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Culture - Exposition

Empreinte photographique d’une époque disparue

Le partenariat de l'Office du tourisme du Liban avec les institutions culturelles parisiennes se poursuit, avec une exposition de Tony Hage à la Maison européenne de la photographie à Paris*.

Gérard Depardieu, 1985. Photo Tony Hage

Se glisser inopinément à la table d'Yves Saint Laurent qui fume une cigarette au côté de Catherine Deneuve ;
attraper au vol Jean Paul Gaultier sortant de coulisses en entraînant avec lui la traditionnelle mariée qui clôture les défilés, ou encore Madame Grès qui chuchote à l'oreille d'un mannequin... Voilà le quotidien du photographe de presse, il y a une trentaine d'années. Un métier sportif, dans lequel Tony Hage se souvient avoir « grimpé sur les podiums » des plus grands défilés de la Fashion Week et « gravi les marches du Festival de Cannes » parmi les stars. Il explique que le photographe de presse ne noue pas de complicité avec son sujet. Au contraire, « documenter un événement se fait en gardant des distances avec les sujets, une certaine discrétion ». Agir à pas de loup et observer sans se faire remarquer sont les règles d'une photographie prise sur le vif, d'où surgit une paradoxale proximité avec les sujets
La commissaire de l'exposition, Cristianne Rodrigues, met l'accent sur la valeur de témoignage de cette série de photographies prises dans les années 80. Elle souligne la profonde mutation du monde de la mode à cette période, qui voit la confidentialité des défilés muer en spectacles publics. Les stylistes entament une révolution esthétique, en élargissant le champ de leur création, dans de grandioses mises en scène de haute couture. Tony Hage a pu refléter, à travers son regard, cette énergie audacieuse mêlant à la présentation de vêtements chorégraphies et scénographies raffinées. On peut ainsi voir, arrêté dans le temps, un jeune mannequin saluant dans son costume sous une pluie de confettis blancs. Également, Marie Seznec Martinez, à l'impressionnante coiffure ornée d'oiseaux, apparaît dans un sombre et onirique décor de murs boisés envahis de verdure.

Les nouvelles machines enregistreuses
Au-delà de la valeur historique de ces photos, on remarque le point de vue singulier du photographe sur ces événements. Dans celle-ci, une foule au premier plan laisse entrevoir Issey Myake lever son chapeau en l'air, à travers une opportune trouée au centre de l'image. Dans cette autre, Sophia Loren jette un regard à travers la vitre de sa voiture, le visage à moitié dissimulé par une impressionnante manche bouffante. Ou encore dans celle-là, le photographe capture Anne-Marie Beretta, cadrée par une sombre silhouette au premier plan qui rythme la composition, à l'image du graphisme architectural des vêtements de la styliste. Ces images prises sur le vif relèvent d'une sensibilité, une constitutive liberté de mouvement du photographe, qui n'existe plus aujourd'hui. C'est principalement ce que regrette Tony Hage, inculpant l'immobilisation actuelle des photographes de presse. « Quand vous êtes tous derrière les mêmes barrières, et que vous avez tous le même point de vue, vous devenez une machine enregistreuse. » Si l'objectif de l'exposition n'est pas un réquisitoire contre les conditions actuelles de la photographie de presse, elle a le mérite de rappeler la qualité d'un point de vue photographique disparu.

* Tony Hage, « Pris sur le vif », jusqu'au 27 mars 2016 à la MEP, Paris.

Se glisser inopinément à la table d'Yves Saint Laurent qui fume une cigarette au côté de Catherine Deneuve ;attraper au vol Jean Paul Gaultier sortant de coulisses en entraînant avec lui la traditionnelle mariée qui clôture les défilés, ou encore Madame Grès qui chuchote à l'oreille d'un mannequin... Voilà le quotidien du photographe de presse, il y a une trentaine d'années. Un...

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