L'abattage massif d'arbres dans le site de construction du barrage de Janné (Nahr Ibrahim) se poursuit depuis une semaine malgré toutes les mises en garde. On estime que quelque deux mille arbres ont été littéralement arrachés à l'aide de bulldozers par les ouvriers de l'entreprise en charge du projet, C.E.T., que ce soit sur les rives du fleuve ou plus haut, au niveau de la route devant relier le site au village de Lassa, indique le militant Raja Noujaim, de la Coalition civile contre le barrage de Janné. Celui-ci révèle à L'Orient-Le Jour « avoir notifié l'Inspection centrale de cette entorse aux lois, l'abattage étant effectué sans permis légal », selon lui.
« L'Inspection centrale a apparemment contacté les fonctionnaires du département concerné au ministère de l'Agriculture, pour s'enquérir sur l'affaire et rappeler les mesures devant être prises à ce propos. Nous avons su que le ministère a envoyé des inspecteurs sur le site cet après-midi (hier) et qu'ils devraient logiquement avoir rédigé des procès-verbaux », a-t-il poursuivi. L'information n'a cependant pu être vérifiée de source indépendante, les responsables concernés au ministère étant injoignables.
Officiellement, aucun nouveau permis d'abattage n'a été octroyé à l'entrepreneur chargé de la construction du barrage. Le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb avait déclaré à L'OLJ mercredi dernier devoir « consulter la personne responsable dans son ministère afin de pouvoir fournir une réponse ». Nous n'avons pu le joindre depuis, mais il est clair, suivant les témoins sur place, que l'abattage s'est poursuivi à grande échelle durant les deux derniers jours.
Le ministre de l'Agriculture avait, en 2014, donné des permis d'abattage d'arbres à deux reprises à l'entrepreneur (pour le reste, le projet relève du ministère de l'Énergie), puis les a gelés sous la pression médiatique et la contestation d'hommes politiques opposés au projet. Plusieurs études, dont la dernière a été une étude d'impact environnemental publiée l'été dernier et effectuée par Gicome à la demande du ministère de l'Environnement et de l'Office des eaux de Beyrouth (qui finance le projet), ont été accablantes. On reproche à ce futur barrage d'avoir un impact considérable sur une biodiversité fragile et irremplaçable, d'être positionné sur un terrain calcaire et friable, traversé par de grandes failles géologiques, et de ne pas avoir la capacité de stockage que ses concepteurs lui prêtent.
Du côté officiel, le ministère de l'Environnement a demandé à plus d'une reprise l'arrêt des travaux, la commission parlementaire de l'Énergie en a fait de même l'été dernier, mais le ministère de l'Énergie argue de l'importance de la construction de cet ouvrage qui devrait alimenter en eau Jbeil et une partie de Beyrouth.
Pour mémoire
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commentaires (4)
Encore un crime commis par attaque suicide.
FRIK-A-FRAK
10 h 33, le 20 mars 2016