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Culture - En librairie

Ounsi el-Hajj, en « quelques grains de sel et gouttes de vapeur »...

Posthumes sont ces écrits légués à la postérité, faute d'avoir pu les terminer avant sa disparition, il y a déjà deux ans. Le poète dont le verbe est toujours retentissant revisite les pages d'un nouveau livre intitulé « Kana Haza Sahwan » (Ceci était par inadvertance), éd. Naufal (250 pages).

« Kana Haza Sahwan » (Ceci était par inadvertance), éd. Naufal (250 pages).

Comme des formules lapidaires et inattendues de Cioran, Ounsi el-Hage mélange aphorismes, pensées, poésie, réflexions, cris du cœur, sens de l'élévation, méditation, analyse du social et du politique. Tout en s'adonnant à la plus étroite intimité de soi. En une fiévreuse plongée pour une transparence absolue.
Préfacé par sa fille Nada el-Hajj, postfacé par Abdo Wazen, un complice en poésie, l'ouvrage reste un document important dans le prolongement d'un poète qui a donné sa vraie voix à la femme, en brisant chaînes et tabous, et dont les articles de journaliste polémique n'ont pas été lénifiants pour un monde arabe qui s'est souvent dérobé devant ses responsabilités historiques. Si l'auteur de Kalimat a vertement tancé ses contemporains, jeté un paquet de vocables acides par excès d'amour et d'appartenance, il n'en a pas moins parlé de ce pouvoir immense d'une culture et d'une civilisation arabe immortelles.
Et force est de lui reconnaître la beauté d'une poésie renouvelée, libérée, liftée, plus éblouissante que jamais. Sous sa plume inspirée, la langue arabe, sa syntaxe, sa cadence, ses assises harmoniques ont été sculptées, reformulées à neuf. Par un verbe lumineux et sonore. Aujourd'hui reconnaissable entre tous.
L'oubli ou l'inadvertance ne sont pas dans la nature de l'auteur de Lan, lui qui s'est refusé à tous les compromis et les concessions. On le retrouve, dans ces pages comme toujours possédées par la force de la vie, comme un ami dont le timbre familier évoque non seulement le passé mais un présent toujours empreint de lucidité.

Libre comme l'oiseau
Dans ces pages parfois habitées d'un seul vers, libre comme l'air ou l'oiseau, parfois d'un petit texte cinglant ou volant entre les nuages pour des considérations improbables, des lignes serrées comme mailles pour parler littérature, métaphysique, religion, intermittences du cœur, art.
Titres de chapitres qu'Ounsi el-Hajj avait déjà tracés de son vivant, lui qui résumait sa vie, avec ses propres mots de poète, par «quelques grains de sel et des gouttes de vapeur...».
Une musicalité tissée de douceur et de heurts, une leçon de sagesse et d'humanisme. On glane au hasard des pages ces citations pour illustrer la vision d'un homme qui savait parfaitement discerner le bien du mal et qui a dénoncé la part sombre, mais combien émouvante des vivants.
En substance, cette voix d'outre-tombe écrit: «Toutes les créatures aiment l'homme beaucoup plus qu'il ne les aime.» Et, moins pessimiste, cette phrase: «Tout ce qu'il y a dans la nature est plus fort que ce que fait l'homme, sauf les larmes. Les laves des volcans brûlent les innocents, les averses les inondent, les orages les anéantissent, les larmes leur restituent leur foi.»
Et cette dernière pensée, attestant sa culture et ses préoccupations ultimes de traversée humaine: «La mort dit à Victor Hugo: "Tout ce que je te dis est ceci: sois l'Œdipe de ta vie et le Sphinx de ta tombe."»

 

Pour mémoire
Actuel et retentissant reste le verbe d'Ounsi el-Hage

Les mots d'Ounsi el-Hage volent vers l'éternité...

Comme des formules lapidaires et inattendues de Cioran, Ounsi el-Hage mélange aphorismes, pensées, poésie, réflexions, cris du cœur, sens de l'élévation, méditation, analyse du social et du politique. Tout en s'adonnant à la plus étroite intimité de soi. En une fiévreuse plongée pour une transparence absolue.Préfacé par sa fille Nada el-Hajj, postfacé par Abdo Wazen, un complice...

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