Face au revirement saoudien dans l'affaire du « DONAS », à savoir le contrat tripartite portant sur l'aide militaire de 3+1 milliards de dollars au Liban, Paris se cantonne dans une attitude d'expectative tout en regrettant que les choses se passent ainsi. D'autant que ce marché avait fait l'objet de laborieuses négociations depuis que feu le roi Abdallah avait annoncé officiellement au président François Hollande que son pays financerait cette aide dont le Liban, pays ami des deux parties, avait grandement besoin, son armée étant en première ligne à sa frontière nord-est face aux jihadistes.
Une source proche du ministère français de la Défense affirme que le gouvernement français ne peut intervenir dans le différend saoudo-libanais mais déplore la suspension de l'accord tout en rappelant que la relation contractuelle franco-saoudienne ne saurait être affectée puisque Riyad a honoré jusqu'ici ses engagements financiers et que la production du matériel prévu par le contrat se poursuit.
De source gouvernementale, on apprend que le souci principal de la France est que le bailleur de fonds ne se rétracte pas et que le ministère de la Défense, maintenant installé rue Balard, souhaite vivement que l'Élysée et le Quai d'Orsay parviennent à arranger les choses.
Interrogé par L'Orient-Le Jour sur la demande du prince Mohammad ben Salmane, vice-prince héritier et ministre saoudien de la Défense, d'écarter l'ODAS (Organisme mixte chargé de veiller à la bonne exécution des marchés d'armement français conclus avec l'étranger) du marché tripartite, un responsable français a rappelé que l'ODAS avait été créé à la demande de l'Arabie saoudite qui entendait ainsi mettre fin aux exigences d'intermédiaires – dont des hommes d'affaires libanais – lors de contrats précédents d'armement.
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Du côté du Quai d'Orsay, le porte-parole Romain Nadal avait commenté lundi l'affaire du contrat franco-libano-saoudien en ces termes :
« L'engagement de la France aux côtés du Liban pour protéger ce pays des conséquences de la situation dans la région fait partie de notre stratégie au Proche-Orient. Le programme DONAS financé par l'Arabie saoudite a pour objectif de contribuer à l'équipement des forces armées nationales au Liban afin de leur permettre de protéger le pays en toute indépendance. Nous poursuivons notre dialogue avec les autorités saoudiennes et libanaises pour atteindre cet objectif. » Comprendre que la diplomatie française, à la demande de la rue Balard et des industries d'armement de l'hexagone, veut que le DONAS reprenne dans le respect des engagements de toutes les parties et conformément au calendrier prévu au double niveau de la production et des règlements financiers.
Pour Paris, en effet, le pire serait que le matériel commandé soit détourné pour aller vers d'autres destinataires que le Liban, ce qui contraindrait le pays du Cèdre à trouver d'autres fournisseurs d'armes tels que la Russie, les États-Unis et même l'Iran.
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commentaires (7)
La France pouvait nous armer depuis longtemps. Seulement comment va t elle désobéir à Washington ? La chasse gardée des USA sur Israel interdit tout aide efficace au Liban, c'est vrai Chirac, pas plus que F.Hollande ne sont capables de bravoure et d'actions Chirac a été un bon maire de Paris , efficace, et un minable Président Normal 1er on l'a tous les jours à la TV qui trainent ses casseroles Même la Russie ne nous aidera pas. Je pense qu'il y a des accords cachés entre Israel et la Russie La seule voie qui nous reste : le Hezbollah dépose les armes, l'armée s'en équipe, et nous vivrons enfin en paix
FAKHOURI
16 h 14, le 24 février 2016