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Lifestyle - Liban pop

Farid Hobeiche, Farix et furax

S'il était un personnage de cartoons, car c'est ce qu'il aurait voulu faire : en dessiner, Farid Hobeiche aurait été le chat Tom poursuivant Jerry. Au lieu de cela, le matou préfère égratigner, de ses délicieuses griffes, les actualités libanaises.

Photo DR.

On l'aperçoit partout sur les réseaux sociaux. Même celui qui revendique sa non-appartenance à cette stratosphère du virtuel essaie de jeter un coup d'œil sur la page des autres afin de suivre l'actualité de Farid Hobeiche. Une bonne bouille, dira-t-on d'emblée. Ce rondouillard aux yeux comme des billes qui observent tout, à la barbe (pas fleurie comme Charlemagne mais) bien touffue, surfe constamment sur la Toile. Et tel dame Arachnée, sans mouvement aucun, il saisit ses victimes au vol.

 

Un million de vues
Tout a pourtant commencé par une simple petite vidéo. Établi depuis neuf ans à Dubaï et travaillant dans une boîte de publicité, Farid Hobeiche a, un jour, l'idée de poster un commentaire de lui, en format vidéo, sur sa page Facebook, pour s'insurger contre la crise des ordures au Liban. Il attire aussitôt un million de vues. Ce commentaire est rapidement devenu viral.
Et depuis... tout a continué en roue libre. Il est vrai qu'à l'âge de dix-huit ans, Hobeiche avait gagné au Liban, et à deux reprises, le concours Fabriano et qu'il avait par la suite plongé dans le milieu de la publicité, mais rien ne pouvait prédire que ses mots, lascifs, rythmés et teintés d'un humour pince-sans-rire, pouvaient croquer, avec sarcasme, ses compatriotes aussi bien que les vicissitudes d'un pays en déliquescence.

 

Vagues utiles
Jamais acerbe ni agressif : « Je ne veux ni injurier ni blesser, mais simplement constater. » Farid Hobeiche parcourt le Liban de son simple regard. Bien calfeutré dans son canapé dans un chez-soi, à son image, braquant son cellulaire vers lui-même (un selfie/velfie en gros plan), il dessine en presque une minute une situation globale. Sa plume se résume à ce simple regard, quasi fixe (un regard caméra), en fusion avec un simple mot et une autodérision toute simple. Il pourrait parler des coiffeurs, des ordures, des valets parking, mais aussi des panneaux de signalisation, le tout sera sur le même ton. C'est un label Farid Hobeiche, ou plutôt Farix comme son logo. Et même si ce Farix est furax contre tout ce qui se passe au Liban (il y fait des apparitions furtives pour soutenir les activistes de recyclage sur les plages libanaises), sa révolution ne se veut pas tsunami : il veut juste faire des vagues, qu'il espère utiles.

 

Ordures en haute saison
Les ordures ? Bien sûr qu'il en a marre, comme tout le monde, au point qu'elles en deviennent son sujet de prédilection. Mais il n'en a pas encore fait tout le tour. À la manière de Cyrano de Bergerac qui a su décrire son nez sous tous ses angles, Farid Hobeiche aborde ce thème de différentes manières. Il propose des solutions, surréelles, ubuesques. Les siennes. Touristique : on pourrait inviter les étrangers à venir visiter des ordures en haute saison. Urbaniste : les poubelles pourraient servir à consolider les ponts des autoroutes ou devenir des monuments, à l'instar des pyramides. Décoratif : les sacs bleus et noirs pourraient servir de poufs dans les décorations d'appartements. Culinaire : on pourrait y trouver des ingrédients pour faire un tabboulé. Mais aussi divertissant : on pourrait en faire des bonhommes (de neige ou pas) avec, naturellement, une carotte en guise de pif.
Sans être remué, Hobeiche remue. Sans être perturbé, il perturbe. Cet oiseau de nuit, qui vit au jour le jour sans rien planifier de sa vie, avoue aimer les gens et toujours trouver en eux le côté positif. « J'aime côtoyer de près le monde, et je suis curieux des autres », confie-t-il.

 

38 000 fans
Outre son travail actuel en free-lance, il se consacre de plus en plus à ses chroniques orales dès que le soleil se couche. « Je puise mon inspiration des situations quotidiennes, je me nourris des menus détails, mais dès qu'une idée me vient à l'esprit, je la mets en application, je n'attends pas. Par ailleurs, j'ai conscience que ce genre de communication peut être éphémère, une simple mode, comme un coup de vent qui passe, mais cela m'est égal. Il suffit que je prenne du plaisir à le faire, un plaisir que je partage avec les autres. » Ces autres sont devenus tous des amis. Un terme certes galvaudé par les réseaux sociaux, mais pour lui, bien précieux.


Avec plus de 20 000 friends et followers sur Facebook, 14 000 sur Instagram et 4 000 sur Snapshat, Farid Hobeiche est « content ». Il sent qu'il a été adopté par une grande famille. « Je n'ai jamais considéré, pas un seul instant, que les réseaux sociaux étaient un phénomène négatif. Au contraire, on ne peut en tirer que du bien. »
Devenu l'exemple même de ce réseau de connectivité à énergies positives, il opère actuellement sur une chaîne YouTube baptisée Farixtube. Encore une porte ouverte à d'autres adeptes du clan.
Lentement, la confusion s'est opérée au fil des jours, « et le personnage que j'ai créé a pris le dessus sur ma personnalité », dit-il. Qui est Farid ? Qui est Farix ? Peu importe, pourvu qu'en ce pays devenu si triste, on en rigole un bon coup.

 

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On l'aperçoit partout sur les réseaux sociaux. Même celui qui revendique sa non-appartenance à cette stratosphère du virtuel essaie de jeter un coup d'œil sur la page des autres afin de suivre l'actualité de Farid Hobeiche. Une bonne bouille, dira-t-on d'emblée. Ce rondouillard aux yeux comme des billes qui observent tout, à la barbe (pas fleurie comme Charlemagne mais) bien touffue,...

commentaires (1)

très sympathique personnage :-)

lila

12 h 59, le 18 mars 2016

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Commentaires (1)

  • très sympathique personnage :-)

    lila

    12 h 59, le 18 mars 2016

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