Qu'a voulu dire Michael Hayden dans sa déclaration à CNN ?
Les Américains considèrent que les seules entités « fixes » dans la région sont, en gros, les anciens empires, comme l'Iran avec lequel ils ont engagé des négociations, ainsi que la Turquie, l'Égypte et Israël. Même si cela ne signifie pas qu'ils ne traversent pas des circonstances difficiles. Tous les pays du Croissant fertile sont, pour eux, des États fragiles et foncièrement instables depuis des siècles.
Ce que Michael Hayden a voulu dire, d'après moi, c'est que nous passons par une étape contextuelle, où de grands changements sont en cours, dans une région qui est dans tous les cas en changement permanent, et où les périodes de stabilité sont une exception qui confirme la règle. Ce changement, fondé sur un nouveau modus operandi, est dû à plusieurs causes. Les Américains ont décidé de s'éloigner et de gérer la situation de loin. Parallèlement, les Russes sont entrés dans le conflit syrien.
Le sort de la région a toujours été décidé par les grandes puissances (comme la France et la Grande-Bretagne, après la Première Guerre mondiale) : actuellement, outre les pays considérés comme « stables », les autres sont le théâtre où s'opère ce changement, notamment l'Irak, la Syrie et le Liban. L'Iran intervient déjà dans ces trois pays.
Que peut-on prévoir pour la région ?
Il n'y aura, d'après moi, pas de partition au sens légal du terme, donc pas de changement de frontières, ce qui aurait nécessité une décision du Conseil de sécurité. Or cela pourrait ne pas convenir à la Russie et à la Chine, qui opposent souvent leur veto au sein de ce Conseil. Ce qui se passera donc, de toute évidence, est une sorte de partition intérieure, matérialisée par des dissensions communautaires, tribales, religieuses... comme celles que nous expérimentons actuellement au Liban.
Il faut reconnaître que les frontières sont devenues moins marquées en pratique : pensez que le Hezbollah intervient dans une zone très vaste en Syrie, alors que le Liban a accueilli plus d'un million de Syriens... Ce qui complique le tout, c'est que la composition de la région est déjà complexe en soi, avec la multiplicité des religions, des communautés, voire des tribus.
Que pourrait-il advenir au Liban ?
Pour ce qui est du Liban plus spécifiquement, je pense que ce que le général Hayden a voulu dire, c'est que plus la crise dure, plus le système du pays pourrait être menacé. Après tout, le Hezbollah lutte aujourd'hui aux côtés de la Russie en Syrie. Il en reviendra avec une expérience enrichie. Quel est le prix politique qu'il exigera au Liban, notamment en l'absence d'un président de la République? Le Hezbollah, l'Iran et la Russie sont en train d'investir actuellement en Syrie, dans leur lutte contre le Front al-Nosra et Daech. Or il faut se mettre en tête que l'instabilité est l'état normal d'une société comme la société libanaise, c'est le contraire qui est l'exception.
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Les Américains considèrent que les seules entités « fixes » dans la région sont, en gros, les anciens empires, comme l'Iran avec lequel ils ont engagé des négociations, ainsi que la Turquie, l'Égypte et Israël. Même si cela ne signifie pas qu'ils ne traversent pas des circonstances difficiles. Tous les pays du Croissant...
commentaires (4)
SI TOUS LES PAYS DE LA REGION... ET NON SEULEMENT CEUX NOMMES... SONT INTELLIGENTS ILS ADOPTERONT TOUS LE SYSTEME FEDERAL OU LE : CHACUN CHEZ SOI ET TOUS ENSEMBLE... SYSTEME LARGEMENT REPANDU DE PAR LE MONDE... SINON LES CATASTROPHES ENCOURUES JUSQUE LA NE SERAIENT QUE MINIMES EN COMPARAISON DE CELLES QUI VIENDRAIENT...
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 47, le 29 février 2016