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À La Une - Syrie

Après l'EI, le site de Palmyre menacé de pillages par les troupes syriennes

Les portes du musée de la ville antique sont désormais "grandes ouvertes", a averti Cheikhmous Ali, un archéologue syrien exilé en France.

Un soldat syrien inspectant une statue endommagée dans la cité antique de Palmyre, en Syrie, le 29 mars 2016. AFP / STRINGER

Le site historique de Palmyre (Syrie), d'où le groupe Etat islamique a été chassé la semaine dernière, est toujours en danger, car les troupes de Bachar el-Assad pourraient s'y livrer à des pillages, a averti mardi un archéologue syrien exilé en France.

La reconquête de Palmyre par le régime de Damas "est une bonne nouvelle", cependant "l'armée syrienne doit prendre ses responsabilités en protégeant le site, or ce n'est pas le cas", a dit à l'AFP Cheikhmous Ali, docteur en archéologie du Proche-Orient ancien à l'Université de Strasbourg, qui pilote un réseau d'informateurs sur les destructions du patrimoine syrien.
Palmyre, la "perle" du désert syrien, est une cité de plus de 2.000 ans inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.

Le danger le plus immédiat, selon ce spécialiste engagé au sein de l'Association pour la protection de l'archéologie syrienne (APSA), concerne le musée de la ville antique. A part quelques statues dont les visages ont été saccagés par les jihadistes, ses collections ont été relativement épargnées par les neuf mois durant lesquels l'EI était maître de la ville.

 

(Lire aussi : Palmyre : une victoire militaire, symbolique et politique pour Assad, mais...)

 

Toutefois les locaux ont été endommagés par les récents bombardements: les portes du musée sont désormais "grandes ouvertes", et aucun archéologue n'est présent pour empêcher d'éventuels pillages par les troupes syriennes. Selon M. Ali, le régime pourra par la suite accuser l'EI de ces vols éventuels, d'autant plus facilement qu'on ne dispose d'aucun inventaire précis des collections.
De manière générale, "la protection du site ne compte pas parmi les priorités de l'armée, pas plus que pour les autres belligérants", a estimé l'archéologue.

On peut craindre en outre que l'armée, en menant des travaux de terrassement pour installer ses campements militaires, ne détruise de vastes zones archéologiques non encore fouillées, comme elle l'a déjà fait entre 2012 et 2015, "ce dont on a très peu parlé", a déploré ce spécialiste.
Du fait de ces travaux militaires, "nous les archéologues, nous avons perdu de manière irrémédiable des informations très importantes, d'une valeur égale, sinon supérieure, à celle du temple de Bêl" détruit par l'EI, a souligné M. Ali.

L'archéologue s'est par ailleurs montré très sceptique quant à l'idée, avancée lundi par le chef des Antiquités et des Musées de Syrie, de reconstruire d'ici cinq ans les principaux monuments détruits par l'Etat islamique.
"La reconstruction est possible, mais pas dans les conditions actuelles. Ce genre d'opération doit obéir à des règles, et dans un pays en guerre, beaucoup de fautes seront inévitablement commises", a jugé l'universitaire. Pour Cheikhmous Ali, "il vaudrait mieux laisser les décombres en l'état, et construire à proximité une réplique des monuments détruits".

 

 

 

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