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Économie - Rapport

L’économie libanaise a partiellement profité de la baisse des prix du pétrole

Une étude publiée cette semaine par le Crédit libanais tente de quantifier les effets directs de la chute des cours du brut sur certains agrégats. Il en ressort un tableau contrasté.

Le Liban importe la totalité de ses besoins en hydrocarbures. Photo Archives/AFP

Il y a un an, la Banque mondiale (BM) estimait qu'une baisse prolongée du prix du baril de brut – qui gravitait alors autour de 50 dollars – se traduirait par une augmentation du PIB mondial de 0,8 % sur le moyen terme. Alors que les cours du brut sont désormais stabilisés en dessous de la barre des 40 dollars, une étude du Crédit libanais publiée cette semaine s'est employée à mesurer certaines retombées de l'effondrement des cours sur quelques agrégats économiques au Liban.

Effet estompé sur le déficit public
Positionné au 72e rang mondial – et au 7e dans la zone Mena – des plus gros consommateurs de pétrole, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), le Liban importe la totalité de ses besoins en hydrocarbures, principalement de Grèce (22 %), de Russie (19 %), de France (11 %) d'Italie (11 %) et du Koweït (9 %). « Mais malgré cette forte dépendance, l'impact de la chute des cours du brut est plus contrasté au Liban que chez la plupart des pays importateurs de pétrole », explique à L'Orient-Le Jour le chef du département de recherche économique du Crédit libanais, Fadlo I. Choueri, qui a dirigé l'étude du Crédit libanais.

Le rapport note ainsi que le Liban fait partie des pays où la baisse du prix du pétrole n'a pas été suivie « par une réduction du déficit public, malgré un impact positif sur la balance courante (qui mesure le solde des flux monétaires d'un pays) ».
De fait, si le déficit de la balance courante du Liban devrait bien reculer de plus de 5 points de pourcentage en glissement annuel, pour s'établir à -21,01 % du PIB en 2015 selon les estimations du Fonds monétaire international, le déficit public devrait, lui, s'aggraver. Selon le ministère des Finances, il a augmenté de 7,2 % sur les onze premiers mois de l'année 2015, à 3,24 milliards de dollars.

Pour autant, le rapport rappelle que la baisse des cours du brut a contribué à ralentir l'augmentation du déficit public, en permettant une nette diminution des transferts du Trésor à Électricité du Liban (EDL). Troisième poste de dépenses de l'État, ces transferts sont passées de 1,49 million de dollars sur les 8 premiers mois de 2014, à 0,89 million à la même période en 2015. Le rapport précise en parallèle que les importations de mazout pour EDL – qui constituent 30 % du total du carburant importé en 2015 – ont diminué de moitié entre 2012 et 2013, selon le ministère des Finances, suite à la mise en service il y a 4 ans des deux navires-centrales à la société turque Karadeniz Energy Group.

L'étude souligne également que l'allègement de la facture des importations de carburant a bénéficié à la balance commerciale libanaise, dont le déficit a baissé de 12 % en 2015 à 15,1 milliards de dollars. Les importations de carburant ont atteint 3,3 milliards de dollars en 2015 – soit plus de 18 % du total des importations sur la même période – contre 4,7 milliards de dollars un an plus tôt. « Cette économie de 1,68 milliard aurait pu être plus importante sans la forte corrélation négative qui existe entre l'évolution du prix du pétrole et les importations de carburants hors EDL », explique encore M. Choueiri. En comparant les volumes importés de produits dérivés du pétrole entre 2011 et 2015 et l'évolution des cours du brut sur cette période, il estime cette corrélation à -71,25 %. Du fait de la chute des cours, la quantité importée de produits dérivés du pétrole est ainsi passée de 5,6 milliards de tonnes en 2014 à presque 6 milliards de tonnes en 2015, dans un contexte de stagnation économique.

 

(Lire aussi : L'économie libanaise bénéficie-t-elle vraiment de la baisse des prix du pétrole?)

 

Impact sur les transferts
« Ces avantages restent toutefois limités dans le temps », estime Wissam Harake, économiste à la BM, qui rappelle que « l'EIA a anticipé une stagnation du prix du baril à 37 dollars en 2016, un tarif qui devrait grimper jusqu'à 50 dollars en 2017. » M. Harake souligne également que la baisse des cours n'est pas l'unique facteur qui a contribué à réduire le déficit commercial en 2015. « Le Liban a également pu bénéficier d'un euro particulièrement faible par rapport au dollar en 2015, qui a notamment atteint il y a un an son niveau le plus bas depuis 12 ans », analyse-t-il.

L'autre limite des effets vertueux la chute des cours concerne son impact sur la balance des paiements et en particulier sur les transferts des Libanais installés dans les pays producteurs de pétrole, et dont les revenus peuvent être impactés par la chute des cours. « L'Institut de la finance internationale table sur une baisse des transferts vers le Liban de 7,1 milliards en 2014 fin à 6,7 milliards de dollars en 2015 », rappelle M. Choueri. « L'impact réel de la baisse sur les transferts ne sera pas tout de suite perceptible dans la mesure où les investisseurs vont d'abord spéculer sur une éventuelle reprise des cours et puiser dans leur épargne pour maintenir leurs niveaux de transferts dans un premier temps », nuance M. Harake.
En 2015, la balance des paiements a affiché un déficit record de 3,35 milliards de dollars, en hausse de 134 % en glissement annuel.

Le rapport s'attarde enfin sur l'impact significatif de la baisse des cours du pétrole sur l'inflation, qui a reculé de 3,40 % en 2015, selon l'Administration centrale de la statistique (ACS). « Les prix des carburants ont baissé de 23,72 % en 2015, selon l'ACS. Or ils comptent pour plus de 10 % dans son calcul des prix à la consommation », expose M. Choueiri. Il en conclut donc que cette baisse a été le principal déterminant – à hauteur de 2,40 points – de la baisse des prix à la consommation.

 

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