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Liban - Interview

Salam à « L’OLJ » : Les tensions politiques sont présentes à tous les niveaux

« Nous ne devons pas nous éloigner de l'unanimité arabe », a plaidé le Premier ministre tout en défendant la politique de distanciation.

Tammam Salam : La distanciation n’est pas « totalement appliquée ». Photo Dalati et Nohra

« La région traverse une grande tempête » et le Liban se débat « dans une crise politique interne qui se manifeste très clairement et malheureusement dans l'incapacité d'élire un nouveau président de la République. De plus, le pays porte le lourd fardeau des réfugiés, soit près de deux millions sur une population de 4 millions. Et la politique de distanciation n'est pas totalement appliquée ». Tel est en gros le constat fait par le Premier ministre, Tammam Salam, dans une interview accordée hier à L'Orient-Le Jour, au Grand Sérail, juste avant sa rencontre avec le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, et le président de la Banque islamique de développement, Ahmad Mohammad Ali el-Madani, en visite au Liban pour 48 heures.

 

Le Liban est-il en danger de guerre et de démantèlement ? À la dérive, en proie à une « toxicité de défis », paralysé par la crise des ordures, le pays est devenu « fragile » et « vulnérable ». Il subit la crise de confiance avec l'Arabie saoudite et les pays arabes, avec l'annulation des dons saoudiens de 4 milliards aux forces armées libanaises et la mise en cause internationale du Hezbollah. L'impact de la crise syrienne pèse très lourd. Comment préserver le pays du Cèdre stable dans une région instable ? Qu'attend le Liban de ces visiteurs ?
« Il faut dire que nous sommes toujours dans une crise politique interne qui se manifeste très clairement dans l'incapacité d'élire un nouveau président de la République, dit-il. Cette situation est le résultat du comportement des factions politiques qui se combattent entre elles pour arriver à élire un nouveau président. Cela a toujours été le cas. Quand il y a une échéance présidentielle, les Libanais, en particulier les maronites, chicanent entre eux et se mettent dans une situation tendue, en attendant de choisir un nouveau président », constate-t-il.


« J'avais averti, dès le début, que la vacance présidentielle allait avoir des répercussions négatives sur le pays. Le Parlement ne fonctionne pas. Au lieu de se réunir deux à trois fois par semaine, il ne le fait qu'une fois, au mieux deux fois par an. Le Conseil des ministres se réunit, s'arrête, se réunit à nouveau, s'arrête encore. Cela donne l'impression qu'on travaille, mais les choses s'y passent très lentement parce que c'est un gouvernement consensuel où toutes les factions politiques sont représentées. La tension politique s'exerce à tous les niveaux : au Parlement, au gouvernement et dans tout le pays », note-t-il.


Évoquant la crise diplomatique avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, il souligne qu'elle s'est produite dans le contexte d'une « situation de confrontation dans la région entre les pays du Golfe, les pays arabes et l'Iran ». « Les pays arabes ont décidé de se mettre d'accord et de prendre des décisions à l'unanimité, mais le Liban se trouve dans une situation un peu particulière parce que le gouvernement consensuel ne permet pas de prendre des décisions qui permettent de s'engager totalement aux côtés des autres. Nous essayons de protéger le Liban et d'adopter une politique de distanciation. Mais, malheureusement, la distanciation à laquelle on a recouru par rapport à l'unanimité arabe a créé un problème avec les Arabes, en particulier avec les États du Golfe. Nous essayons à présent d'y remédier, parce que nous tenons à l'unanimité arabe et nous ne devons pas nous en éloigner », dit-il.

 

(Lire aussi : Salam : Un corps sans tête n’est pas fonctionnel)

 

Réfugiés et économie en recul
La question des réfugiés syriens au Liban « pèse aussi très lourd sur le pays avec un million et demi de réfugiés syriens en sus du demi-million de réfugiés palestiniens qui s'y trouvent depuis soixante-dix ans, soit un total de deux millions de réfugiés pour une population (libanaise) de quatre millions. Ce précédent n'existe nulle part ailleurs », affirme le Premier ministre. « De plus, le développement des secteurs économique, industriel, touristique du pays est en recul. Dans cette tempête régionale, l'économie libanaise a enregistré une croissance zéro, l'an dernier, et risque d'être en récession, cette année, à moins 1 ou moins 2 pour cent », souligne-t-il. C'est dans ce climat économique difficile que « nous discutons avec les pays qui ont les moyens de nous soutenir financièrement et économiquement, et d'aider les déplacés syriens au Liban et ailleurs », explique-t-il.


Soulignant que la crise des migrants, qui a commencé l'an dernier en Europe, a permis d'ouvrir les yeux sur leur situation et de venir en aide aux pays limitrophes de la Syrie, M. Salam fait état de promesses d'aide au Liban de l'ordre de 1,5 à 2 milliards de dollars. « Dans sa déclaration à la Conférence de Londres, le Liban avait avancé le chiffre de 11 milliards pour les cinq années à venir. Selon la Banque mondiale, le pays a eu un manque à gagner de cinq milliards l'an passé et une accumulation de 13 milliards pour les cinq dernières années, après le début de la crise syrienne », note-t-il. Bref, résume-t-il, « le Liban vit des moments difficiles. C'est pour cela que les Libanais doivent régler leur crise politique interne en élisant un nouveau président de la République, afin de renforcer leur système démocratique et faire face aussi aux défis économiques, sociaux et financiers », lance-t-il.

 

(Pour mémoire : Salam : Le blocage des institutions, un "crime contre la nation")


Revenant sur la politique de distanciation, M. Salam constate qu'elle « n'est pas totalement appliquée » du fait de la participation du Hezbollah au conflit syrien. « Nous essayons de l'appliquer en demandant au Hezbollah de retourner au Liban », dit-il, notant que la solution en Syrie est « entre les mains des grandes puissances ».


Une note positive pour le Premier ministre, « l'excellent » rôle joué par l'armée libanaise et les FSI. « L'armée et les FSI ont besoin d'être bien renforcées et bien soutenues, elles ont fait un excellent travail dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. On peut dire que, malgré tout ce qui se passe dans la région, nous avons pu beaucoup limiter les actions des cellules terroristes au Liban », dit-il.


Remerciant le secrétaire général de l'Onu pour l'intérêt qu'il porte au Liban, et pour toutes les démarches qu'il entreprend pour le soutenir, il souligne que « les agences de l'Onu font beaucoup de travail. Il en va de même pour la Banque mondiale qui soutient par un financement à long terme de nombreux projets au Liban et par des financements consensuels, ainsi que la Banque islamique de développement, qui a beaucoup de projets déjà financés au Liban et s'apprête à signer aujourd'hui même plusieurs autres », conclut-il.

 

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« La région traverse une grande tempête » et le Liban se débat « dans une crise politique interne qui se manifeste très clairement et malheureusement dans l'incapacité d'élire un nouveau président de la République. De plus, le pays porte le lourd fardeau des réfugiés, soit près de deux millions sur une population de 4 millions. Et la politique de distanciation n'est pas...

commentaires (3)

se battent entre elles, ou alors se combattent les unes les autres.

nadim souraty

22 h 48, le 25 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • se battent entre elles, ou alors se combattent les unes les autres.

    nadim souraty

    22 h 48, le 25 mars 2016

  • AVEC L,ABRUTISSEMENT NICHE DANS LES CERVELLES... IL SERAIT ETRANGE S,IL EN ETAIT AUTREMENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 28, le 25 mars 2016

  • Le Job du Liban crache à moitié le caillou. "A chaque élection présidentielle, dit-il, les maronites chicanent entre eux". Il ne faut plus y aller par mille chemins (n'est-ce pas Votre Béatitude ?). Ce sont les "chefs" maronites qui, sans vergogne, bloquent l'élection d'un président, en vue de leurs intérêts personnels. Ils sont les premiers sinon les seuls responsables de ce sabotage de l'Etat et du Liban. ! ونقطة على السطر

    Halim Abou Chacra

    03 h 48, le 25 mars 2016

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