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Liban - Interview

Abou Meghli : Le Pnue ne supervisera pas l’exportation des déchets

Le représentant régional du Programme des Nations unies pour l'environnement répond aux critiques adressées à son agence suite aux rumeurs d'intervention dans l'exportation des déchets et explique son rôle futur dans le plan durable.

REUTERS/Aziz Taher

Au cours des derniers jours, une polémique a surgi au sujet de ce que certains membres de la société civile ont considéré comme une incertitude autour du rôle du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) dans la supervision de la future exportation des déchets du Liban vers la Russie. Un rôle pourtant confirmé dans des déclarations du ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb (voir L'Orient-Le Jour du 1er février). Alors, supervisera ou ne supervisera pas ?

Interrogé par L'Orient-Le Jour hier, peu avant son départ du Liban, Ayad Abou Meghli, représentant régional du Pnue, veut clarifier la position de son agence. « Nous étions très honnêtes dès le départ, autant avec les autorités qu'avec la société civile, avec laquelle nous avons engagé un dialogue lundi au cours d'une audience publique, dit-il. Nous avons clairement déclaré que nous n'avons pas été engagés dans le processus de négociations et de rédaction du contrat, nous ne pouvons pas, par conséquent, accepter de faire simplement partie de l'équipe technique qui supervise des détails comme l'embarquement des déchets, leur transport, etc. »

D'où est donc née cette polémique sur le rôle du Pnue dans cette affaire, confirmé dans des déclarations de responsables ? M. Abou Meghli détaille l'implication de son agence auprès du gouvernement libanais ces derniers mois : selon lui, quand le Pnue a constaté l'orientation du gouvernement libanais en faveur de l'option de l'exportation, il a proposé au ministre en charge du dossier, Akram Chehayeb, une assistance pour la mise au point d'un cahier des charges et l'organisation d'un appel d'offres international et transparent en vue du choix des compagnies. « Nous avons déclaré avoir besoin de trois à six mois, le ministre nous a répondu qu'il n'y avait pas de temps, et les choses ont pris un autre cours », ajoute-t-il. Sachant que plus de trois mois se sont écoulés sans que l'exportation, telle que menée par le gouvernement, ne donne de résultats...

Et de poursuivre : « Suite au processus engagé par le gouvernement qui a mené au choix des compagnies, M. Chehayeb nous a demandé de superviser l'opération d'exportation elle-même. Nous avons répondu que nous ne pouvons pas simplement faire partie de l'équipe technique, mais que nous pouvons présenter des conseils juridiques et autres sur la conformité des procédures avec la convention de Bâle (NDLR : qui relève du Pnue et dont le Liban est signataire). Nous pouvons recommander au gouvernement des bureaux internationaux de consultation et de supervision qui leur permettront de s'assurer que tout se passe dans les normes. »


(Lire aussi : Le gouvernement débloque (enfin) 50 millions de dollars pour financer l’exportation des déchets)


M. Abou Meghli souligne ainsi que le Pnue n'a pas été engagé dans le processus de pourparlers avec les compagnies ou de la rédaction du contrat. En tant qu'agence dont relève la convention de Bâle, le Pnue ne peut-il pas intervenir quand un doute plane sur une opération quelconque ? Quelles sont les limites de ses prérogatives ? « Nous ne pouvons intervenir pour évaluer une quelconque opération que dans le cas où un pays s'estime lésé et porte plainte auprès du secrétariat de la convention de Bâle, qui sera alors chargé de former une commission d'enquête », souligne M. Abou Meghli.

La société civile affirme avoir demandé de ne pas couvrir les irrégularités qui entachent ce dossier. Que répondez-vous à cela ? « De telles allégations sont inexactes, dit-il. Nous ne couvrons rien ni personne, nous sommes une autorité internationale indépendante qui aide simplement les États à atteindre leurs objectifs. » Il fustige particulièrement les propos tenus par certains selon lesquels le Pnue pourrait profiter d'une partie du budget de la supervision de l'exportation (quatre dollars par tonne) en contrepartie de « services ». « C'est absurde, dit-il. Nous voulons au contraire drainer un soutien financier pour la gestion des déchets au Liban, accordé par des pays amis ou des organisations internationales. Comment, dans ce cas, accepterions-nous de profiter du budget alloué à l'exportation ? »

Un comité autonome pour la gestion des déchets
À propos de budgets, le représentant régional du Pnue précise que le Japon est disposé à apporter son soutien à un programme de renforcement des capacités des municipalités, dans le cadre duquel seront notamment organisées des sessions de formation pour les employés municipaux et autres personnes concernées. La Belgique compte également, selon lui, proposer d'assister le Liban dans la gestion des déchets.


(Lire aussi : Les écologistes au Pnue : N'acceptez pas de superviser l'exportation)


Le Pnue devra donc jouer un rôle dans l'élaboration d'un plan durable pour la gestion des déchets. Quel sera-t-il ? « Nous voulons aider le Liban à définir une vision pour les cinquante ans à venir, avec un objectif de réduction des déchets à la base, jusqu'à atteindre le concept de zéro déchet, explique M. Abou Meghli. Cela impliquera des politiques au niveau de l'importation de produits de façon à réduire la production de restes. Cela veut dire aussi qu'il faudra effectuer un classement des déchets par type, ceux-ci nécessitant des traitements différents. Mais, surtout, il faudra former un comité autonome pour la gestion des déchets, qui pilotera les actions du secteur public et du secteur privé, qui devra être impliqué dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises. »

Il précise que le Premier ministre Tammam Salam a déjà demandé au ministère de l'Environnement de signer un protocole avec le Pnue en vue de cette collaboration future, un texte qui devra également être approuvé par les ministères des Affaires étrangères et de la Justice.
Le gouvernement a son propre plan durable basé sur une décision de 2010 de recourir à la technique de « Waste to Energy » (une sorte d'incinération avec récupération des gaz et production d'énergie). Qu'en pense le Pnue et comment ses efforts futurs peuvent-ils s'insérer dans ce cadre ? « Je pense simplement qu'il faut accorder la priorité à des études précises sur la nature des déchets au Liban, puis à l'élaboration d'une stratégie basée sur ses résultats, répond le représentant du Pnue. C'est à la lumière de ces études qu'il sera possible de décider des technologies à adopter. »

L'État et la société civile ont des vues radicalement différentes sur ce dossier. Comment le Pnue pense-t-il dépasser les dissensions dans ses collaborations futures avec les composantes du paysage libanais? « Nous avons bon espoir de devenir un facteur de rassemblement, dit-il. Le parcours risque d'être un peu compliqué, mais nous voudrions rapprocher les points de vue autour d'une stratégie commune. »

 

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commentaires (4)

Méghléééh ! Pourquoi pas M'halbïyéhhh alors ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 49, le 16 février 2016

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Commentaires (4)

  • Méghléééh ! Pourquoi pas M'halbïyéhhh alors ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 49, le 16 février 2016

  • ABOU MSA2A3 FERAIT BIEN MIEUX LE JOB...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 39, le 15 février 2016

  • Du Méghléééh ! Mabroûk ! Ah ! Pour des "Ordurues" ? Non, Merci !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 16, le 14 février 2016

  • Nous voulons aider le Liban à définir une vision pour les cinquante ans à venir Nous pouvons recommander au gouvernement des bureaux internationaux de consultation et de supervision qui leur permettront de s'assurer que tout se passe dans les normes. » ENCORE DES MOUCHES DU COCHE INTERNATIONALES GRANDILOQUENTES QUI PARLENT DE NORMES ,DE CONSULTATIONS ET DE RECOOMENDATIONS DE CINQUANTE ANNEES A VENIR ET QUI VIENNENT TOUJOURS TRES TARD ET TROP TARD.ET QU'ONT FAIT CES NORMES,CES CONSULTATIONS ET CES RECOMMENDATIONS DU PNUE POUR EMPECHER QUE LA POLLUTION NE PARVIENNE A TUER PLUS DE 5 MILLIONS L' ANNEE PASSEE?

    Henrik Yowakim

    04 h 48, le 14 février 2016

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