Rechercher
Rechercher

Liban - Pour préserver l’espoir

« En revenant de l’aéroport, j’ai été arrêté à un barrage »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal » *. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Charbel Zogheib portant un de ses enfants dans ses bras.

Mon nom est Charbel. Ma femme, Laure, et moi étions mariés depuis onze ans. Je l'appelais ma cheikha.
Nous avons eu deux merveilleux enfants : Ramez, 6 ans, qui adorait faire tout comme moi, et Rouba, 5 ans, ma petite princesse.
J'étais chauffeur de taxi. Chaque jour après le travail, alors que je montais les marches qui menaient à l'entrée de la maison, je faisais tinter les pièces de monnaie que j'avais dans ma poche. En entendant ce son, les enfants savaient que je rentrais. Ils couraient vers le pas de la porte pour me faire un câlin. J'étais un homme très chanceux.
Le 3 octobre 1983, comme tous les matins, j'ai quitté la maison et me suis rendu au travail. J'ai pris un passager qui m'a demandé de le déposer à l'aéroport. Sur le chemin du retour, j'ai été arrêté à un barrage. On m'a fait sortir de la voiture.
Je ne suis jamais retourné à la maison. Ramez et Rouba n'ont plus jamais entendu leur père monter les marches de la maison.
Ma femme Laure a mis des années pour leur dire que j'avais disparu. Comment leur expliquer ? Comment répondre à leurs questions ? Elle leur a dit que je m'étais absenté, qu'ils me manquaient et que je les aimais.
Laure a commencé à prendre deux emplois de secrétaire pour subvenir aux besoins des enfants et pour assurer les frais de leur scolarité.
Son long et douloureux parcours pour me retrouver a également commencé. Pendant des mois, elle a essayé d'entrer en contact avec des hommes politiques pour savoir où j'étais détenu et pour supplier que je sois libéré. Elle n'a jamais obtenu de réponse.
Jusqu'au jour où un homme libéré d'une prison en Syrie l'a appelée pour lui dire que nous avions été détenus ensemble. Cet homme avait entendu Laure parler de ma disparition dans le cadre du programme télévisé Kalam en-nas. Il avait reconnu mon histoire.
Quel soulagement ! J'étais toujours en vie! Elle espérait me voir rentrer un jour à la maison.
Mais le temps a passé et le désespoir de Laure a grandi. Comment en être sûr ? Comment trouver des réponses ?
Mon nom est Charbel Zogheib. Ne laissez pas mon histoire s'interrompre ici.

* « Fus'hat amal » est une plate-forme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de « Fus'hat amal » à l'adresse : www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

 

 

Les témoignages précédents

« Mon mari vivait en Allemagne. Ce jour-là, il nous a perdus tous les cinq »

« Je devais appeler ma femme à mon arrivée dans la Békaa, je ne l'ai jamais fait »

« J'avais 17 ans le jour où j'ai été enlevé »

« Nous ne sommes jamais allés plus loin que l'intersection du Musée »

« Des hommes armés ont fait irruption à 3h du matin et m'ont embarqué »

 

Mon nom est Charbel. Ma femme, Laure, et moi étions mariés depuis onze ans. Je l'appelais ma cheikha.Nous avons eu deux merveilleux enfants : Ramez, 6 ans, qui adorait faire tout comme moi, et Rouba, 5 ans, ma petite princesse.J'étais chauffeur de taxi. Chaque jour après le travail, alors que je montais les marches qui menaient à l'entrée de la maison, je faisais tinter les pièces de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut