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Liban - L’éclairage

Le 8 Mars a laissé passer la chance de propulser son candidat à la présidence

Ce qui est sûr c'est que le gel par l'Arabie saoudite du don de trois milliards de dollars destiné à l'armée libanaise et son impact sur la scène politique libanaise ont eu pour effet direct de torpiller le maigre espoir qu'un président de la République puisse être élu le 2 mars prochain. En effet, les récents efforts diplomatico-politiques avaient donné l'impression qu'un déblocage pouvait se profiler à l'horizon de la présidentielle, et ce avant le printemps prochain. Mais c'était sans compter le drame diplomatique qui oppose désormais le Liban à l'Arabie et dont les conséquences concrètes se sont traduites par le gel de la donation destinée à l'armée et la réaction de la coalition du 14 Mars qui est montée au créneau mardi dernier afin de réaffirmer, par le biais d'un communiqué de compromis, l'identité et l'attachement arabes du pays.

Conséquence de ces développements de dernière heure, tout porte à croire que le Hezbollah et ses alliés seront amenés à poursuivre leur boycott de la 38e séance parlementaire électorale tendant à élire un successeur à Michel Sleiman. Retour donc à la case départ en ce qui concerne ce dossier pourtant plus que brûlant. Mais ce qui est sûr, c'est que le 8 Mars a raté sa chance de voir l'un de ses candidats accéder à Baabda, puisque malgré l'accord du 14 Mars de valider deux candidatures ayant l'agrément du Hezbollah, le 8 Mars continue de bloquer l'élection présidentielle.

Le raisonnement du 14 Mars était en somme le suivant : valider les deux candidatures de Sleiman Frangié et de Michel Aoun, accorder par conséquent la présidence au 8 Mars en conservant, en échange, la présidence du Conseil. Le Hezbollah en réaction est monté au créneau en assujettissant l'arrivée d'un Premier ministre du 14 Mars au Sérail à une panoplie de conditions préalables. De plus, il a ces derniers jours tenté d'exercer une pression suffisante sur Saad Hariri pour le contraindre à retirer le soutien qu'il affiche depuis la réunion de Paris à la candidature de Sleiman Frangié et qu'il valide celle de Michel Aoun.

Mais le fait est que les récents développements diplomatiques qui ont secoué les relations libano-saoudiennes ont définitivement tiré un trait sur les candidatures des deux hommes, et plus globalement sur la possibilité pour le Hezbollah et ses alliés d'imposer un candidat de leur choix. C'est une nouvelle étape qui s'annonce et qui met un point final sur ce que le parti chiite avait un temps considéré comme une victoire politique à l'aune des derniers développements dans la région. Michel Aoun, et notamment après les déclarations du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil concernant l'Arabie saoudite, est définitivement perçu comme le candidat de l'Iran. D'autre part, Sleiman Frangié est perçu sur le plan régional comme l'homme de la Syrie et ne pourra bénéficier du soutien des grandes puissances. En clair, le Hezbollah est bloqué car il a, d'une part, laissé passer le momentum qui aurait pu lui permettre de porter son candidat à Baabda et, d'autre part, il est politiquement incapable d'assurer les voix nécessaires au Parlement pour garantir l'élection du candidat de son choix. La seule arme dont il dispose donc aujourd'hui demeure le blocage, en empêchant la garantie du quorum nécessaire à la tenue de l'élection.

La question qui se pose toutefois aujourd'hui est de savoir si le Hezbollah peut continuer à subsister sans président de la République ou s'il va, à un moment donné, avoir besoin de se fondre dans la vie politique locale pour s'assurer une certaine légitimité dont il pourrait bien avoir besoin. L'autre question est de savoir si les récents développements en Syrie sont en sa faveur, car la récente annonce d'un cessez-le-feu par les États-Unis et la Russie, et leur détermination à continuer à combattre les groupes extrémistes sont de nature à placer le parti dans l'embarras. De plus, avec la mise en application du cessez-le-feu, quel sera le destin des combattants du Hezbollah qui ont passé la frontière ? Reviendront-ils au Liban ? Et selon quelle formule ? Resteront-ils postés du côté syrien de la frontière pour empêcher toute infiltration de jihadistes ? Autant de questions qui demeurent pour l'heure sans réponse.

Certains observateurs posent aujourd'hui la question de savoir si tant le 14 que le 8 Mars sont capables de tirer profit de la confusion qui prévaut au niveau régional pour tenter de pallier à la vacance qui prévaut à tous les niveaux de l'État, surtout que la situation économique et sécuritaire est fragile et qu'elle nécessite plus que jamais une couverture politique. Un diplomate en poste à Paris confie à cet égard que la France est en passe d'initier une prise de contact avec Téhéran et Riyad dans l'espoir de faciliter l'élection d'un président à Beyrouth. De plus, le Quai d'Orsay envisage de dépêcher son directeur des Affaires du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord en Iran le 26 février, puis en Arabie pour tenter de débloquer le don des 3 milliards de dollars destinés à l'armée libanaise et gelé la semaine dernière par Riyad. Il ajoute que la fabrication des armes commandées par les Saoudiens n'aurait pas été suspendue, mais que l'Arabie exige désormais d'en contrôler la manière dont elles seront livrées aux soldats libanais.

 

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Ce qui est sûr c'est que le gel par l'Arabie saoudite du don de trois milliards de dollars destiné à l'armée libanaise et son impact sur la scène politique libanaise ont eu pour effet direct de torpiller le maigre espoir qu'un président de la République puisse être élu le 2 mars prochain. En effet, les récents efforts diplomatico-politiques avaient donné l'impression qu'un déblocage...

commentaires (4)

TOUS CES GÉNÉRAUX QUI ONT ACCÉDÉ SUR LA TÊTE DE L'ARMÉE NE SONT QUE DES FAUX. SAUF IBRAHIM TANNOUS QUE AMINE GEMAYEL L'A VIRÉ POUR NOUS AMENER MICHEL AOUN. DONC IL FAUT PAS ATTENDRE QUELQUE CHOSE POSITIF DE CE CÔTÉ.

Gebran Eid

15 h 21, le 25 février 2016

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Commentaires (4)

  • TOUS CES GÉNÉRAUX QUI ONT ACCÉDÉ SUR LA TÊTE DE L'ARMÉE NE SONT QUE DES FAUX. SAUF IBRAHIM TANNOUS QUE AMINE GEMAYEL L'A VIRÉ POUR NOUS AMENER MICHEL AOUN. DONC IL FAUT PAS ATTENDRE QUELQUE CHOSE POSITIF DE CE CÔTÉ.

    Gebran Eid

    15 h 21, le 25 février 2016

  • Donc Mr. Abi-Akl votre analyse très pertinente rejoint mon point de vue qui est simplement que le Hezbollah a tout perdu avec son intervention en Syrie. Des hommes en veux tu en voila, du materiel a gogo, de la crédibilité a perte de vue et surtout des voix pour les prochaines elections. Donc il ne rentrera qu'affaibli et les deux seules options qui lui resteront sont: 1-Négocier la grace de ses dirigeants mêlés aux assassinats des opposants du 14 Mars contre la remise de leurs armes a l’armée, 2-La guerre. En attendant, le parti continuera a bloquer le plus longtemps possible les institutions espérant obtenir quelque chose en contrepartie pour justifier son intervention en Syrie et tous les morts et pertes inutiles qu'a subit le Liban en consequence de ses actes. Sur ce, les membres du 14 Mars se doivent de durcir leurs positions, sur toute la ligne, et n'offrir que la grace contre leur integration dans la vie politique. Le temps ne joue plus en sa faveur mais bien au contraire. Un parti averti en vaut deux!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 23, le 25 février 2016

  • REVENT QUI CROIENT EN UNE TELLE CHOSE... ILS NE VEULENT PAS DE PRESIDENT... ILS ONT LA MAINMISE POUR DEVISE ET VISENT LES ASSISES... OU LE RETRAIT COMME SURPRISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 11, le 25 février 2016

  • Point de vue tres interessant...et analyse pertinente Il semble aussi en pensant a ces fameux 8 Mars / 14 Mars et sauf erreur de ma part que la somme de 8 et de 14 font 22... Or le 22 est le chiffre qui me rappelle le 22 Nov...loll...I.N.D.E.P.E.N.D.A.N.C.E Sommes nous devenus un pays ou le president est designe d'avance ou serait il temps de mettre fin a ce jeu de dupes ? Ne faudrait il pas penser au chiffre 22 et demander a l'armee d'amener manu militari tous les deputes au parlement et de leur imposer de VOTER.... Que celui des trois candidats designes qui remporte le plus de voix, GAGNE que ce soit au premier tour, au second tour ou au troisieme tour....zuuuut !!! approche trop simpliste,me dirait un copain...Nous sommes au Liban s'il n' y a pas de makhlouta ce n'est pas le Liban. Cela s'appelle la schizophrenie libanaise.

    Pierre Moise

    06 h 36, le 25 février 2016

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