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Moyen Orient et Monde - Reportage

Le vandalisme inouï de l’État islamique à Palmyre

« Les experts estiment que 30 % de la cité antique a été détruite », a affirmé sur place Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs.

« Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant », a affirmé à l’AFP le directeur des Antiquités syriennes Maamoun Abdelkarim. Joseph Eid/AFP

Chapiteaux renversés, colonnes démantelées, linteaux brisés : dans le magnifique site antique de Palmyre, le groupe jihadiste État islamique (EI) a dévasté des ruines célèbres, massacré les statues du musée et truffé la ville syrienne d'engins explosifs.
À l'entrée du temple de Bêl, le plus beau monument de cette cité surnommée la « Perle du désert », les jihadistes ont écrit à la peinture noire : « État islamique. Entrée interdite aux civils et aux frères » (c'est-à-dire les combattants). Si l'enceinte et les cours du temple n'ont pas été touchées, la cella, la partie fermée et la plus importante du temple, n'est plus qu'un amas de gravas, à l'exception de la porte monumentale, depuis que l'EI l'a fait exploser en août 2015, a constaté une équipe de l'AFP qui s'est rendue sur place. Sur le podium s'amoncellent les blocs de pierre beige et ocre typique de la région qui formaient les murs, et la colonnade de huit pilastres finement cannelés de 16 m de haut gît sur le sol tout comme les merlons et créneaux qui surmontaient le toit.

« Plus jamais comme avant »
« Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant. D'après nos experts, nous allons pouvoir certainement restaurer un tiers de la cella détruite et peut-être plus après des études complémentaires avec l'Unesco. Cela prendra cinq ans de travail sur le terrain », a affirmé le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Sur les ruines, des soldats russes, qui ont joué un rôle déterminant dans la reprise dimanche de la ville, montrent à des journalistes de leur pays ce qui reste des trésors antiques. Dans le théâtre romain, intact, des jihadistes ont écrit leurs noms et un mur est criblé de balles. C'est dans cet édifice, datant du IIe siècle, que l'EI a procédé à des exécutions publiques de soldats par des enfants de membres du groupe jihadiste.
Sur le site de la cella du temple de Baalchamine, il ne reste plus rien en dehors de quatre colonnes, et de l'arc de triomphe datant de l'empereur romain Septime Sévère (IIIe siècle) ne subsistent que deux piliers ; la partie centrale et les arches sont à terre. Cependant, pour M. Abdelkarim, « l'ériger à nouveau n'est pas compliqué car tous les blocs sont là et l'arche avait déjà été remontée dans les années 30 ». « J'invite les archéologues et experts du monde entier à venir travailler avec nous, car ce site fait partie du patrimoine mondial de l'humanité », dit-il.
Quant au Musée national, il ressemble au musée des horreurs. Les jihadistes, qui l'avaient transformé en tribunal religieux, se sont livrés à un vandalisme inouï.

 

(Voir aussi : Palmyre libérée de l'EI : les premières images de la cité antique)

 

« Sauvagerie »
Des statues typiques de l'art palmyrien, comme les bustes de femmes aux yeux globuleux et aux lourdes parures, ont été jetées à terre, les portraits ont été mutilés et les scènes de banquets funéraires avec le visage des convives tourné vers le spectateur ont été brisées ou martelées, visiblement avec rage.
« Les experts estiment que 30 % de la cité antique de Palmyre a été détruite », a affirmé sur place Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs où est située Palmyre. « J'ai vu les preuves de l'obscurantisme de l'EI. Les dommages causés aux antiquités seront les témoins de leur sauvagerie », a-t-il dit. « Je suis content que les plus belles pièces du musée aient pu être évacuées avant leur arrivée », a-t-il ajouté, faisant allusion à 400 pièces d'une valeur inestimable qui ont été transférées par le service des Antiquités vers Damas, sous contrôle du régime.
La ville nouvelle, désertée par ses habitants, porte elle aussi les stigmates de combats sans pitié qui ont opposé les forces du régime, aidées par l'aviation et les artilleurs russes, aux jihadistes.

« Dévorés par les chiens »
Les hôtels près du musée n'ont plus de devanture, des matelas pendent dans le vide. Une église a été transformée par l'EI en centre de recrutement. Si les jihadistes ont détruit la tristement célèbre prison du régime, ils ont créé de multiples centres de détention dans les sous-sol de bâtiments gouvernementaux. Dans celui du Palais de justice, sur une porte est écrit « centre d'interrogatoire », et le sol d'une grande pièce est jonché de matelas. Sur les murs, les prisonniers ont écrit leur nom ou des messages à leur bien-aimée ou à leurs proches, comme un grand cœur dans lequel est inscrit « Farah ».
« J'étais employé municipal et j'ai passé 14 jours dans cette cellule. Mes interrogateurs étaient saoudiens, irakiens et tunisiens. Ils me questionnaient avec un sabre sur la gorge », explique Abou Mahmoud, qui a fui aussitôt libéré et qui est aujourd'hui un milicien prorégime. « J'ai eu la chance de pouvoir m'en sortir, mais j'ai des amis fonctionnaires qui ont été exécutés, leurs corps jetés dans le désert et dévorés par les chiens. » Les chaussées des rues sont défoncées par l'explosion de mines artisanales. « Palmyre l'a échappé belle. L'EI avait planté 4 500 engins explosifs artisanaux dans la quasi-totalité de la ville, reliés par des téléphones portables à la centrale téléphonique. Un des nôtres s'est déguisé en jihadiste et a tué celui chargé de déclencher un feu d'artifice », explique Abou Mamoud. Une version confirmée par le gouverneur.
Chaque demi-heure, une explosion retentit. « C'est l'unité du génie de l'armée syrienne, en attendant l'arrivée des démineurs russes dans les prochains jours », affirme M. Barazi.


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commentaires (5)

« Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant », a affirmé à l’AFP le directeur des Antiquités syriennes M Abdelkarim SUITE AU VANDALISME DE DAESCH, CE MONSTRE /FRANKENSTEIN CREEE DE TOUTES PIECES PAR LE GANG BAASYRIEN AU POUVOIR?

Henrik Yowakim

02 h 45, le 03 avril 2016

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Commentaires (5)

  • « Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant », a affirmé à l’AFP le directeur des Antiquités syriennes M Abdelkarim SUITE AU VANDALISME DE DAESCH, CE MONSTRE /FRANKENSTEIN CREEE DE TOUTES PIECES PAR LE GANG BAASYRIEN AU POUVOIR?

    Henrik Yowakim

    02 h 45, le 03 avril 2016

  • Au diable les commisérations entortillées ! En un mot, c’est lui seul ce régime bääSSyriaNique qui doit être mis à l'index, celui d'1 (c)hébél-tyranneau aux abois qui voit de plus en plus l'étau se resserrer autour de lui et qui ne trouve d'autre moyen comme échappatoire que la barbarie. Toutes autres supputations ne sont que simples platitudes et niaiseries. Les vies syriennes fauchées sont indubitablement de l'unique responsabilité de sa machine infernale bää bää bääSSyrienne qui s'emploie depuis quatre décennies à broyer et le Liban et cette Syrie. Faut point se leurrer ! On ne peut s'accrocher à la moindre bribe d'espoir à vouloir à tout prix transformer une bête fauve pareille en douce agnelle. Sauf à être réellement frappé d'une rare cécité pour croire un seul instant à cela ! C’est clair : ce régime bääSSyrien ne conçoit la Syrie et le Liban qu'à sa botte. Surtout que sans un Liban qui lui soit totalement inféodé, il se voit menacé de mort certaine. Et en cela il n’a pas tort…. D'où cette guerre infecte et à répétition qu’il mène depuis cinq longues années contre les civils pour bien faire comprendre qu'il peut aller loin dans l'ignominie et la sauvagerie. N'avait-il pas déjà annoncé à maintes reprises, que ce sera ou lui ou le chaos au Grand-Liban et en sa bääSSyrie ? Y-a-t-il encore des doutes à son sujet chez certains, surtout.... pseudo-libanais(h) ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 19, le 02 avril 2016

  • Ce qui me navre par dessus tout c'est cette espèce de malhonnêteté intellectuelle qui prétend que Palmyre a été prêtée et rendue par la suite . Pire que le crime, la complicité intellectuelle de pauvres types .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 01, le 02 avril 2016

  • DES VANDALES DES DEUX COTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 23, le 02 avril 2016

  • Comment est-il possible qu'au 21e siècle il y ait de tels barbares et une telle barbarie ? Absolument incroyable !

    Halim Abou Chacra

    06 h 03, le 02 avril 2016

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