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Liban - Associations

Michel Eddé à la tête de la prestigieuse Fondation Michel Chiha

L'institution, qui porte le nom du « père de la Constitution », publie et traduit ses œuvres, et organise chaque année un concours interscolaire pour sensibiliser les jeunes à sa pensée, qui reste d'une grande actualité.

Une conversation complice entre Michel Eddé et Madeleine Hélou, sous le regard de Michel el-Khoury. Photos Michel Sayegh

L'ancien ministre Michel Eddé préside depuis hier la Fondation Michel Chiha, où il succède à l'ancien ministre Fouad Boutros, décédé le 13 janvier dernier. Une cérémonie a été organisée au domicile de feu Pierre Hélou, pour annoncer cette nouvelle, en présence de M. Eddé, de Madeleine Hélou, fille de Michel Chiha et veuve de Pierre Hélou, et de nombreuses personnalités politiques et autres.
Michel Chiha était un grand écrivain et journaliste, à la tête du Jour à partir de 1937, mais aussi un économiste et un homme politique, député de Beyrouth de 1925 à 1929, puis proche conseiller du président Béchara el-Khoury jusqu'à la fin de son mandat.

D'emblée, Michel Eddé s'est dit « touché de succéder à une immense figure telle que le regretté Fouad Boutros » . Il a longuement évoqué sa propre relation avec Michel Chiha, et celle que Michel Khoury, ancien gouverneur de la Banque du Liban et fils du président Béchara el-Khoury, entretenait avec lui, affirmant que celui-ci « est son véritable fils spirituel ». Il a insisté sur le fait que Michel Khoury, lui-même vice-président de la fondation, aurait dû occuper ce poste à sa place, énumérant à de très nombreuses reprises, au cours de son discours improvisé, les qualités de ce dernier, dont sa légendaire discrétion.
Michel Eddé s'est remémoré l'époque à laquelle il avait connu Michel Chiha, avec son ami proche Pierre Hélou qui était fiancé à sa fille Madeleine, une époque au cours de laquelle il a côtoyé quotidiennement le grand homme jusqu'à sa mort, en 1954. « Nous buvions ses paroles, il était passionnant dans tous les domaines, se souvient-il. Toutefois, les paroles s'envolent, les écrits restent. Ce que la Fondation Michel Chiha a fait de mieux, selon moi, a été de publier ses écrits dans tous les domaines, en particulier la politique intérieure, la politique économique, la Palestine, et ses poèmes également. C'est ce qui m'a permis de les lire et de les relire, et de revivre avec Michel Chiha. »
Pour l'ancien ministre, Michel Chiha est « le fondateur du Liban, dans tous les domaines », pas seulement « le père de la Constitution ». Il a salué en lui « non un simple visionnaire mais un prophète ». En économie notamment. « À l'époque de Michel Chiha, c'était le dirigisme qui l'emportait dans les pays du monde, souligne-t-il. Or il a été à contre-courant, il avait tout prévu il y a soixante-dix ans, quand il a parlé de libéralisme total. »

« À l'écoute du maître... »
En politique aussi. « C'est grâce à lui que nous avons échappé à (une fusion avec) la Syrie, rappelle-t-il. Ils avaient tous compris l'importance de l'enjeu et l'ont suivi sur cette voie, notamment Béchara el-Khoury. » Sans compter la Palestine : il avait été le premier à désigner du doigt le danger de la partition de la Palestine et celui de la création de l'État d'Israël, dans des articles qui restent d'une saisissante actualité, et dont Michel Eddé a lu des extraits au cours de son discours.

Madeleine Hélou a ensuite pris la parole pour évoquer « la bouleversante disparition de Fouad Boutros ». « Il a été décidé d'un commun accord de demander à Michel Eddé de bien vouloir assumer cette fonction de président », a-t-elle poursuivi, le remerciant d'avoir « accepté cette nouvelle charge ».
Mme Hélou a rappelé que Michel Eddé, et Pierre Hélou avaient très bien connu son père à l'âge de vingt ans, dans ce qui était une relation filiale. « Pendant plus de quatre ans, Michel Eddé était à l'écoute du maître, fidèle parmi les fidèles, tous les jours, et jusqu'à ce jour, a-t-elle déclaré. Ils ont œuvré tous ensemble à bâtir un pays, une nation. Michel Chiha, lui, en a fait presque une raison d'être. » Pour elle, Michel Eddé, « inconditionnel dans sa citoyenneté, fou d'amour pour son pays, est venu encore une fois nous apporter son soutien éclairé et inlassable, il nous aidera à traverser ces moments si dangereux et voir plus clair dans cette obscurité envahissante, pour reprendre ce chemin de discipline et d'engagement, cet oubli de soi, une voie que Michel Chiha a tracée ».

Des archives consultables sur un site
Faire revivre l'héritage et la pensée de Michel Chiha, tel est le principal objectif de la fondation qui porte son nom. Claude Asfar, assistante à la Fondation Michel Chiha, précise à L'Orient-Le Jour que celle-ci a commencé depuis longtemps à faire des compilations d'articles par sujets, la Palestine par exemple. « Comme Michel Chiha a tout écrit en français, la fondation a traduit ses œuvres, au fur et à mesure, en anglais et en arabe », poursuit-elle.
Depuis quelques années, la fondation a ressenti le besoin de former les jeunes à la pensée de Chiha. « Nous avons donc repris le concours scolaire qui existait avant la guerre, explique Mme Asfar. Nous avons commencé par les universités, avant de reprendre le concours interscolaire, il y a deux ou trois ans. L'année dernière, nous avions une trentaine de participants, cette année près de 150, issus d'établissements scolaires de diverses régions. Ils ont participé au concours dans les trois langues. »

Il existe dorénavant un site consacré à la fondation où tous les ouvrages et les écrits de celui qui fut un homme politique, un économiste et un journaliste peuvent être consultés librement. « Les pensées de Michel Chiha sont d'actualité, conclut-elle. Elles étaient déjà avant-gardistes, il y a cinquante ou soixante ans. »

 

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