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Liban - Patrimoine

Au musée Mim, nez à nez avec les poissons du jurassique

Trouver des poissons fossiles provenant du crétacé du Liban (80 à 100 millions d'années) est toujours quelque chose d'exceptionnel. Les trophées de la famille Abi Saad sont des pièces uniques, célèbres dans le monde pour la qualité de leur conservation. Elles sont exposées pour la première fois au public.

Raie, Cyclobatis ou poisson volant... au total 189 fossiles datant de cent millions d’années racontent la mémoire du temps. Photos Musée Mim

À l'évidence, le musée Mim est l'écrin idéal. Ce temple prestigieux, qui abrite un précieux inventaire de la diversité minérale de la planète, met à l'honneur d'autres prodiges de la nature : des fossiles formés depuis la nuit des temps. 189 fossiles de poissons, de crustacés et de végétaux, tout droit sortis du sous-sol des montagnes qui surplombent Jbeil. Appartenant au jurassique classé C4, ils constituent la collection privée de la famille de Pierre Abi Saad, qui depuis quatre générations travaille à exhumer des fossiles incrustés dans les roches calcaires de Hjoula, Haqil et Nammoura. Celles-ci renferment les gisements du crétacé supérieur, ou ce que les paléontologues appellent un « gisement à conservation exceptionnelle » – l'un des plus riches au monde. « Selon Pierre Abi Saad, pas moins de 400 espèces de poissons et 50 de crustacés y ont été identifiés », signale la conservatrice en chef du musée Mim, Suzy Hakimian, ajoutant que les frères Abi Saad « conservent systématiquement au Liban les dix plus beaux spécimens de chaque espèce extraite. Les autres sont vendus aux musées étrangers ou aux collectionneurs ».

 

Vestiges d'un monde en mutation
Cent millions d'années nous séparent des restes pétrifiés et des empreintes fossilisées de cœlacanthes, de requins, de raies guitare, poissons-scies, sardines, banc de poissons-soleils, pieuvres, langoustes, anguilles, crevettes, écrevisses et autres petits vertébrés. 75 % de ces espèces ont aujourd'hui disparu. Sauf le cœlacanthe !
Considéré comme le plus vieux poisson du monde, l'origine de ce dernier remonterait à plus de 300 millions d'années et on croyait qu'il avait disparu depuis 80 millions d'années. Or, un cœlacanthe aurait été pêché en 1938 sur la côte est de l'Afrique du Sud et un autre a été repéré aux Comores, en 1952. Le dernier exemplaire trouvé remonterait à juillet 1997 sur l'île de Célèbes, en Indonésie.
La collection exceptionnelle, composée de spécimens ancêtres des faunes aquatiques modernes, révèle l'histoire des lieux à l'instar des strates géologiques. Ainsi, « il y a des millions d'années, la prolifération du phytoplancton à la surface de la mer captant tout l'oxygène contenu dans l'eau aurait entraîné la mort brutale des poissons par asphyxie. Ceux-ci sont tombés au fond de la mer et ont été très vite recouverts par une couche de sédiments, qui permit un mode de conservation excellent. 50 millions d'années plus tard, la tectonique des plaques souleva le fond marin et forma les montagnes au cœur desquelles les gisements de fossiles se trouvent aujourd'hui ».

 

Un patrimoine à partager
Par le truchement d'une video projection mapping mise au point par des techniciens français engagés par le musée Mim spécialement pour l'occasion, le public est virtuellement immergé dans la planète bleue pour saisir le phénomène de la fossilisation. « On peut y voir non seulement les arêtes des poissons mais également les parties molles, comme dans les pieuvres », relève Suzy Hakimian. De même pour les détails du squelette d'un poisson à travers une loupe. Des documentaires feront défiler les images des sites de gisements et les méthodes d'extraction, dont l'exercice s'avère très minutieux : à l'aide d'un burin et d'un petit marteau, les fouilles sont réalisées couche par couche, jusqu'à dégager les sédiments calcifiés qui enrobent le fossile. La pierre sur laquelle est gravée l'empreinte est exhumée puis envoyée au laboratoire, où elle sera nettoyée par des spécialistes formés à ce travail de « haute précision ». Entre chefs-d'œuvre et objets scientifiques, la collection Abi Saad constitue une magnifique exposition intitulée Mémoire du Temps. Elle sera inaugurée après-demain, vendredi 8 avril, à l'occasion de « La Nuit des musées » et se prolongera jusqu'au 8 octobre 2016.
Localisation du musée Mim : campus de l'innovation et du sport-Université Saint-Joseph, rue de Damas, Beyrouth.

 

 

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