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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

En Tanzanie, un architecte libanais conçoit le « village de l’enfance heureuse »

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Un architecte libanais, Charles Debbas, a conçu un village entier pour les enfants défavorisés en Tanzanie.

C'est au pied du mont Neru, dans le nord de la Tanzanie, en pays massaï, que surgira de terre un village entier, baptisé Happy Childhood Village (village de l'enfance heureuse), destiné à accueillir des enfants défavorisés ou orphelins. L'engagement d'une vie pour Charles Debbas, l'architecte libanais concepteur du projet.
« Il y a quelques années, un de mes amis les plus proches, Georges Hatem, a perdu Philippe, son fils de 11 ans, dans un terrible accident, explique Charles Debbas à L'Orient-Le Jour. Il m'a alors parlé de son rêve de construire un petit village en Tanzanie en l'honneur de l'amour que portait Philippe à ce pays. » Charles Debbas, qui vit aux États-Unis, s'engage alors à concevoir pro bono ce village, en utilisant des techniques et matériaux de fabrication à la pointe de la technologie. Le projet sera financé par des donateurs privés du monde entier, démarchés par la branche américaine de la Happy Childhood Foundation, sous l'ombrelle de la Fondation Philippe Hatem pour une enfance heureuse


Sur un terrain offert par l'archidiocèse, le village comptera 40 maisons pour les enfants vulnérables âgés de 0 à 12 ans qui pourront suivre toute leur scolarité dans les écoles construites sur place. Le village bénéficiera également d'un hôpital de réadaptation, d'un gymnase, d'un terrain de football, d'un centre de vie avec une cafétéria et une salle de projection, d'un centre social, d'une église pouvant être utilisée comme mairie... Les travaux doivent commencer à l'automne et le village devrait accueillir les enfants à partir de début 2018.
La conception du village, inspirée par les traditions et l'architecture locales massaïes, est pensée pour durer et avoir une empreinte écologique minimale. Un usage intensif des principes solaires passifs, comme l'éclairage naturel et la ventilation, est prévu, ainsi que l'énergie solaire, l'assainissement compostable et le recyclage de l'eau. Par ailleurs, les matériaux utilisés dans la construction nécessiteront un entretien minimal, afin de ne pas grever les finances du village. Les structures, conçues dans un format modulaire, seront fabriquées par Zerock International – une compagnie basée à Beyrouth et au Congo – puis acheminées vers la Tanzanie.
Charles Debbas espère que le concept du village sera répliqué dans le monde entier. « Nous aimerions tellement introduire ce concept de village au Liban, ajoute l'architecte. Cependant, l'atmosphère actuelle du pays est telle qu'un projet comme celui-ci, confronté à tant d'obstacles potentiels, se retrouverait pris au piège de défis qui le dépasseraient. » Mais M. Debbas ne perd pas espoir et se dit « de tout cœur disposé à offrir cela et bien plus au Liban, une fois que l'opportunité se présentera ».

 

De drame en drame
Car le Liban, Charles Debbas le porte toujours dans son cœur, malgré la distance et les années qui les séparent, et surtout malgré les tragédies qui ont marqué sa jeunesse. En 1963, alors qu'il n'a que deux ans, il perd sa mère et un de ses frères dans l'incendie accidentel de sa maison. Il grandit à Mechref, au sud de Beyrouth, dans une « gated community » (résidence fermée) fondée à la fin des années 1950 par son père, Georges Debbas, pour accueillir des expatriés et leurs familles venus travailler dans la région. C'est dans cet environnement « magique », composé de 50 maisons architecturalement innovantes, que l'architecte puise son inspiration. En 1976, le jeune Charles vit un nouveau drame. « Mon père est assassiné alors qu'il tentait par tous les moyens de tenir la guerre à distance. Ses rêves et les miens pour un Liban plus radieux sont partis en fumée. »
« Mais aussi tordu que cela puisse paraître, ce qui a fait de moi celui que je suis, tant au niveau personnel qu'en tant qu'architecte, c'est la souffrance incroyable qui a résulté de la guerre, poursuit M. Debbas. J'ai sombré dans des abysses spirituelles, à l'instar de beaucoup de Libanais. Cela peut avoir un impact dévastateur sur la vie de quelqu'un. Dans mon cas, cela m'a permis d'éliminer le bruit, le non-sens, et de me concentrer sur qui je suis vraiment. »

 

« Contribuer à la renaissance du Liban »
Le bac en poche, Charles Debbas rejoint son frère en Californie afin d'y poursuivre ses études, « avec l'espoir de pouvoir, un jour, contribuer à la renaissance du Liban » grâce à son amour de l'architecture. En 1982, le voilà donc qui revient au pays, animé par « une motivation incroyable ». Il travaille pour Jacques Liger Belair et Jean-Pierre Megarbané à l'Atelier des architectes associés. Pourtant, en 1984, « désenchanté par les combats interminables et un rêve de paix qui s'éloigne toujours plus », Charles Debbas reprend le chemin de l'exil. Il retourne poursuivre des études à l'Université de Berkeley, ville où il finit par s'établir.
« J'ai demandé un jour à un de mes professeurs à Berkeley si la conception d'un lieu de culte nécessitait une attention particulière. Il a répondu que chaque endroit autour de nous est un lieu où il est possible de méditer. Sa réponse a changé à jamais mon approche de l'architecture. Depuis, je considère chaque projet dans lequel je m'engage comme un sanctuaire pour les sens. » Aujourd'hui, outre son travail au sein de son propre cabinet d'architecture, Charles Debbas enseigne à l'Université de Stanford. « À mes étudiants, je dis que l'essence d'un bon design est l'humilité et la retenue. »

 

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