Rechercher
Rechercher

Liban - Crise des déchets

Crise des déchets : Le stockage temporaire a commencé à Costa Brava

Les ballots d'ordures sont déjà sur place, mais des militants dénoncent « une préparation sommaire du terrain ».

Les premiers ballots déposés sur un terrain à l’embouchure du fleuve Ghadir. Un stockage « temporaire » selon les responsables de la gestion du site, mais avec des protections « sommaires », selon des militants. Photo Ramzi Moucharrafieh

Les premiers ballots de déchets ont commencé à être transportés sur le site de la décharge côtière de Costa Brava (littoral de Choueifate) depuis lundi. Toutefois, au niveau de la population de Choueifate, le feu couve sous la cendre puisque les signes de protestation populaire ne sont jamais bien loin.
Rappelons que le gouvernement avait adopté, en mars, un plan « d'urgence » pour une sortie de crise, étalé sur une durée de quatre ans, reposant sur deux décharges côtières, qui sont en fait un remblayage de la mer au niveau de Bourj Hammoud et de Choueifate. Les déchets empilés durant les huit mois de crise sont emportés vers Naamé, mais les deux autres décharges devraient accueillir 1 100 et 1 200 tonnes par jour des déchets nouvellement produits.

 

(Lire aussi : Dossier spécial : Historique et impact de la crise des déchets)


Le militant Raja Noujaim, de la Campagne contre le plan gouvernemental de gestion des déchets, qualifie de « sommaire » la préparation du terrain qui accueille actuellement les déchets près de Costa Brava, exactement au niveau de l'embouchure du fleuve Ghadir.
« Nous avons pu constater sur place que les déchets sont placés sur un terrain de sable, dit-il. On a recouvert ce terrain d'une couche de terre puis d'une simple couverture en plastique. Or il est clair que ces déchets sont nouvellement produits, ils n'ont donc pas encore subi de fermentation. Comme on peut supposer que le taux de déchets organiques reste élevé puisque les capacités de tri et de compostage sont restés les mêmes, cela signifie que le liquide qui s'en dégage vient polluer le sol et la mer toute proche. »
Le député Talal Arslane, qui s'est longtemps opposé à cette décharge, a fait hier une déclaration allant dans le même sens. « Il n'est pas étonnant qu'un gouvernement qui a décidé d'utiliser son littoral pour enfouir ses déchets ne tienne pas ses promesses, a-t-il dit. L'enfouissement qui ne respecte aucune règle dans la décharge de Costa Brava, et qui a commencé hier soir (lundi soir), est une honte pour le gouvernement libanais. »
Le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, principal artisan de ce plan, était injoignable hier pour un commentaire. Il avait cependant déclaré à maintes reprises de par le passé que les déchets seront stockés temporairement sur des terrains en attendant la construction d'un brise-lame en mer, délimitant les futurs terrains à remblayer... avec les déchets.
Une explication a été donnée par la représentante de communication de Sukleen, Pascale Nassar, à la LBC, précisant que « le stockage à cet endroit est temporaire, et se fait suivant les directives du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) », ajoutant que « les déchets ont été rassemblés au préalable en ballots » après avoir été triés. Les installations d'une décharge sanitaire sont différentes de ce qui se fait ici, elles comprennent des couches isolantes et des mécanismes de récupération des gaz, a-t-elle ajouté.

 

(Voir aussi, le dossier spécial du Commerce du Levant : La crise des déchets, symbole de la déliquescence de l'État libanais)

 

Une révolte sourde
L'opposition de la population de Choueifate à la décharge de Costa Brava n'a pas pris fin avec le début des travaux. Un membre de la cellule de crise environnementale, créée dans la ville par la société civile (et qui comprend étonnamment des représentants de partis ayant donné leur aval au plan de gestion des déchets), suit de près les développements, mais n'a pas encore pris la décision de grands mouvements de foule. « Nous avons déjà organisé une manifestation à Khaldé, et une chaîne humaine sur le site même de la décharge, explique à L'OLJ Imad Kadi, un membre de cette cellule de crise. Quand les habitants se rendront compte de la catastrophe à venir, ils seront certainement plus motivés pour descendre dans la rue. » Il fait état de puanteurs qui affectent déjà des régions comme Ouzaï, Raml el-Ali et jusqu'à l'aéroport.
Imad Kadi poursuit : « La décision d'installer une décharge à cet endroit représente une double infraction.

D'une part, elle est contraire aux dispositions de la Convention de Barcelone (pour la protection de la Méditerranée), or les conventions ont la priorité par rapport aux lois nationales. D'autre part, il était stipulé dans le texte de la décision que l'accord du conseil municipal de Choueifate devait être donné. Or cela n'a pas eu lieu, le conseil municipal ayant clairement annoncé son refus. »
Nous avons en vain tenté de joindre hier un contact à la municipalité de Choueifate, mais le refus du conseil municipal, qui a d'ailleurs publié un communiqué à ce propos il y a quelques jours, nous a été confirmé par plus d'une source.


Que compte faire la cellule de crise pour contrer ce projet qu'elle rejette, étant donné les infractions qu'elle a relevées ? « Nous pensons que c'est à la municipalité de porter plainte, et elle a encore du temps devant elle, souligne Imad Kadi. Si elle ne le fait pas, nous prendrons probablement la relève, en tant que société civile. »
Pour sa part, Raja Noujaim réfute l'argument, plusieurs fois avancé par des responsables politiques, selon lequel le site est déjà pollué et sera ainsi réhabilité par le biais du remblayage. « Ce site est loin d'être pollué au-delà des limites acceptables, comme on a essayé de nous le faire croire, affirme-t-il. Les remblais résultant de la destruction de la banlieue sud après la guerre de 2006 y ont effectivement été déposés, mais il ne s'agit pas de matières susceptibles de polluer la plage irréversiblement. La plage aurait parfaitement pu être réhabilitée sans le remblayage par les déchets. »

 

Lire aussi
Crise des déchets : une infographie pour comprendre le plan du gouvernement

Cap sur la Syrie pour une famille fuyant les déchets au Liban

Les premiers ballots de déchets ont commencé à être transportés sur le site de la décharge côtière de Costa Brava (littoral de Choueifate) depuis lundi. Toutefois, au niveau de la population de Choueifate, le feu couve sous la cendre puisque les signes de protestation populaire ne sont jamais bien loin.Rappelons que le gouvernement avait adopté, en mars, un plan « d'urgence » pour...

commentaires (1)

Voilà en live...comment les irresponsables au gouvernement fabriquent du temporaire ...qui va durer dans le temps et l'espace ....!

M.V.

12 h 32, le 06 avril 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Voilà en live...comment les irresponsables au gouvernement fabriquent du temporaire ...qui va durer dans le temps et l'espace ....!

    M.V.

    12 h 32, le 06 avril 2016

Retour en haut