Nilesat ne relayera plus les chaînes locales et arrêtera d’émettre à partir du Liban

La compagnie de satellite égyptienne Nilesat a informé hier le ministère des Télécoms de sa volonté d'arrêter son émission à partir de la station de Jouret el-Ballout (caza du Metn) aujourd'hui à dix heures et de ne plus relayer les chaînes locales, une décision qui serait motivée essentiellement par des considérations politiques, selon le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, mais que la société explique par l'expiration du contrat signé avec l'État libanais.

Nilesat a envoyé hier deux mémorandums au ministère des Télécommunications. Dans le premier, elle l'informe qu'elle a été contrainte de cesser de relayer à partir de 8h hier la chaîne al-Manar et affirme avoir pris cette décision en raison de la diffusion, sur la chaîne du Hezbollah, « d'émissions incitant aux tensions communautaires et à la discorde, en violation du contrat signé » avec elle. Dans le deuxième, la direction de Nilesat annonce que l'opérateur cessera d'émettre aujourd'hui en raison de l'expiration du contrat signé avec l'État libanais en 2015.

Dans le même temps, l'ambassadeur d'Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, ajournait une visite qui était prévue ce matin au palais Bustros où il était supposé avoir un entretien avec le chef de la diplomatie, Gebran Bassil. M. Assiri a invoqué des raisons personnelles pour justifier l'ajournement de l'entretien, mais de sources proches du palais Bustros, on pense que le diplomate aurait préféré ne pas se trouver en présence d'un représentant du gouvernement au moment où Nilesat interrompait la diffusion des programmes des chaînes libanaises.

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Interrogé par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, situe la décision de Nilesat dans le cadre des tensions qui pèsent sur les relations entre le Liban et les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, depuis fin février. « L'arrêt de l'émission de la compagnie Nilesat est clairement lié à cette tension. La chaîne al-Arabiya a fermé ses bureaux à Beyrouth vendredi dernier, maintenant c'est au tour de Nilesat », a-t-il indiqué. Rappelons que la chaîne saoudienne avait annoncé la fermeture de ses bureaux au Liban, ainsi que ceux de sa filiale al-Hadath, situés place Riad el-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, dans le cadre d'une restructuration de la chaîne, motivée par des considérations de sécurité.

En décembre dernier, la compagnie opérant le satellite Arabsat qui émettait de Jouret el-Ballout avait déménagé ses centres de diffusion vers la Jordanie. Elle avait également décidé de ne plus diffuser al-Manar. Une intervention d'un invité lors d'un talk-show en avril 2015, qui avait insulté la famille régnante saoudienne, spécialement le roi d'Arabie saoudite, avait irrité Arabsat qui avait alors décidé d'arrêter la diffusion de la chaîne du Hezbollah.

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« J'ai déjà envoyé une notification écrite à Nilesat pour l'informer que le Conseil des ministres souhaite renouveler son contrat avec elle », explique M. Jreige. Selon lui, « la décision de la compagnie n'est pas due au retard du Conseil des ministres dans le renouvellement du contrat ». Cette question pourra être débattue demain en Conseil des ministres, même si elle ne figure pas à l'ordre du jour de la réunion, ajoute-t-il. « Je crains que la compagnie ne refuse tout simplement de renouveler le contrat », a-t-il déclaré. M. Jreige a en outre indiqué qu'il allait prendre contact avec la Nilesat ainsi qu'avec le ministère égyptien de l'Information, Nilesat étant opérée par l'État en Égypte.

Le ministre des Télécoms, Boutros Harb, n'était pas joignable hier en soirée pour commenter cette affaire, mais on apprend de sources informées qu'il avait averti le Conseil des ministres il y a près d'un mois que la compagnie, qui compte parmi ses actionnaires des personnalités de plusieurs pays du Golfe, risque de ne pas renouveler son contrat avec le Liban.

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