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Économie - Liban - Services

Malgré la crise, les restaurateurs n’ont pas perdu leur appétit d’investissement

S'ils affirment subir une baisse continue de leurs revenus, les professionnels interrogés par « L'Orient-Le Jour » au Salon Horeca semblent tous décidés à développer leurs enseignes.

Si le Salon Horeca ne connaît pas la crise, les restaurateurs libanais vivent avec depuis 5 ans. Photo P.H.B.

Ouvert depuis mardi, la 23e édition du Salon Horeca consacré à l'hôtellerie et à la restauration est sur le point de remporter son pari. « Nous sommes en train d'atteindre nos objectifs en termes d'affluence – 15 000 visiteurs attendus – et l'ambiance sur place masque la crise qui frappe les professionnels du secteur depuis plusieurs années », affirme Joumana Dammous-Salamé, la directrice générale de Hospitality Services qui organise l'évènement. Les motifs d'inquiétude étaient pourtant nombreux à l'aube du lancement du Salon, compte tenu des difficultés que les propriétaires libanais d'hôtels et de restaurants affrontent depuis plus de cinq ans.


« La fréquentation des restaurants, cafés et bars a connu une baisse moyenne de l'ordre de 18 à 20 % depuis 2011, un constat qui s'applique à 2015 », avance le président du syndicat des propriétaires de restaurants, Tony Rami. « Ces contre-performances sont liées à la précarité de la situation politico-sécuritaire au niveau local et régional qui a affecté la fréquentation touristique, à la gestion de la crise des déchets et aux retombées d'une campagne gouvernementale pour la sécurité alimentaire, jugée brouillonne par certains professionnels », poursuit-il. Cette baisse générale serait toutefois à nuancer géographiquement selon Donald Batal, membre du conseil d'administration du syndicat des restaurateurs et fondateur, entre autres, de la chaîne Classic Burger Joint. « La fréquentation des établissements du centre-ville de Beyrouth a été très affectée en 2015 », notamment à cause des manifestations populaires contre la mauvaise gestion de la crise des déchets par le gouvernement, affirme-t-il, avant d'ajouter : « À l'opposé, les enseignes hébergées dans le centre commercial Le Mall, à Dbayeh, ont eu de bons résultats sur la même période. »

 

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Renforcer l'implantation
« Les professionnels estiment que leur chiffre d'affaires global a reculé de 30 % en 2015 », expose de son côté le directeur de la société de conseil en hôtellerie et restauration Hodema, Nagi Morkos. Car outre la baisse de la fréquentation, les résultats des professionnels auraient également été affectés par « la baisse du pouvoir d'achat de la clientèle locale, déjà moins élevé que celui des touristes du Golfe, d'Europe ou encore des Libanais d'Afrique... », selon M. Rami.


Les restaurateurs sont toutefois tous d'accord sur l'ampleur de l'impact de la crise sur leurs marges. « Nos prix n'ont pas changé depuis trois ans. À l'image de la majorité des restaurateurs, nous survivons en grignotant nos marges », confirme Aline Kamakian, copropriétaire avec son cousin Serge Maacaron, des franchises Mayrig et Batchig, spécialisées dans la cuisine arménienne. « Il ne faut pas espérer d'amélioration notable de la situation du secteur avant 2018 », tranche Dory Rizk, le gérant de la marque Babel et partenaire d'Afkar Holding, société propriétaire des restaurants Babel et Babel Bay.
Cette conjoncture morose ne semble pourtant pas avoir entamé le volume d'investissements dans le secteur. « Avec 3 % de croissance du nombre d'enseignes en 2015, le secteur résiste à la conjoncture, poussé par les grands groupes qui, à l'image de Roadster ou Boubess, cherchent à renforcer leur implantation », révèle M. Morkos. « Plus de 300 nouvelles enseignes dont une majorité réparties dans onze projets de clusters – soit environ 60 000 couverts supplémentaires – doivent être inaugurées dans les deux prochaines années », assure de son côté M. Rami. Un enthousiasme que partage également la direction de la chaîne Classic Burger Joint, qui a inauguré huit points de vente au Liban depuis son lancement en 2010 et qui privilégie le système de franchise dans son développement.


« Ce mécanisme permet au franchiseur de déléguer les risques à son franchisé et se révèle très utile pour faciliter l'implantation d'une enseigne dans une région donnée en en confiant la gestion à un professionnel local », explique M. Batal. Indépendamment de leur taille ou de leur type, les restaurateurs libanais ont d'ailleurs de plus en plus recours, pour se développer, à la franchise, qui leur permet notamment de se développer sans investir, même à l'étranger.


Car si le marché domestique n'est pas délaissé, c'est bien l'expansion internationale qui devrait leur permettre de renouer avec leurs performances d'avant 2011. « Les pays arabes restent la piste privilégiée en raison de la proximité culturelle, en attendant de pouvoir se tourner vers d'autres horizons », souligne Mme Kamakian. Des projets que les récentes turbulences politiques entre les pays du Golfe et le Liban en marge des tensions irano-saoudiennes ne semblent pas encore menacer. « Il y a bien des retards liés au renforcement de certaines procédures (notamment pour les visas), mais pas de réel danger », rassure M. Rizk.

 

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