Katia Lteif Ward, de la banque à la Villa Rothschild

Katia Lteif Ward est cake designer et elle habite Monaco. Cette Libanaise pure souche commence depuis un an à se faire un nom dans le monde de la pâtisserie française, du cake design spécifiquement, livrant ses gâteaux aux endroits les plus selects de la principauté. Parmi ses clients prestigieux, « de nombreux restaurants à Monaco qui me commandent des gâteaux pour divers évènements, et des particuliers. Un footballeur de l'AS Monaco à qui j'ai conçu un gâteau avec l'emblème de la principauté ou encore le Rotary Club de Monaco qui m'a commandé une jolie pièce montée. Un de mes plus beaux gâteaux de mariage a été livré à la Villa Rothschild à Villefranche-sur-mer », confie-t-elle encore. Plus qu'une pâtissière, la fonction d'un cake designer ne se limite pas à confectionner des gâteaux. Il les décore, notamment avec de la pâte à sucre, et, plus encore, les travaille comme de véritables œuvres d'art.
Katia Lteif Ward vient pourtant de démarrer dans ce métier. C'est en octobre 2015, après plusieurs mois de préparation et de pièces confectionnées et vendues grâce au bouche-à-oreille qu'elle décide d'ouvrir sa propre entreprise. « Au début, comme personne ne me connaissait, je faisais des gâteaux et je les offrais aux pâtisseries, aux amis, bref à tout le monde. Monaco ayant une petite superficie, la rumeur a circulé et a fait son travail. Pour me démarquer, j'allie dans mes recettes les saveurs orientales et occidentales : meské, mahlab, sahlab et eau de fleur d'oranger... »
Pourtant rien ne prédestinait la jeune femme à mener sa carrière derrière les fourneaux. « Très jeune, je voulais être musicienne. J'ai étudié le piano pendant 15 ans. À l'âge adulte, j'ai réalisé qu'en faire un véritable métier était une chose impossible. J'ai donc voulu rentrer à l'Alba (Académie libanaise des beaux-arts), mais c'était compliqué... J'ai alors choisi la solution de facilité en faisant des études bancaires à l'USJ. Mon diplôme en poche, j'ai commencé au bas de l'échelle à la Byblos Bank. Puis j'ai gravi les échelons ; sous-directrice d'agence, directrice d'agence. Un jour le destin a voulu que j'aille m'installer à Monaco. En fait, la Bank Audi m'avait proposé un bel emploi là-bas... Malheureusement le travail était loin d'être passionnant ; Je m'ennuyais beacoup. Quand la banque a fermé, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion pour faire une reconversion, chose très à la mode en Europe. Ici rien n'est interdit, rien n'est honteux ; la principauté de Monaco m'a beaucoup aidé et encouragé dans ma démarche. Il fallait saisir cette chance », raconte-t-elle.
Et de poursuivre : « J'avais envie de faire un métier amusant, créatif et haut en couleur, loin de l'austérité de l'univers de la banque. J'ai pensé au design de gâteaux qui allie l'art et la gourmandise et qui est encore assez méconnu à Monaco. Je me suis donc renseignée : il fallait être pâtissier pour exercer ce métier et à Monaco, on ne peut pas s'autoproclamer pâtissier sans diplôme. Donc retour à la case études !
Je me suis inscrite dans une école de pâtisserie à Menton. C'était une année scolaire très intense. Ils n'ont pas reconnu mon bac libanais ni mon diplôme d'études bancaires. J'ai dû repasser toutes les matières : français, maths, physique, chimie, histoire-géo et pâtisserie évidemment... Parallèlement, j'ai suivi un stage de pâtisserie à raison de deux fois par semaine chez Joël Robuchon à l'hôtel Métropole à Monaco. » À la fin de cette année scolaire sucrée, elle obtient 17,5 de moyenne et en ressort deuxième de promotion.
Katia Lteif Ward croit dur comme fer que c'est le destin qui l'a amenée à changer de métier. Lui qui lui a permis aussi d'épouser Jacob Ward, ingénieur civil d'origine libanaise établi à Monaco. « Je l'ai rencontré quatre mois après mon arrivée à la principauté, le 22 novembre 2012, lors de la réception de la fête nationale libanaise organisée au musée océanographique. Un vrai coup de foudre. L'envie de faire la pâtisserie a suivi... Je voulais tellement l'épater », confite-t-elle.
La femme amoureuse rêve actuellement d'avoir un grand atelier pour donner des formations de pâtisserie et de cake design. Amoureuse et heureuse, avec pourtant un seul manque : « Le Liban », répond-elle sans hésiter.

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