Après l'échec du plan d'exportation, nous voilà revenus à la case départ. La discussion sur les décharges, sources de tous les refus dans un passé proche, est donc de nouveau sur le tapis. La commission ministérielle présidée par le Premier ministre Tammam Salam poursuit ses réunions à un rythme qui n'a rien à voir avec l'urgence, la prochaine étant prévue demain mercredi. Comme l'a dit le ministre Nabil de Freige au Premier ministre durant la réunion précédente, « mercredi devrait être le dernier délai en vue de trouver une solution pour les déchets empilés dans les rues, faute de quoi nous n'aurons plus qu'à rentrer chez nous ».
Les informations se font, une nouvelle fois, très rares. Toutefois, selon une personnalité politique ayant très bien suivi le dossier, pour faire accepter ces nouvelles décharges à la population, celles-ci devront obéir à... une répartition régionale teintée de couleur confessionnelle. Ainsi, les déchets de la banlieue sud de Beyrouth continueront de s'empiler dans la décharge sauvage (jusque-là) de Costa Brava (du côté de Choueifat), le dépotoir de Bourj Hammoud (qui a servi durant la guerre et qui est fermé depuis 1997 sans être réhabilité) devrait être rouvert pour les régions du Kesrouan et du Metn-Nord, alors que les ordures de Beyrouth et du Metn-Sud iraient de nouveau à Naamé, la décharge sanitaire dont la fermeture a été à l'origine de la crise en juillet dernier.
Selon des sources bien informées, cela signifie surtout le retour à l'ancien système, avec les mêmes acteurs, un système pourtant dénigré depuis le début de la crise des déchets. En effet, même si des sites de décharges sont trouvés (ce qui n'est pas encore gagné), qui pourrait assurer le service sinon le même opérateur, avec le même taux d'enfouissement (plus de 90 %) et de traitement que par le passé ? Aucune autre compagnie ne pourrait en être chargée avant six mois au minimum. Aurions-nous traversé toute cette crise pour finir par réhabiliter un système qui nous a menés à la situation présente, s'interroge cette même source ?
(Lire aussi : Vers une solution pour nettoyer les rues ?)
Alors qu'il visitait une usine de tri nouvellement inaugurée hier à Nabatiyeh, le ministre Mohammad Fneich, bloc du Hezbollah, a eu cette remarque qui est une allusion directe aux vicissitudes récentes par lesquelles est passé le dossier des déchets ménagers : « On ne peut continuer à lancer des appels d'offres brumeux sous une couverture politique, après l'échec de l'opération de l'exportation de déchets sur laquelle nous avions des réserves. Voilà pourquoi il est dorénavant inacceptable que des appels d'offres soient conçus à la mesure de forces politiques précises, parce que le citoyen n'est pas dupe. »
Ce à quoi faisait référence M. Fneich, c'est ce simulacre d'appels d'offres opaques pour l'exportation des déchets, qui a fini par charger une compagnie de négocier des contrats avec des pays étrangers en vue du transport des déchets d'un continent à l'autre à prix d'or. Une aventure qui s'est terminée par des accusations de fraude venant de Russie, la destination présumée des chargements d'ordures. Cependant, quand ce même ministre dit « ne généralisez pas l'accusation » (dans son même discours d'hier), comment croire que toute la classe politique n'a pas un rôle à jouer dans ce ratage monumental, sachant que les atermoiements constatés actuellement durant cette étape de retour aux décharges sont également dus, selon des sources bien informées, aux dissensions politiques ?
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commentaires (7)
LA MEILLEUR, JE VIENS DE LIRE QUE SAMI GEMAYEL PROPOSE UNE ENQUÊTE PARLEMENTAIRE. J'AIME BIEN LE MOT PARLEMENTAIRE. D'OÙ EST CE QU'IL VA CHERCHER LES PARLEMENTAIRES ? CHEZ NOUS IL N'Y A QUE DES PARLEMENTEURS PLUTÔT.
Gebran Eid
16 h 27, le 01 mars 2016