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Liban - Liban

Crise des déchets : 608 millions de dollars dépensés pour rien, selon Samy Gemayel

En commission des Finances, le chef des Kataëb dénonce le fait qu'une somme astronomique a été dévolue depuis 1996 au traitement des déchets, alors que 85 % des ordures étaient simplement enfouies par l'opérateur.

MM. Kanaan et Gemayel en marge de la réunion de la commission parlementaire des Finances sur la gestion des déchets. Photo Sami Ayad

La commission parlementaire des Finances a ouvert hier en grand la porte des discussions sur le système de gestion des déchets qui a prédominé durant les dix-huit dernières années. La séance à laquelle a appelé le président de la commission, Ibrahim Kanaan, était consacrée à Sukleen – l'opérateur qui a été chargé de la collecte des déchets de Beyrouth depuis 1994, puis de la collecte et du traitement des déchets de la capitale et du Mont-Liban depuis 1997 – et à la supervision de ses opérations de tri et de traitement. La commission a entendu les ministres des Finances Ali Hassan Khalil et de l'Environnement Mohammad Machnouk.


M. Kanaan a expliqué que l'objectif de la commission est de remonter aux débuts de ce dossier, au moment où le contrat a été signé, afin d'examiner le degré de respect de ce contrat. « Notre devoir est de proposer des recommandations sur l'aspect financier de ce dossier, a-t-il ajouté. Nous nous sommes rendus compte que nous n'avions pas, jusque-là, d'informations complètes sur ce dossier. Le ministère des Finances nous a fourni une liste des prix dont la source est le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) sur les coûts annuels de la gestion des déchets. Pour résumer l'affaire, on peut dire que pour la seule année 2013, on a dépensé jusqu'à 170 millions de dollars pour le balayage, le traitement et le tri... »


Et d'ajouter : « Nous avons approfondi notre examen de ce dossier, notamment le cahier des charges d'origine, pour voir s'il était conforme aux directives du Conseil des ministres, afin de comprendre pourquoi les articles de ce cahier des charges n'étaient pas connus des ministres. » Le député du Metn a affirmé que la discussion autour de ce cahier des charges a montré que rien n'était prévu au cas où la compagnie s'avérait incapable de débrouiller des terrains pour des installations supplémentaires de traitement (à savoir que le président du CDR, Nabil el-Jisr, n'a pas produit une copie du cahier des charges à la réunion). M. Kanaan a aussi posé la question de la supervision du travail de l'opérateur durant toutes ces années, surtout concernant le traitement, qui était presque inexistant, selon lui. « Ce consultant était payé cinq millions de dollars par an dernièrement, avec les augmentations qui lui ont été octroyées, a-t-il dit. Nous écouterons les réponses qui nous seront données. »

 

(Lire aussi : Le plan des décharges : retour à l'ancien système ?)

 

« 4 % des déchets traités en 2010 »
Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a été particulièrement virulent dans son intervention qui a suivi la réunion. « Les chiffres produits aujourd'hui par le ministère des Finances sont clairs comme de l'eau de roche, a-t-il dit. Le total de ce que l'État libanais a payé dans le dossier des déchets est de 1,981 milliard de dollars entre 1996 et 2013, sachant qu'en 2013 seulement, la gestion des déchets a coûté 181 millions de dollars. Une somme répartie en trois services, entre collecte et balayage, enfouissement et traitement. Elle se divise comme suit : 59 millions de dollars pour le balayage et la collecte, 62 millions pour l'enfouissement en décharge et 55 millions pour le traitement, auxquels il faut ajouter deux millions pour la supervision. Si l'on transpose ce schéma au total de 1,9 milliard, cela donne 716 millions depuis 1996 pour la collecte et le balayage, 575 millions pour l'enfouissement et 608 millions pour le traitement. »
Or, fait remarquer le président du parti Kataëb, durant toutes ces années, plus de 85 % des déchets étaient simplement enfouis. « Nous avons récemment obtenu une information selon laquelle, suivant la direction du CDR, en l'an 2010, 4 % seulement des déchets étaient traités, à un coût annuel de 60 millions de dollars, soit le tiers de ce que nous payons pour la gestion des déchets », a-t-il ajouté.


M. Gemayel a précisé avoir demandé à M. Kanaan de former une commission d'enquête parlementaire afin de cerner le sujet du gaspillage. « Nous relancerons le procureur général financier, le juge Ibrahim, à propos du recours que nous avons présenté afin que la reddition de comptes soit autant parlementaire, administrative que juridique », a-t-il conclu.
Pour sa part, M. Kanaan a précisé que l'objectif des rencontres de sa commission, qui vont se poursuivre, ne s'inscrira pas seulement dans le cadre de la reddition de comptes, mais s'efforcera de proposer une solution radicale et durable à ce dossier d'une grande complexité. « Des milliards de dollars des fonds des municipalités ont été versés pour financer ce dossier, a-t-il ajouté. Mardi prochain, nous aurons devant nous les contrats dont on a tant parlé. Et à la fin des réunions, nous aurons réuni un dossier complet, car il est inacceptable que cette catastrophe se poursuive. »

 

(Lire aussi : Vers des décharges par régions ?)

 

« Les parties politiques refusent le consensus »
Le dossier des déchets a également été omniprésent dans les entretiens du Premier ministre Tammam Salam avec ses hôtes, les ministres de l'Économie Alain Hakim et du Travail Sejaan Azzi. M. Salam a insisté sur la nécessité d'adopter le plan des décharges.
Pour sa part, M. Azzi a souligné que « le gouvernement accomplit son devoir dans le domaine de la gestion des déchets, mais les parties politiques, qui ont la décision en main, refusent de s'entendre à ce sujet ». Et de poursuivre: « Si le gouvernement avait le pouvoir de décision, les séances de dialogue n'auraient pas été nécessaires. Nous aspirons à une entente entre parties politiques autour du plan des décharges. Le gouvernement et son chef devraient, pour leur part, prendre position de manière plus stricte. En tant que membres du gouvernement, nous sommes responsables, mais pas coupables. »
Interrogé sur « la prise de position stricte » qu'il revendique, M. Azzi a précisé que « le gouvernement devrait adopter le plan des décharges et demander aux ministères concernés ainsi qu'aux forces de l'ordre de l'appliquer ».
Le ministre de l'Information Ramzi Jreige a lui aussi abordé ce sujet avec le Premier ministre. Il a espéré « que ce problème sera tranché une fois pour toutes, en raison des répercussions écologiques et sanitaires ». « Il est prévu que la commission ministérielle chargée du dossier se réunisse demain (aujourd'hui) et il semble que les données soient positives », a-t-il poursuivi.

 

 

 

La commission parlementaire des Finances a ouvert hier en grand la porte des discussions sur le système de gestion des déchets qui a prédominé durant les dix-huit dernières années. La séance à laquelle a appelé le président de la commission, Ibrahim Kanaan, était consacrée à Sukleen – l'opérateur qui a été chargé de la collecte des déchets de Beyrouth depuis 1994, puis de la...

commentaires (3)

C'EST FACILE DE BAVARDER ET DE CRITIQUER COMME CA COMME SI ON ÉTAIT PAS CONCERNÉ DÈS LE DÉBUT.

Gebran Eid

15 h 27, le 02 mars 2016

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Commentaires (3)

  • C'EST FACILE DE BAVARDER ET DE CRITIQUER COMME CA COMME SI ON ÉTAIT PAS CONCERNÉ DÈS LE DÉBUT.

    Gebran Eid

    15 h 27, le 02 mars 2016

  • Remonter dans le temps pour évaluer ce qui s'est passe est très important... MAIS: 1. La priority est de trouver URGEMENT une solution aux déchets qui nous rongent a la place de perdre encore du temps 2. A nouveau, il faut éviter toute perte de temps qui me semble être encore une manœuvre pour gagner du temps afin de developper de nouvelles magouilles 3. Parler et dénoncer est très important... mais il fallait faire tout cela durant les 10 derniers années. La démagogie est devenu une spécialité de notre classe politique libanaise Nous, peuple Libanais, exigeons des solutions adéquates et un arrêt de perdre du temps sur ce sujet!

    Hanna Philipe

    09 h 56, le 02 mars 2016

  • OU ETAIENT LES KATAEBS ET LES CPL TOUS CES ANS ? JOUER DE LA DEMAGOGIE AUJOURD,HUI CROYANT AUGMENTER SA POPULARITE EST PRESQUE UN CRIME...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 32, le 02 mars 2016

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