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Culture - Scène

Roger Assaf + Lara Kanso : le double je(u)

La productrice et metteuse en scène invite le vétéran à remonter sur les planches pour une performance musicale, chorégraphique et théâtrale intitulée « Le Jardin d'amour ».

Roger Assaf sur les planches après quinze ans d’absence. Ici, en compagnie de Rosy Yazigi.

Du 7 au 17 avril, la scène du Monnot sera la toile de fond du Jardin d'amour, une performance qui s'inspire d'un grand classique du nô japonais, Le Tambourin de soie de Zeami Motokiyo, et du grand poème soufi de Farîd ad-Dîn 'Attâr, La Conférence des oiseaux. Deux univers qui se recoupent dans un même destin mystique. L'adaptation de ce nô plongera au cœur de l'amour, en alternance avec des poèmes chantés et dansés ; et, dans un mouvement de plus en plus intense orienté par le souffle de la poésie soufie, le couple tragique découvre la forme ultime de l'amour et du divin. La réalisatrice Lara Kanso et le vétéran Roger Assaf, qui porte cette fois la casquette d'acteur, se sont confiés à L'Orient-Le Jour quelques jours avant la première.

Le nô et le soufisme, deux civilisations différentes, mais des univers similaires...
«Tout d'abord, je tiens à préciser, signale Kanso, que cette performance ne se réfère au théâtre nô qu'à travers le texte, qui a d'ailleurs été également remanié, qui a subi des changements et qui a été traduit en arabe. D'autre part, j'ai un faible pour le soufisme dans l'islam parce que c'est un courant du lumineux, où tout le monde a sa place. Je n'ai pas envie de parler de guerre ni de violence, et j'en ai assez d'un islam mal vécu et mal interprété », s'enflamme Lara Kanso.
«Pendant l'un des cours de master de théâtre que j'ai poursuivi il y a quelques années, Roger Assaf, alors enseignant, avait parlé de cette pièce de nô, Le Tambourin de soie. Un texte qui m'a vivement interpellée. Je savais que j'allais le mettre en scène un jour. Très vite, l'atmosphère soufie s'est imposée à ce nô japonais. Entre le monde japonais et la civilisation persane, il y a des ressemblances qui se font écho. Dans les deux univers, il y a aussi une place privilégiée au silence et au vide spirituel. Ce vide qui laisse la place à la lumière divine », ajoute la metteuse en scène, qui signale qu'elle adhère totalement au dépouillement et au minimalisme chers aux Japonais.

«  L'art d'être comédien est différent du métier de comédien »
C'est au tour du metteur en scène et du directeur du théâtre Tournesol de prendre la parole et de répondre sans hésitation. « Ce n'est pas Lara Kanso qui m'a choisi, car j'avais envie de travailler avec elle. Je pense qu'elle a un potentiel qui n'a pas encore été exploité et j'étais prêt à collaborer sans savoir exactement sur quelle pièce. Au départ, c'était l'expérience soufie qui m'avait séduit mais, au-delà de cela, c'était le plaisir de me remettre dans la peau du comédien », confie Roger Assaf.
« J'avais envie de remonter sur les planches, car je suis né au théâtre en tant que comédien. Si, au cours des années, la mise en scène m'a absorbé (NDLR : même dans ses propres pièces, le metteur en scène l'emportait sur le comédien), la nostalgie des expériences vécues sous la direction de Rabih Mroué et de Issam Bou Khaled il y a de cela quinze ans m'a redonné le goût d'être comédien », poursuit-il. Et de préciser : « Il y a une grande différence entre l'art du comédien et le métier de comédien. Souvent, dans ce métier, il ne s'agit pas d'art, mais d'une technique, d'un savoir-faire. Or le comédien fait partie d'une création. Il recrée une phrase, un texte et n'interprète pas seulement un rôle. »

Le vétéran et la disciple : désenchantement et enchantement
Comment un metteur en scène s'est-il prêté à ce double jeu ? « Si je pénètre le texte, c'est parce que c'est le meilleur moyen d'être en contact avec les mots et les gens. Mais dans le Jardin d'amour, je ne suis ni collaborateur ni une marionnette mais, parfois, un participant gênant, dit Roger Assaf en riant. L'art du comédien vous fait méditer sur votre potentiel d'humain. Néanmoins, Le Jardin d'amour reste la création de Lara Kanso, son œuvre. J'essaye de percevoir ce qu'elle désire, pour l'aider, lui communiquer mon savoir, mais sans intervention directe. »
Si l'on perçoit dans la voix de celui qui a été le plus engagé des metteurs en scène libanais une sorte de désenchantement par rapport au rôle du théâtre dans la marche de l'humanité, Roger Assaf s'empressera de le dissiper, en avouant : « Lara Kanso est ma bouée de sauvetage. » La réalisatrice en herbe, elle, tout en le remerciant du regard, dira : « Dans cette pièce à teinte soufie, il y a toutes mes quêtes et mes aspirations spirituelles, et sans les encouragements de Roger Assaf en tant que professeur et en tant qu'ami, cette création n'aurait pas vu le jour. »

 

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