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Liban - Décoration

Hind Darwish, chevalier « sans peur et sans reproche » de l’ordre des Arts et des Lettres

Denis Louche remettant la distinction à Mme Darwish.

L'Institut français du Liban a récompensé hier le parcours francophone et culturel de l'éditrice Hind Darwish en lui attribuant la décoration de chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres, lors d'une cérémonie organisée à l'ambassade de France à Beyrouth.

« Le tour de force de la culture, c'est d'unir dans la joie, là où l'inculture divise par la violence », a déclaré Hind Darwish, figure incontournable du monde de l'édition et de la culture au Liban, devant le Tout-Beyrouth culturel venu la soutenir et la féliciter. « Grâce à notre partenariat et à notre volonté, nous avons réalisé de si belles choses, bravant la médiocrité, la déliquescence et le pourrissement autour de nous », a-t-elle dit. Des paroles qui sonnent fort à l'heure où les déchets s'entassent dans les rues, où le pays demeure sans président de la République depuis presque deux ans et où la région plie sous le poids de la barbarie, de la guerre et de la destruction. « Ignorer le rôle des arts et des lettres, c'est devenir le complice des tyrans et des barbares qui privent la jeunesse de ses esprits humanistes, la laissant en proie à un fantasme endémique. C'est aussi adhérer à la propagande cynique et brutale qui ne fait qu'alimenter une phobie de l'autre, faisant de nous des sauvages terrifiés par des sauvages. Les Damnés de la terre, au XXIe siècle, sont ceux qui sont malades de leur culture, à en nier celle de l'autre », a-t-elle confié.

Actuellement éditrice à la tête de L'Orient des Livres, Mme Darwish dirige également L'Orient Littéraire, supplément littéraire qui paraît avec L'Orient-Le Jour depuis 2006, et fait partie du conseil d'administration de la Fondation Samir Kassir pour la liberté de la presse. Elle a également été jusqu'à 2010 déléguée du ministère de la Culture, en charge de l'organisation et du suivi de séminaires culturels, conférences et Salons du livre.

 

(Lire aussi : « Je commençais à désespérer du Liban... Mais la culture est salvatrice »)

 

Une passion en héritage
Prenant la parole au nom du ministère français de la Culture et de la Communication, Denis Louche, directeur de l'Institut français, a salué les multiples talents de Mme Darwish. « Je suis très heureux de l'occasion qui m'est donnée, chère Hind Darwish, d'honorer vos qualités remarquables de directrice de rédaction, d'éditrice et de journaliste », a-t-il indiqué, en présence de l'ambassadeur de France, Emmanuel Bonne, et du ministre de la Culture, Rony Araiji. Étaient également présents dans l'assistance un groupe d'amis et d'acteurs de la scène littéraire et médiatique qui ont de tout temps soutenu Mme Darwish, tels que Samir Frangié, May Chidiac, Ziyad Baroud, Jabbour Douaihy, Charif Majdalani, Alexandre Najjar, Farès Sassine, Antoine Boulad, Roger Assaf, Ahmad Baydoun, Amal Makarem, François Abisaab, Antoine Courban, Michaël Young, ainsi que des membres des équipes de L'Orient Littéraire, de L'Orient-Le Jour (dont Nayla de Freige, May Makarem, Hanaa Gemayel, Issa Goraieb, Michel Hajji Georgiou) et de la Fondation Samir Kassir. « Vous êtes une vraie citoyenne du monde, soucieuse de faire rayonner le dialogue et le partage entre les cultures, a déclaré M. Louche. Par ce parcours d'excellence qui témoigne de votre engagement, vous contribuez, chère Hind, à la diffusion des valeurs de la francophonie, et aux liens qui unissent le monde de l'édition, les métiers du livre, non seulement dans nos deux pays, mais plus largement dans cet espace atypique et ouvert qu'on nomme francophonie », a-t-il ajouté.


(Lire aussi : Une distinction bien méritée, le billet de Samir Frangié)

 

La figure du père
Hind Darwish, qui a hérité l'amour de la langue française et de la culture de son père, a tenu à rendre un vibrant hommage à ce dernier. « Ehssan, mon père, nous a transmis, à mes frères et à moi, l'amour de cette langue et le goût de ces valeurs... C'est donc en quelque sorte en chevalier servant de mon papa que vous m'intronisez ce soir, et cela me remplit de fierté. Je suis sûre que, de là où il se trouve maintenant, il doit être tout aussi fier de sa fille », a-t-elle confié. Elle s'est également adressée dans son discours à l'ancien député Samir Frangié, présent lors de la cérémonie et à qui elle a promis de continuer le combat dans lequel elle s'est illustrée, celui de la défense du livre et de la liberté, « deux notions indissociables pour lutter contre la barbarie et l'ignorance ». « Je tiens à rendre un hommage particulier ce soir, devant vous, à cet alchimiste de la pensée qui réussit le miracle sans cesse renouvelé de transfigurer le plomb en or et de donner du sens tant à l'insignifiant qu'à l'insensé, le maestro Samir Frangié. Pour toi aussi, Samir, je serai un preux chevalier, sans peur et sans reproche, comme Bayard. Je t'en fais la promesse », a-t-elle dit. Mme Darwish a en outre exprimé sa reconnaissance à l'écrivain Alexandre Najjar, fondateur de L'Orient des Livres et directeur de L'Orient Littéraire. « Je dois tant à Alexandre Najjar qui a investi en moi une confiance incroyable. Je lui suis pleinement reconnaissante de m'avoir offert la possibilité de mener à bien tant de projets », a-t-elle indiqué. Elle a également rendu hommage aux anciens ministres de la Culture Ghassan Salamé, Tarek Mitri et Tammam Salam, ainsi qu'à feu l'ambassadeur Denis Pietton.

Libanité, arabisme, Méditerranée et universalité
Pour Farès Sassine, ancien professeur de philosophie et grand collaborateur à L'Orient Littéraire, Hind Darwish « essaie de joindre (les cultures arabe et française) tout en étant en harmonie avec leurs aspirations profondes ». Il cite dans ce cadre son travail au sein des éditions L'Orient des Livres, qui travaillent en association avec Actes Sud, Sindbad et l'éditeur Farouk Mardam Bey afin de « faire mieux connaître les auteurs libanais en France et même pour repérer de nouveaux talents et continuer à consacrer d'autres ». « D'une fidélité à toute épreuve, sa profonde réussite reste de conjuguer, dans la vie comme dans ses diverses activités, une libanité ferme, sourcilleuse quant à la souveraineté et aux libertés, un arabisme sûr de ses valeurs et ouvert, un appui aux peuples en lutte pour leurs droits, et une appartenance méditerranéenne où la francophonie tient sa juste place et son éminente valeur. Et, croyez-moi, ce n'est pas une simple affaire », a-t-il conclu.

 

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