Rechercher
Rechercher

Liban - Interview expresse

« Pas de partitions légales dans la région, mais des dissensions internes »

Le général Élias Hanna, analyste en stratégie, commente pour « L'Orient-Le Jour » les propos tenus récemment par le général américain à la retraite Michael Hayden, ancien patron de la CIA, sur les futurs développements au Moyen-Orient. Celui-ci avait déclaré à la chaîne CNN que le Liban « vacille » et que l'Irak et la Syrie « n'existent plus » (lire encadré). Il a aussi parlé de « l'effondrement de l'ordre international post-Seconde Guerre mondiale ».

« Ce que nous voyons aujourd’hui est l’effondrement de l’ordre international post-Seconde Guerre mondiale », a estimé le 26 février le général Michael Hayden, ancien chef de la CIA et de la NSA, aujourd’hui à la retraite. Photo Saul Loeb/AFP, dans la presse

Qu'a voulu dire Michael Hayden dans sa déclaration à CNN ?

Les Américains considèrent que les seules entités « fixes » dans la région sont, en gros, les anciens empires, comme l'Iran avec lequel ils ont engagé des négociations, ainsi que la Turquie, l'Égypte et Israël. Même si cela ne signifie pas qu'ils ne traversent pas des circonstances difficiles. Tous les pays du Croissant fertile sont, pour eux, des États fragiles et foncièrement instables depuis des siècles.
Ce que Michael Hayden a voulu dire, d'après moi, c'est que nous passons par une étape contextuelle, où de grands changements sont en cours, dans une région qui est dans tous les cas en changement permanent, et où les périodes de stabilité sont une exception qui confirme la règle. Ce changement, fondé sur un nouveau modus operandi, est dû à plusieurs causes. Les Américains ont décidé de s'éloigner et de gérer la situation de loin. Parallèlement, les Russes sont entrés dans le conflit syrien.
Le sort de la région a toujours été décidé par les grandes puissances (comme la France et la Grande-Bretagne, après la Première Guerre mondiale) : actuellement, outre les pays considérés comme « stables », les autres sont le théâtre où s'opère ce changement, notamment l'Irak, la Syrie et le Liban. L'Iran intervient déjà dans ces trois pays.

Que peut-on prévoir pour la région ?

Il n'y aura, d'après moi, pas de partition au sens légal du terme, donc pas de changement de frontières, ce qui aurait nécessité une décision du Conseil de sécurité. Or cela pourrait ne pas convenir à la Russie et à la Chine, qui opposent souvent leur veto au sein de ce Conseil. Ce qui se passera donc, de toute évidence, est une sorte de partition intérieure, matérialisée par des dissensions communautaires, tribales, religieuses... comme celles que nous expérimentons actuellement au Liban.
Il faut reconnaître que les frontières sont devenues moins marquées en pratique : pensez que le Hezbollah intervient dans une zone très vaste en Syrie, alors que le Liban a accueilli plus d'un million de Syriens... Ce qui complique le tout, c'est que la composition de la région est déjà complexe en soi, avec la multiplicité des religions, des communautés, voire des tribus.

Que pourrait-il advenir au Liban ?

Pour ce qui est du Liban plus spécifiquement, je pense que ce que le général Hayden a voulu dire, c'est que plus la crise dure, plus le système du pays pourrait être menacé. Après tout, le Hezbollah lutte aujourd'hui aux côtés de la Russie en Syrie. Il en reviendra avec une expérience enrichie. Quel est le prix politique qu'il exigera au Liban, notamment en l'absence d'un président de la République? Le Hezbollah, l'Iran et la Russie sont en train d'investir actuellement en Syrie, dans leur lutte contre le Front al-Nosra et Daech. Or il faut se mettre en tête que l'instabilité est l'état normal d'une société comme la société libanaise, c'est le contraire qui est l'exception.


Pour mémoire

"Si vous êtes chrétiens libanais, vous allez probablement être décapités", lance Jeb Bush

Michael Hayden surpris en conversation « off » avec la presse

Qu'a voulu dire Michael Hayden dans sa déclaration à CNN ?
Les Américains considèrent que les seules entités « fixes » dans la région sont, en gros, les anciens empires, comme l'Iran avec lequel ils ont engagé des négociations, ainsi que la Turquie, l'Égypte et Israël. Même si cela ne signifie pas qu'ils ne traversent pas des circonstances difficiles. Tous les pays du Croissant...

commentaires (4)

SI TOUS LES PAYS DE LA REGION... ET NON SEULEMENT CEUX NOMMES... SONT INTELLIGENTS ILS ADOPTERONT TOUS LE SYSTEME FEDERAL OU LE : CHACUN CHEZ SOI ET TOUS ENSEMBLE... SYSTEME LARGEMENT REPANDU DE PAR LE MONDE... SINON LES CATASTROPHES ENCOURUES JUSQUE LA NE SERAIENT QUE MINIMES EN COMPARAISON DE CELLES QUI VIENDRAIENT...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 47, le 29 février 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • SI TOUS LES PAYS DE LA REGION... ET NON SEULEMENT CEUX NOMMES... SONT INTELLIGENTS ILS ADOPTERONT TOUS LE SYSTEME FEDERAL OU LE : CHACUN CHEZ SOI ET TOUS ENSEMBLE... SYSTEME LARGEMENT REPANDU DE PAR LE MONDE... SINON LES CATASTROPHES ENCOURUES JUSQUE LA NE SERAIENT QUE MINIMES EN COMPARAISON DE CELLES QUI VIENDRAIENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 47, le 29 février 2016

  • Il me semblerait que le général Michael Hayden ne connaît ni l'islam ni la rivalité sectaire insoluble entre sunnites et chiites. Ce qui se traduit dans son esprit par une vision incomplète sur le Moyen-Orient, ainsi que sur les crises et les guerres qui secouent et sapent cette région.

    Halim Abou Chacra

    06 h 10, le 29 février 2016

  • Après tout, le Hezbollah lutte aujourd'hui aux côtés de la Russie en Syrie. Il en reviendra avec une expérience enrichie. Quel est le prix politique qu'il exigera au Liban." ! Il en revient déjà, affaibli et non "enrichi".... Ne pouvant plus tout exiger du Liban comme auparavant, car les Sunnites du Golfe ont compris qu'il fallait le combattre sur tous les fronts (Irak, Syrie, Yémen etc.) y compris celui du Liban. Allâh yéSStorre !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 31, le 29 février 2016

  • bien que j'admire bcp le general hanna, cette fois ci je ne suis pas d'accords !! il ne faut pas se soumettre au sort la fatalite n'est pas une fin en soi, depuis des siecles oui ce croissant fertile a ete a plus d'une reprise le theatre de conflit mais le changement peu survenir, il va survenir mais il faudrait d'abords que chacun de nous travaille sur soi meme avant de pouvoir ou vouloir changer le peuple ou changer la chose public .. a mon humble avis !!

    Bery tus

    02 h 43, le 29 février 2016

Retour en haut