Au Karabakh, Bakou annonce un cessez-le-feu, les Arméniens démentent

L'Azerbaïdjan a annoncé dimanche matin un "cessez-le-feu unilatéral" mais conditionnel au Nagorny Karabakh, théâtre vendredi et samedi des affrontements les plus meurtriers depuis la fin de la guerre en 1994, mais selon Erevan, les combats continuent.

Le cessez-le-feu annoncé par Bakou - qui affirme avoir repris vendredi et samedi plusieurs positions stratégiques - était d'ailleurs assorti de conditions, prévenant que si les forces arméniennes ne cessaient pas "leurs provocations"", l'Azerbaïdjan "libérerait tous les territoires occupés par les Arméniens". Bakou s'est également dit décidé à "renforcer" les positions stratégiques "libérées" et a nié que les forces séparatistes du Karabakh (ouest de l'Azerbaïdjan) aient, comme elles l'ont annoncé dimanche matin, repris la hauteur stratégique de Lala-Tepe.

Les séparatistes, soutenus par l'Arménie, ont pris le contrôle de cette région au début des années 1990 à l'issue d'une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement des Azeris. Elle est désormais peuplée majoritairement d'Arméniens

Malgré la signature en 1994 d'un cessez-le-feu, aucun traité de paix n'a été signé, et après des années de calme relatif, la région a connu ces derniers mois une nette escalade des accrochages. Erevan avait estimé fin décembre qu'on était revenu à la "guerre". Le Nagorny-Karabakh est toujours reconnue internationalement comme appartenant à l'Azerbaïdjan.

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Hélicoptère abattu
Dans la nuit de vendredi à samedi puis dans la journée de samedi, forces azerbaïdjnaises et arméniennes se sont affrontées, avec artillerie, chars et hélicoptères côté azerbaïdjanais. Les combats ont fait 30 morts parmi les soldats - 18 Arméniens et 12 Azerbaïdjanais - et tué deux civils. L'Azerbaïdjan a reconnu qu'un de ses hélicoptères avait été abattu, et affirmé que ses troupes avaient pris le contrôle de plusieurs hauteurs stratégiques et d'un village - ce que Erevan a démenti.

Après une brève stabilisation samedi soir et en dépit des appels au calme venus de Moscou et d'Occident, les combats avaient repris, certes moins violents, pendant la nuit de samedi à dimanche. "Les forces arméniennes ont violé le cessez-le-feu 130 fois durant la nuit, tirant au mortier, au lance-grenade et avec des mitrailleuses de gros calibre" et "l'armée azerbaïdjanaise a répliqué", avait annoncé dimanche matin le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

Erevan indiquait de son côté que les combats continuaient dimanche matin "dans le sud", tandis que les séparatistes arméniens du Karabakh disaient subir des Azerbaïdjanais "des bombardements d'artillerie et de chars sur nos positions". Peu après, l'Azerbaïdjan annonçait son "cessez-le-feu unilatéral".

(Pour mémoire : Il n'y a plus de cessez-le-feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, estime Erevan)

Russie et Turquie en arrière-plan
La Russie et l'Occident avaient appelé samedi à un retour au calme, M. Poutine réclamant un "cessez-le-feu immédiat" tandis que le secrétaire d'Etat américain John Kerry demandait aux deux parties de revenir à la table des négociations, réitérant qu'il n'y avait "pas de solution militaire à ce conflit".

En visite à Washington cette semaine, le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliev avait exigé mercredi, devant M. Kerry, que l'Arménie retire "immédiatement" ses troupes du territoire contesté. Après avoir remercié Washington "pour ses efforts afin de trouver un moyen de résoudre le long conflit", il avait réclamé que celui-ci le soit "sur la base d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui exige le retrait immédiat et sans conditions des troupes arméniennes de nos territoires".

L'Azerbaïdjan, riche de son pétrole et dont le seul budget défense est plus important que le budget entier de l'Arménie, menace périodiquement de reprendre par la force la région séparatiste si les négociations n'aboutissent pas.

Dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré que la Turquie soutiendrait l'Azerbaïdjan "jusqu'au bout" dans ce conflit. "Nous prions pour que nos frères Azerbaïdjanais triomphent de ces combats avec le moins de pertes possibles", a déclaré M. Erdogan. "Nous soutiendrons l'Azerbaïdjan jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
Les Azeris sont culturellement et linguistiquement très proches des Turcs. L'Arménie, soutenue quant à elle par la Russie, répond qu'elle pourrait faire face à toute offensive.

Pour mémoire
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Un soldat arménien tué dans un accrochage avec les forces azerbaïdjanaises (Erevan)