Joumblatt : Pitié pour la majorité silencieuse !

« Le Liban et son peuple courent un danger qui vient de plusieurs directions à la fois », a affirmé hier Walid Joumblatt sur son compte Twitter. Et d'ajouter : « Les déclarations irresponsables menacent les Libanais de l'étranger. Il nous faut changer d'attitude pour parvenir à une entente et une unanimité interne, par pitié pour la majorité silencieuse qui n'a rien à voir avec les conflits régionaux. »
Par ailleurs, dans de courtes séquences publiées sur son compte au cours de ces trois derniers jours, M. Joumblatt a flétri la réunion du Conseil des ministres de lundi, affirmant : « Au bout de six heures de débats, l'autorité suprême du moment, le Conseil des ministres, a vomi, pardon, a publié une déclaration très étudiée de solidarité avec le monde arabe, reconnaissant avoir commis une erreur mineure à l'égard de l'Arabie saoudite. Et la bonne nouvelle, c'est que notre talentueux et exceptionnel ministre des Affaires étrangères l'a approuvée, dans l'espoir de rapatrier les milliards gelés, consacrés aux armes.
« Entre-temps, Rifi fait bouger les foules, sans que l'on sache dans quelle direction, et Alice Chaptini prend fermement le contrôle du ministère de la Justice. Et la vie continue. À cause d'un égarement sans issue, un déluge de dettes et de pourrissement interne qui risque de nous submerger (...). Les beaux discours se succèdent, où tout le monde se gargarise de mots, mais un jour nous nous enfoncerons dans les déficits et les dettes, et toutes les études que nous aurons conduites ne serviront plus à rien. C'est comme si nous nous tirions une balle dans le pied, comme discourir devant un miroir (...). Mais attention aux Ides de Mars ! Le trou noir est juste devant nous. Cessons de fuir la réalité. Regardons-la en face. Tous, l'un après l'autre, finirons pas tomber. Cessons de danser au bord de l'abîme. »
Par ailleurs, M. Joumblatt a fait l'éloge du président du Conseil, Tammam Salam. « Je ne peux que faire son éloge et lui souhaiter un surcroît de patience et de sagesse », a-t-il écrit, demandant à l'opinion et aux médias de « bien l'appuyer en ces heures graves ».
« Il ne sert à rien de se résigner ; ce n'est pas la bonne réponse, a repris le leader du PSP. À tous les politiciens et tous les responsables je dis : "Évitons le trou noir qui est devant nous, car nul ne peut prévoir l'issue finale des événements de la région. Nous sommes dans des sables mouvants. Il s'agit d'un grand puzzle dessiné par les grandes puissances dans un énorme bain de sang". »
« Nous attendons (tout de même) l'élection à venir d'un président et souhaitons que cela se produise le plus rapidement possible », a conclu M. Joumblatt.
Signalons enfin que M. Joumblatt a reçu mardi soir à son domicile de Beyrouth le cheikh Akl druze, Naïm Hassan.