen, qui a tourné, selon elle, « en bastonnade pratiquée par les employés de celle-ci contre les militants, blessant nombre d'entre eux, avant que la compagnie ne porte plainte comme si elle était la victime ». Des vidéos ont été visionnées pour montrer que les militants étaient présents de manière pacifique, des preuves que les militants ont ajoutées au dossier légal qui les oppose à Sukleen.


Un autre militant, Waël Abdallah, a souligné que l'enquête actuelle du parquet financier contre Sukleen porte sur une courte période du travail de la compagnie seulement, soulignant qu'une commission d'enquête devrait être formée en vue d'examiner de plus près « l'intégralité du contrat avec Sukleen, parce que le dossier de la compagnie recèle des preuves considérables de corruption et de vol de deniers publics ».

 

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