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Liban - La situation

Le Conseil des scandales

Une mer de déchets à Chekka. Photo Paul Abbas

L'adieu aux déchets est-il pour aujourd'hui ? C'est avec ce sentiment que la plupart des ministres ayant suivi le cours de ce drame de l'imprévoyance sont sortis hier de la réunion du gouvernement. Sauf que, selon la LBCI, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, a cru devoir nuancer les choses en affirmant qu'il y a encore « quelques détails » à régler.

 

D'expérience, on sait que ces détails peuvent prendre des jours, des semaines et même des mois. Conformément au principe d'incertitude qui gouverne toute notre vie politique depuis plus d'un an, il faut donc prendre au sérieux ces « réserves », en laissant aux lecteurs le soin de tirer leurs propres conclusions. Jusqu'à la dernière minute donc, ce dossier reste dans le flou, et même dans la mer, comme l'illustre la photo de ce dépotoir sauvage prise à Chekka, l'un de nos plus beaux sites naturels.


Les heures qui viennent diront si l'heure « D » est là et si la noria des camions de Sukleen transportant vers Naamé les quelque 350 tonnes de déchets accumulés depuis juillet dernier dans des zones de stockage de Beyrouth, va enfin s'ébranler (et sans encombre).


Mais pour noircir d'avantage encore le tableau, il faudra ajouter au scandale de l'imprévoyance celui, encore plus grand, de la concussion qui, selon le président de la commission des Finances, Ibrahim Kanaan, marque ce dossier. M. Kanaan a parlé hier des « anges gardiens » de Sukleen, qui siègent au gouvernement (et ont peut-être siégé dans les gouvernements successifs formés après son arrivée). Il a également évoqué un conflit entre la Cour des comptes et le Conseil d'État sur la légalité des opérations de cette société, ce qui pose évidemment le problème du respect des institutions et de leur instrumentalisation politique.


Le Conseil des ministres a également été marqué hier par une dispute entre les ministres de la Santé et de l'Économie, sur le taux de toxicité par ochratoxine du blé consommé par les Libanais. Au chef du gouvernement qui l'interrogeait sur la conclusion des analyses faites par son département, Alain Hakim (Économie), se basant sur l'expertise de l'Institut de recherche industrielle (IRI), a répondu en substance que l'alarmisme de son collègue Waël Bou Faour (Santé), n'avait pas lieu d'être, ce qui a soulevé la colère de ce dernier. Sur le petit écran, M. Hakim allant même jusqu'à reprocher à son collègue de manquer de « responsabilité sociale », et se faisant accuser, en retour, « de défendre les commerçants » contrairement à M. Bou Faour qui, lui, « défend les pauvres ».


Tammam Salam a finalement convaincu MM. Chehayeb, Bou Faour et Hakim de se rencontrer lundi, pour tirer l'affaire au clair, non sans s'attirer une réflexion de M. Hakim affirmant que seules les conclusions de l'IRI le concernent et que « les autres boutiques n'intéressent pas le ministre de l'Économie ».
Sur sa lancée, M. Hakim n'a pas hésité à dire que l'affaire du blé contaminé pourrait être une diversion montée de toutes pièces pour détourner l'attention de l'opinion du sujet central du ramassage des déchets. Il a rappelé que M. Bou Faour avait soulevé en 2015 l'affaire de la propreté des silos, tout au début de la crise des déchets.


Un troisième scandale figurait au menu du Conseil des ministres, celui des réseaux illégaux d'Internet tranquillement exploités depuis 2006. Un scandale qui révèle un manque de vigilance étonnant de la part des services de renseignements ; un scandale par l'atteinte à la souveraineté libanaise qu'il dénonce ; un scandale financier par le manque à gagner qu'il souligne : 60 millions de dollars par an. L'enquête en cours dira si, une fois de plus, c'est l'impunité qui finira par triompher, faute de pouvoir emprisonner tous ceux qui ont profité en connaissance de cause de cette situation d'illégalité. (Lire aussi ici)

 

La Sécurité de l'État
Le Conseil des ministres a également été marqué par un vif échange entre Gebran Bassil et Ali Hassan Khalil, sur fond de polémique au sujet de la Sécurité de l'État, un organisme présidé par un grec-catholique dont cette communauté demande en vain la réactivation depuis quelques mois. Aux ministres Michel Pharaon et Alain Hakim qui en demandaient l'examen, M. Salam a répondu qu'il compte d'abord expédier l'ordre du jour. Un flottement a alors marqué la séance, qui a failli être suspendue, avec les deux ministres menaçant de s'en retirer et un Tammam Salam excédé lançant : « Eh bien, faites, mais faites donc ! »
« Pas d'accord, devait interjeter, venimeux, Gebran Bassil. Chaque fois qu'il s'agit d'une question qui concerne les chrétiens, les questions sont écartées ! » À Ali Hassan Khalil qui lui faisait remarquer qu' « il réfléchit en dhimmi politique », M. Bassil devait rétorquer : « Nous en parlons, mais vous le pratiquez ! »


Ces échanges acerbes devaient se prolonger quelque soixante minutes durant. Finalement, le Conseil des ministres devait achever sa houleuse séance par les résolutions suivantes : nomination de Georges Ayda comme directeur général du ministère du Travail, nominations au Conseil du Sud, indemnisation des planteurs de céréales et... escamotage, faute de temps, de la grave crise de la presse écrite qui menace de priver une élite de journalistes arabophones de leur gagne-pain.

 

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Internet malin, le billet de Gaby NASR

 

L'adieu aux déchets est-il pour aujourd'hui ? C'est avec ce sentiment que la plupart des ministres ayant suivi le cours de ce drame de l'imprévoyance sont sortis hier de la réunion du gouvernement. Sauf que, selon la LBCI, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, a cru devoir nuancer les choses en affirmant qu'il y a encore « quelques détails » à régler.
 
D'expérience, on sait...

commentaires (8)

En lisant tous ces commentaires de mes confrères-lecteurs de l'OLJ...qui font à peu près tous les mêmes remarques sur ce qui se passe actuellement dans notre pauvre pays...je me dis que nous avons vraiment une sacrée malchance de ne pas avoir des dirigeants avec cette intelligence ! Nous avons malheureusement la pire espèce pour nous gouverner: des voleurs, des corrompus, des "ayant dépassé la limite d'âge depuis longtemps" des fils de...aussi incapables que leurs pères des arrogants des bornés La "crème" des Libanais...quoi !!! Irène Saïd

Irene Said

16 h 14, le 18 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • En lisant tous ces commentaires de mes confrères-lecteurs de l'OLJ...qui font à peu près tous les mêmes remarques sur ce qui se passe actuellement dans notre pauvre pays...je me dis que nous avons vraiment une sacrée malchance de ne pas avoir des dirigeants avec cette intelligence ! Nous avons malheureusement la pire espèce pour nous gouverner: des voleurs, des corrompus, des "ayant dépassé la limite d'âge depuis longtemps" des fils de...aussi incapables que leurs pères des arrogants des bornés La "crème" des Libanais...quoi !!! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 14, le 18 mars 2016

  • une salade mal assaisonnée... un mélange putride... voilà comment on peut qualifier ce gouvernement. c'est sans doute le pire des gouvernements que le Liban ait eu. il nous faut un dictateur bienveillant pour nous tirer de là. Si jamais un plan-poubelles est mis en place, ma question serait : qui va ramasser les déchets parsemés comme sur la photo au bord de l'eau, dans les vallons, parmi les arbres etc... ? Ils planifient de nettoyer les villes et de les débarrasser des dépotoirs improvisés.... MAIS comment allons-nous nettoyer la nature ?

    lila

    12 h 53, le 18 mars 2016

  • OLJ... POURQUOI ON NE VOIT AUCUN ARTICLE SUR LE VERDICT DE LA COUR DE WASHINGTON PENALISANT L,IRAN DE 11 MILLIARDS DE DOLLARS POUR SA PARTICIPATION AVEC LE HEZBOLLAH ET LA QAEDA DANS LES ATTENTATS DE N.Y. DU 11 SEPTEMBRE ? PRIERE NOUS EN ECLAIRER... CAR NOUS NE POUVONS PAS FACILEMENT GOBER UNE TELLE CHOSE POUR LES DIVINS PERCES ET LES NOTRES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 11, le 18 mars 2016

  • "...nomination de G. Ayada comme Directeur Général du Ministère du Travail...nomination de...etc." Pour ces décisions-là on agit rapidement (faut bien contenter les copains, n'est-ce pas...) mais pour le reste, bien plus urgent, on reporte indéfiniment, ces Messieurs n'ayant toujours pas le courage ni les capacités pour décider. 60 minutes à se chamailler comme des gamins en plein Conseil des Ministres...quand on lit cela, Messieurs, on a envie de vous secouer, de vous "mettre dans le coin" pour vous obliger à réfléchir à ce que vous avez fait de votre pays et de nos vies, et ensuite de vous expédier définitivement au diable, c'est tout ce que vous méritez ! Car il n'y a malheureusement aucun espoir vous concernant... Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 03, le 18 mars 2016

  • UN BEAU PANORAMA A IMMORTALISER EN PHOTOGRAPHIE ET ENVOYER UNE COPIE A CHAQUE ABRUTI POUR LA SUSPENDRE DANS SA MAISON... LES DECHETS CHEZ LES ORDURES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 18 mars 2016

  • Les "sources" libyennes, syriennes, iraniennes puis russes s'étant taries, il ne lui reste plus à cette "élite" de journaleux arabophooones de ce choux-fleur Ässafîîîr pour M'ssarîîîï qu'à éditer.... en Mandarin ! Seuls ces Chinetoques ont encore des Yuans (bientôt dévalués) et/ou du flouze.... à lui "distribuer" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 34, le 18 mars 2016

  • A propos de millions de USD...! pour ce qui concerne les 50 millions de US Dollars ,débloqué pour le scandale de l' exportation des ordures en Russie...? où sont 'ils ...?

    M.V.

    09 h 14, le 18 mars 2016

  • "Finalement, le conSeil de ces ministrés devait escamoter, faute de temps, la grave crise de la presse écrite qui menace de priver une élite de journalistes arabophones de leur gagne-pain." ! "Sacré" Fady ! Ainsi, les journalistes arabophones de ce "journaleux" Ässafîr pour M'ssarîîîï seraient.... une "Élite" ! Yâ wâïylîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 46, le 18 mars 2016

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