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Moyen Orient et Monde - Turquie

Le « very bad trip » de Recep Tayyip Erdogan aux États-Unis

En voyage à Washington dans le cadre du sommet multilatéral sur la sécurité nucléaire, le président turc n'échappera pas à ses vieux démons, tous présents outre-Atlantique.

Le président Recep Tayyip Erdogan à la Brookings Institution. Drew Angerer/AFP

Comme un lointain souvenir. En 2013, le président turc Recep Tayyip Erdogan était reçu par son homologue américain Barack Obama de la manière la plus chaleureuse qui soit. Ils étaient amis, partenaires. Ils le sont toujours, dans le cadre de l'Otan, dont la Turquie est la deuxième armée. Cependant, depuis trois ans, l'eau a coulé sous les ponts, en Syrie comme en Turquie.

Le mensuel The Atlantic, dans le cadre d'un entretien-fleuve sur la politique étrangère avec le président américain, s'en est souvenu : « Auparavant, Recep Tayyip Erdogan était pour Barack Obama un dirigeant musulman modéré, capable de jeter un pont entre l'Orient et l'Occident. Cependant, aux yeux du président américain, il est à présent un homme politique autoritaire et un partenaire médiocre. » Malgré toute la nuance qu'il faut apporter à ces tensions, qui sont des points de désaccord entre alliés et non des affrontements entre ennemis, la visite de M. Erdogan aux États-Unis est marquée par la dégradation des relations entre les deux puissances. À Washington, le président turc est renvoyé à ses trois hantises du moment : l'une est internationale (les Kurdes de Syrie), l'autre est interne (la presse contestataire appuyée par son ennemi Fethullah Gülen), et la dernière est personnelle (Reza Zarrab, qui le mêle à une affaire judiciaire). Explications.

Les Kurdes sont-ils tous terroristes ?
Le conflit syrien a terriblement isolé le président Erdogan sur le plan diplomatique. Autrefois partenaire de la Russie, des États-Unis et de l'Union européenne, la Turquie s'en est éloignée à mesure qu'elle s'impliquait dans le conflit syrien. La cause première de cet isolement, c'est son opposition totale aux Kurdes. Une opposition que ne partagent ni Moscou, ni Bruxelles, ni Washington. C'était le point de tension majeur entre Recep Tayyip Erdogan et Barack Obama durant leur rencontre qui a eu lieu hier. Depuis la montée en puissance de l'État islamique (EI) à l'été 2014, la coalition internationale menée par les États-Unis soutient les forces kurdes sur le terrain, voyant en elles l'un des rares groupes militaires efficaces au sol contre les jihadistes.

Interrogé par L'Orient-Le Jour, Jean Marcou, spécialiste de la Turquie à l'Institut d'études politiques de Grenoble, précise : « Concernant le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), la question ne se pose pas, c'est un groupe unanimement considéré comme terroriste. En revanche, au niveau du PYD, le Parti de l'union démocratique, il y a un désaccord profond. Jusqu'à récemment, les États-Unis considéraient le PYD comme terroriste. Mais dans un contexte très différent, quand il n'y avait pas de guerre. Compte tenu de son importance prise dans la lutte contre l'EI, pour la première fois à la fin de l'année dernière, les États-Unis se sont exprimés explicitement en considérant que, selon eux, le PYD n'était pas un groupe terroriste. » Cette position a provoqué la colère de la Turquie, qui place le PKK et le PYD exactement sur le même plan. La Turquie, atteinte à plusieurs reprises ces derniers mois par des actes terroristes, pointe du doigt l'irresponsabilité des États-Unis et de leurs alliés, les accusant, en armant le PYD, de faire comme s'il était totalement indépendant des autres groupes kurdes.

(Lire aussi : « Pousser la Turquie à la guerre civile turco-kurde, c'est pousser le pays à la catastrophe »)

 

Un musèlement de la presse qui dérange
Le deuxième point de tension entre les États-Unis et la Turquie porte sur la politique intérieure du président Erdogan. Depuis plusieurs mois, sa répression de la presse est vivement critiquée, dans l'opposition comme chez ses alliés diplomatiques. C'est l'arrestation de deux grandes figures du journalisme turc, Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, qui a suscité un tollé dans la communauté internationale. Alors qu'ils risquent la prison à perpétuité, Reporters sans frontières a déclaré : « Ce sont deux journalistes, ce ne sont pas de dangereux terroristes. Il y a suffisamment de menaces sur ce pays, des menaces pour sa stabilité, pour la démocratie, pour que des magistrats ne perdent pas leur temps à inventer des fausses menaces. » Même son de cloche aux États-Unis, qui soulignent leur désaccord avec la Turquie sur ce point.

M. Marcou rappelle que le problème n'est pas qu'intérieur, et que les États-Unis sont également (mais indirectement) concernés. « Le gouvernement turc a saisi les groupes de presse, les journaux proches de Fethullah Gülen. Intellectuel engagé contre le président Erdogan, il est exilé en Pennsylvanie. Un exil volontaire au départ puis forcé aujourd'hui. La Turquie, qui voit en lui un comploteur qui veut renverser le président, demande son extradition – toujours refusée pour l'instant par Washington », dit-il.

(Lire aussi : Heurts entre service de sécurité turc et journalistes à... Washington)

 

Reza Zarrab, un ami dangereux
Le dernier point de friction est très récent. Il touche directement le président Erdogan et affecte sérieusement ses relations avec les États-Unis. Le 19 mars dernier, un homme d'affaires turco-iranien, Reza Zarrab, est interpellé à son arrivée à Miami et écroué par la justice américaine, avec deux complices présumés. Selon le procureur de Manhattan, « par leurs opérations de blanchiment d'argent, ils ont enfreint la réglementation américaine concernant les sanctions imposées à l'Iran, c'est une infraction à la loi fédérale ».

Quel rapport avec le président Erdogan ? Durant l'embargo contre l'Iran imposé par les États-Unis, Ankara a réalisé de multiples transactions avec Téhéran, échangeant entre autres du pétrole et du gaz contre des lingots d'or. Reza Zarrab semble alors profiter de ce commerce illégal, et fréquente assidument les pontes politiques de l'AKP, parti du président Erdogan. Mais, en 2013, le scandale éclate, M. Zarrab est arrêté et le gouvernement ébranlé. Quatre ministres sont renvoyés, le président est compromis... L'affaire est enterrée tant bien que mal par le gouvernement, grâce à des procureurs douteux et surtout par une accusation de complot contre le pouvoir organisé par... Fethullah Gülen.

 

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Comme un lointain souvenir. En 2013, le président turc Recep Tayyip Erdogan était reçu par son homologue américain Barack Obama de la manière la plus chaleureuse qui soit. Ils étaient amis, partenaires. Ils le sont toujours, dans le cadre de l'Otan, dont la Turquie est la deuxième armée. Cependant, depuis trois ans, l'eau a coulé sous les ponts, en Syrie comme en Turquie.Le mensuel The...

commentaires (4)

« Auparavant, Recep Tayyip Erdogan était pour Barack Obama un dirigeant musulman modéré, capable de jeter un pont entre l'Orient et l'Occident. Cependant, aux yeux du président américain, il est à présent un homme politique autoritaire et un partenaire médiocre. » SI SEULEMENT ERDOGAN POURTANT SUNNITE AVAIT LACHEE LES SUNNITES DE SYRIE DANS CETTE GUERRES DES CENTS CONFESSIONS, IL SERAIT TOUJOURS AUJOURD'HUI ET AUX YEUX DE HUSSEIN BARAQUE LE GRABND DIRIGEANT MUSULMAN MODEREE DEMOCRATE ET BRILLANT. LA FAUTE D'ERDOGAN RESIDE DANS LE FAIT QU'IL CROYAIT COMME TOUS LES ETATS SUNNITES DE LA REGION ,QUE LES AMERICAINS COIFFEES PAR HUSSEIN BARAQUE ETAIENT LEURS ALLIEES ALORS QU'EN REALITEE CES NEOYANKEES ETAIENT ET DES LE DEPART LEURS PIRES ENNEMIS. APRES LA DESTRUCTION DE LA SYRIE CELLE DE LA TURQUIE?

Henrik Yowakim

15 h 55, le 02 avril 2016

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Commentaires (4)

  • « Auparavant, Recep Tayyip Erdogan était pour Barack Obama un dirigeant musulman modéré, capable de jeter un pont entre l'Orient et l'Occident. Cependant, aux yeux du président américain, il est à présent un homme politique autoritaire et un partenaire médiocre. » SI SEULEMENT ERDOGAN POURTANT SUNNITE AVAIT LACHEE LES SUNNITES DE SYRIE DANS CETTE GUERRES DES CENTS CONFESSIONS, IL SERAIT TOUJOURS AUJOURD'HUI ET AUX YEUX DE HUSSEIN BARAQUE LE GRABND DIRIGEANT MUSULMAN MODEREE DEMOCRATE ET BRILLANT. LA FAUTE D'ERDOGAN RESIDE DANS LE FAIT QU'IL CROYAIT COMME TOUS LES ETATS SUNNITES DE LA REGION ,QUE LES AMERICAINS COIFFEES PAR HUSSEIN BARAQUE ETAIENT LEURS ALLIEES ALORS QU'EN REALITEE CES NEOYANKEES ETAIENT ET DES LE DEPART LEURS PIRES ENNEMIS. APRES LA DESTRUCTION DE LA SYRIE CELLE DE LA TURQUIE?

    Henrik Yowakim

    15 h 55, le 02 avril 2016

  • Pauvre Obama ! Il est en train de sortir.... par le bas !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 27, le 02 avril 2016

  • L,AGONIE SULTANIQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION, CENSUREE PARTI PRIS/ INTERET

    11 h 04, le 02 avril 2016

  • Obama et erdo, 2 larrons en foire qui se sont fait prendre dans le piège d'avoir cru que le héros Bashar allait tomber er 2 semaines, en 2011 . On dira le même chose avec les pauvres européens. Comme le remake d'un western où après un casse qui se passe pas comme il le faut les gangsters se tirent dans les pattes . Loooollll. ...

    FRIK-A-FRAK

    11 h 01, le 02 avril 2016

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