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Économie - Liban - Médias

Charbel Nahas appelle l’État à réorganiser le secteur des médias pour le sauver

L'ancien ministre a préconisé hier, lors d'une conférence de presse, que les pouvoirs publics investissent massivement dans les infrastructures pour les mettre à disposition des médias.

Charbel Nahas appelle à libérer les médias libanais de leur « dépendance vis-à-vis des pressions extérieures ». Photo Nasser Traboulsi

Le feuilleton de la fermeture prochaine du quotidien arabophone as-Safir (voir encadré ci-dessous) a une nouvelle fois mis en exergue la profonde crise financière que traversent la plupart des médias au Liban. Le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, compte ainsi présenter jeudi au Conseil des ministres une série de propositions pour soutenir la presse en difficulté.


Une mobilisation largement insuffisante, selon l'ancien ministre et fondateur du mouvement apolitique « Citoyens et citoyennes dans un État », Charbel Nahas, qui a tenu hier – au siège du centre de recherches Information International – une conférence de presse sur cette crise et le rôle que l'État devrait y jouer. « Dans n'importe quel pays normal, l'effondrement du secteur des médias aurait provoqué la préoccupation de tous tandis qu'au Liban nous faisons face à une indifférence générale », regrette-t-il en préambule.
Pour M. Nahas, cet « effondrement » du secteur au Liban résulte notamment de la conjonction de trois facteurs. D'abord, le défi global posé par le développement technologique et les nouveaux usages qui en découlent. « On a de plus en plus recours aux médias en ligne pour accéder à l'information, tandis que les ventes des journaux reculent. Et les médias traditionnels se trouvent d'autant plus pénalisés qu'ils doivent assumer des coûts auxquels ne font pas face leurs concurrents qui opèrent exclusivement en ligne... », rappelle M. Nahas.
Ensuite, « le nombre de lecteurs au Liban est assez négligeable – quelques milliers – tandis que les abonnements s'avèrent surtout être des soutiens financiers (d'acteurs économiques et politiques) plutôt que le signe de l'assiduité du lectorat », indique-t-il.

Autre bouleversement de taille, la réduction, voire l'arrêt, des soutiens financiers politiques ou étrangers. « Depuis que le prix du baril de pétrole a été divisé par trois, certains pays n'ont plus les moyens de financer les médias qui leur servaient de relais », constate-t-il.

 

(Pour mémoire : Jreige prêt à s'allier avec le monde de la presse afin de « développer le secteur »)


Mettant en avant la triple fonction – économique, sociale et politique – du secteur des médias, l'ancien ministre considère qu'il « relève du domaine public. L'État doit donc mettre en place une politique sectorielle servant l'intérêt général en fournissant aux médias les ressources et les infrastructures nécessaires à leur développement », estime-t-il.
« Il faut dépasser les distinctions entre secteur privé et secteur public, mais plutôt attribuer des rôles à chacun en fonction aussi des ressources dont ils disposent. Comme dans le cas des réseaux de télécommunications, les infrastructures seront fournies par l'État, mais leur gestion est confiée à des opérateurs privés », illustre M. Nahas. Cette réorganisation du secteur permettrait alors une utilisation optimale des ressources dans la mesure ou certaines d'entre elles deviendraient des infrastructures publiques ou partagées par les différents acteurs privés.
S'il n'a pas développé les implications financières ou juridiques de la réorganisation ébauchée hier, M. Nahas conditionne cette intervention de l'État à « l'interdiction de pratiques ayant participé à cultiver la dépendance des médias libanais vis-à-vis des pressions extérieures comme les financements politiques ou la dictature des annonceurs ». Il a enfin appelé à une concertation des professionnels du secteur autour des idées qu'il a avancées.

 

La réunion entre la direction d'« as-Safir » et ses employés repoussée

Une réunion prévue hier entre le propriétaire d'as-Safir, Talal Salmane, et ses salariés sur la question de leurs indemnités en cas de fermeture du quotidien n'a finalement pas eu lieu, ont rapporté à L'Orient-Le Jour plusieurs sources internes.
M. Salmane a déclaré à plusieurs reprises dans les médias que les droits des employés seront respectés en cas de fermeture définitive ; mais plusieurs employés d'as-Safir ont confié, sous le couvert de l'anonymat, à L'Orient-Le Jour, que leurs représentants avaient appris vendredi, lors d'une réunion avec la direction, que leurs indemnités ne leur seraient pas versées.
La direction avait annoncé mercredi dernier l'arrêt de l'impression du journal le 31 mars et la suspension temporaire de sa version Internet, du fait de difficultés financières ; avant que M. Salmane n'affirme ce week-end qu'as-Safir continuerait à paraître pour une durée indéterminée.

 

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Une mobilisation...

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