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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Après son retrait de Syrie, Moscou confronté au risque du retour de ses jihadistes

Selon les experts, le désengagement militaire ne signifie pas que la menace terroriste pesant sur la Russie a diminué.

L’homme fort de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, dans un reportage télévisé aux côtés d’un groupe d’une trentaine d’hommes présentés comme étant des déserteurs de l’EI. Capture d’écran YouTube

Au soir de l'annonce d'une intervention militaire de Moscou en Syrie, le président russe Vladimir Poutine avait fixé le cap : « Ne pas attendre qu'ils arrivent chez nous. » « Ils », c'est-à-dire les jihadistes syriens mais aussi russes. Six mois plus tard, cette stratégie a-t-elle payé ?
« Le retour des combattants de l'organisation de l'État islamique (EI) est l'une des principales menaces pesant aujourd'hui sur la Russie », résumait le Conseil russe des affaires étrangères dans un rapport diffusé le 15 mars, au lendemain de l'annonce du retrait de la majeure partie du contingent russe de Syrie.

En déployant ses bombardiers en Syrie, l'objectif premier de Vladimir Poutine n'était certes pas l'élimination des quelque 2 900 jihadistes russes qui y combattaient et qui dans leur grande majorité étaient originaires des instables républiques musulmanes du Caucase. Mais l'intervention pouvait indirectement avoir des conséquences positives dans le Caucase russe. « Nous ne pouvons pas nous permettre qu'ils acquièrent aujourd'hui en Syrie l'expérience qui leur servira ensuite chez nous », avait résumé M. Poutine.
Des experts n'avaient d'ailleurs pas hésité à voir, sous le conflit global syrien, une troisième guerre entre Russes et Tchétchènes. Après la deuxième guerre de Tchétchénie au début des années 2000, la rébellion tchétchène s'était progressivement islamisée et avait fait tache d'huile dans tout le Caucase russe. Mais après avoir échoué à créer un émirat dans la région, de nombreux combattants avaient commencé à partir en masse vers la Syrie à l'été 2012, tandis que les groupes restants prêtaient allégeance à l'EI.

Après plus de cinq mois de bombardements russes, quels résultats ? Selon le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, près de 2 000 jihadistes russes ont été tués par les avions de Moscou. Mais les experts mettent en garde contre ces « chiffres à trois zéros » avancés par les autorités. « Le retrait de nos troupes ne signifie pas que la menace terroriste pesant sur la Russie a diminué », insiste ainsi l'expert Andreï Kazantsev en rappelant que les bombardements occidentaux en Irak et en Syrie n'avaient pas empêché, bien au contraire, l'Europe d'être touchée par des attentats perpétrés par des jihadistes ayant séjourné en Syrie. « Cette menace inquiète depuis longtemps les autorités russes. Rien que l'année dernière, elles aient fait état de 650 cas d'individus ayant combattu à l'étranger, sans aucun doute en Syrie » et de retour en Russie, rappelle pour sa part Grigori Chvedov, le rédacteur rédacteur en chef du portail spécialisé Kavkazski Ouzel.


(Lire aussi : Syrie : pourquoi la Russie se désengage ?)

 

« Des dizaines » déjà revenus
Depuis la fin de l'année 2015, les services de sécurité russes ont multiplié les arrestations de militants présumés de l'EI qui planifiaient des attentats en Russie avant de fuir en Syrie. « Pour autant, l'État islamique ne s'est pas véritablement fait remarquer dans le Caucase russe. Il n'y a organisé que trois attaques en 2015-2016 et elles n'étaient pas très notables », relativise Grigori Chvedov. Des jihadistes de l'EI avaient notamment revendiqué une fusillade meurtrière près d'un site touristique au Daguestan fin décembre. Au-delà des Caucasiens, les autorités russes s'inquiètent des jihadistes originaires des ex-républiques soviétiques musulmanes d'Asie centrale, estimés entre 5 000 et 7 000 combattants en Syrie.

Face à l'ampleur des départs du Caucase russe vers la Syrie et leurs retours attendus, les autorités locales ont tenté de promouvoir des « centres de réconciliation », chargés de « déradicaliser » et de réintégrer les repentis au sein de la société. « Des dizaines d'entre eux sont déjà revenus et nous ont fourni des informations sur l'État islamique », plaide le député Adalbi Chkhagochev. « Ceux qui avaient commis des crimes en Syrie ont été condamnés à des peines de prison ferme », affirme-t-il, citant le seul chiffre de 60 repentis pour l'Ingouchie, voisine de la Tchétchénie.
Ces timides initiatives se heurtent toutefois à la juridiction répressive de l'État russe, qui considère tout soutien à l'EI comme un crime passible de lourdes peines de prison, selon un rapport de l'International Crisis Group. « Les témoignages de ceux qui sont revenus sans illusions de Syrie et d'Irak sont certainement l'arme la plus efficace contre le recrutement », note le rapport, conseillant aux autorités russes de s'appuyer davantage sur la société civile et moins sur le dispositif répressif.

L'homme fort de la Tchétchénie Ramzan Kadyrov s'était lui-même affiché début février dans un reportage télévisé aux côtés d'un groupe d'une trentaine d'hommes présentés comme étant des déserteurs de l'EI. Il disait alors « avoir confiance » dans leur repentir. « Si un salafiste vient ici, il aura droit à un seul avertissement. La fois d'après, je le détruirai », avait lancé M. Kadyrov, résumant la logique des autorités.

 

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commentaires (2)

MALHEUREUSEMENT POUR EUX MOSCOU C,EST COMME PARIS ET COMME BRUXELLES... FROM RUSSIA TO RUSSIA WITH LOVE...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 52, le 24 mars 2016

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Commentaires (2)

  • MALHEUREUSEMENT POUR EUX MOSCOU C,EST COMME PARIS ET COMME BRUXELLES... FROM RUSSIA TO RUSSIA WITH LOVE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 52, le 24 mars 2016

  • L’homme fort de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, dans un reportage télévisé aux côtés d’un groupe d’une trentaine d’hommes présentés comme étant des déserteurs de l’EI. ENTRE LES DESERTEURS EI ET LEURS ACCUEILLEURS KADYROVIENS BELLE PHOTO DE FAMILLE ENTRE LA PESTE ET LE CHOLERA.PUTINIEN..

    Henrik Yowakim

    15 h 45, le 24 mars 2016

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