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Liban - Société

À la lisière de Jabal Mohsen et de Bab el-Tebbané, un café contre la violence

« Qahwetna Café bi Kaffak », construit par l'association March et financé par l'ambassade d'Angleterre, a ouvert ses portes au mois de février.

Des clients du café.

Passé les dédales de rues, de poussières et d'immeubles insalubres, « Qahwetna Café bi Kaffak » (jeu de mots à partir de l'expression « main dans la main » en arabe) dresse sa façade colorée au milieu de la rue de Syrie qui sépare les deux quartiers tripolitains de Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané, tristement connus pour les combats qui ont opposé entre leurs habitants des années durant. Construit par l'association March et financé par l'ambassade d'Angleterre, le café a ouvert ses portes au mois de février.


Sur la scène bâtie au milieu du café, une musique rap remplit les lieux. Deux jeunes, casquette vissée sur le crâne, répètent la chanson de la nouvelle pièce qu'ils ont eux-mêmes créée, Tripoliyat dabké we dehek. Guidés par l'acteur Michel Abou Sleiman, ils chantent des paroles qui racontent leur misère, leur désespoir, le chômage et leur enfance perdue. « J'ai passé ma jeunesse à combattre parce qu'on me disait : l'autre est un ennemi, tue-le ! Lui, c'est un sunnite, ne lui fais pas confiance. On gagnait 50 000LL pour tirer une rafale sur les habitants de l'autre côté. Je le faisais parce que j'avais besoin de vivre, je devais nourrir ma famille », raconte Fouad, 21 ans, l'un des deux rappeurs qui habite Jabal Mohsen », le quartier alaouite. À l'entrée du café, debout derrière le comptoir du bar, Ghadi, 23 ans, prépare fébrilement jus, café et petites pâtisseries, spécialités de la région, qu'il offre aux personnes venues à l'inauguration de leur café. Il vient de Bab el-Tebbané. « Avant, j'errais jusqu'au matin dans les rues et je dormais toute la journée faute de travail et de loisirs. Aujourd'hui, j'ai enfin un but, un message et des responsabilités : je dois tenir ce café. »

 

(Pour mémoire : Une histoire tripolitaine d'amour, de guerre et... de réconciliation intercommunautaire)


« Ces jeunes issus de milieux défavorisés n'avaient que la rue comme distraction, avec tous les dangers qu'elle présente, drogues, combats, règlements de comptes entre les deux communautés..., explique Léa Baroudi, cofondatrice et directrice de March. Ils dormaient toute la journée, trainaient la nuit et ne connaissaient que les armes pour s'exprimer et se faire entendre. Aujourd'hui, grâce à ce café, ils vont apprendre un nouveau langage : celui de l'art et de la culture, et vont pouvoir se retrouver, dans un autre lieu que la rue, pour exprimer leurs talents, présenter leurs performances, écouter de la musique, assister à des concerts et des spectacles. » Dans un premier temps, ce seront les jeunes eux-mêmes qui assureront la gérance de ce café, supervisés par l'association March. Par la suite, une petite organisation locale, « le Comité des jeunes de Tebbané », prendra la relève pour les seconder dans leur travail.

 

Le théâtre pour combattre la violence et la haine
Il y a un an, March, qui prône la résolution des conflits par la voie de la non-violence, a décidé de réunir les jeunes de ces deux quartiers ennemis. Aidés par des acteurs tels Michel Abou Sleiman, Georges Khabbaz, Nadine Labaki, Rafic Ali Ahmad et Lucien Abou Rjeily pour la mise en scène, ces jeunes, habitués au langage des armes et de la violence, ont pu se débarrasser grâce à la thérapie par le théâtre de leurs peur et de leur colère. Au bout d'un an, 16 acteurs venus des deux régions présentaient leur première pièce de théâtre Love and War on the Rooftop, une pièce qui parle de leurs blessures, de leur haine enfouie et de leurs inimitiés avec l'autre.


« Aujourd'hui, notre nouvelle pièce, Tripoliyat dabké we dehek, que l'on va présenter dans ce café et partout dans la région, veut montrer qu'il y a une culture à Tripoli, que cette ville n'est pas simplement une ville de guerres, de terroristes et de misère, et qu'il y a surtout des jeunes qui aspirent à vivre et avancer ensemble », martèle Khaled, l'un des principaux acteurs de la pièce, avant de se lancer sur la scène de son café.

 

Pour mémoire
Les anciens rivaux tripolitains continuent de se réconcilier sur les planches

 

Passé les dédales de rues, de poussières et d'immeubles insalubres, « Qahwetna Café bi Kaffak » (jeu de mots à partir de l'expression « main dans la main » en arabe) dresse sa façade colorée au milieu de la rue de Syrie qui sépare les deux quartiers tripolitains de Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané, tristement connus pour les combats qui ont opposé entre leurs habitants des années...

commentaires (3)

TRIPOLI DONT CERTAINS MOUS BOMBARDAIENT D,ARTICLES NEGATIFS... EST UNE VILLE CALME OU L,HARMONIE COMMUNAUTAIRE... PERTURBEE UN TEMPS PAR LES VENDUS AUX AVENTURIERS... PREVAUT !!!

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 53, le 30 mars 2016

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Commentaires (3)

  • TRIPOLI DONT CERTAINS MOUS BOMBARDAIENT D,ARTICLES NEGATIFS... EST UNE VILLE CALME OU L,HARMONIE COMMUNAUTAIRE... PERTURBEE UN TEMPS PAR LES VENDUS AUX AVENTURIERS... PREVAUT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 53, le 30 mars 2016

  • Oui c'est du baume sur le Coeur de Tripoli

    Daniel Renaud / DPR CONSULTANT SAL 3477

    13 h 07, le 30 mars 2016

  • Ca c'est le Liban!!! Bien joué MARCH!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 21, le 30 mars 2016

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