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Économie - Focus

Primaires américaines : cachez cet argent que je ne saurais voir

Alors que le financement des campagnes engendre des soupçons, certains candidats tentent de prouver qu'ils ne sont pas inféodés à de riches donateurs.

Pour le candidat démocrate Bernie Sanders (à gauche), les comités d’action politique qui soutiennent les candidats à coups de millions « minent la démocratie américaine ». Jim Young/Reuters

Un « socialiste » revendiqué et un patron ultralibéral: tout semble séparer le démocrate Bernie Sanders et le républicain Donald Trump, qui viennent d'électriser la course à la Maison-Blanche en remportant les primaires du New Hampshire. Mais ils ont un point commun : leur campagne prospère sans l'aide de ces comités d'action politique (« Super Pacs ») qui soutiennent leurs rivaux à coups de millions de dollars d'argent privé, alimentant l'image de candidats inféodés à leurs riches donateurs.

Tous deux en ont d'ailleurs fait un argument de campagne imparable. « (C'est) un système qui mine la démocratie américaine dans lequel des milliardaires, Wall Street, les milieux d'affaires peuvent débourser des sommes illimitées d'argent (...) pour des candidats », a lancé le sénateur Sanders. Son trésor de guerre (75 millions de dollars) repose sur des contributions d'électeurs dont le montant moyen est, selon lui, de 27 dollars.
Sa rivale pour l'investiture démocrate Hillary Clinton a, elle aussi, levé des montagnes de dollars auprès des particuliers – dans la limite légale de 2 700 dollars par personne – mais elle doit se battre contre des soupçons de collusion avec Wall Street. Son handicap : le « Super Pac » qui lui est dédié – mais sur lequel elle n'est pas censée avoir d'influence directe – a récolté quelque 41 millions de dollars dont plus d'un tiers du secteur financier, notamment de l'investisseur milliardaire George Soros (7 millions à lui seul), selon les données du Center for Responsive Politics.

Côté républicain, Donald Trump affiche également son refus d'être « contrôlé » par les donateurs qui auraient « corrompu » le système. Il peut se le permettre et finance sa campagne avec sa fortune personnelle évaluée à 4,5 milliards de dollars. Tous ses rivaux comptent en revanche sur ces « Super Pacs » aux donations illimitées, qui sont apparus depuis 2010 et la suppression progressive des freins au financement politique par les entreprises. Le « Right to Rise », qui roule pour le républicain Jeb Bush, a ainsi levé 118 millions de dollars pour financer publicités et envois de courrier, sans pour autant sortir le candidat des profondeurs des sondages.
« L'argent ne peut pas combler les lacunes d'un mauvais candidat, mais il permet de le maintenir en vie alors qu'il devrait déjà être hors course, affirme à l'AFP Lawrence Noble, un ancien responsable de la Commission électorale fédérale (FEC). Les Super Pacs faussent la campagne. »

Soupçon généralisé
L'issue même du scrutin peut être en jeu. « Quand la course est serrée et que chaque vote compte, ces Super Pacs peuvent faire la différence », affirme à l'AFP Norman Eisen, ex-conseiller du président Barack Obama sur les questions d'éthique.
À de très rares exceptions près, les entreprises ne participent certes pas directement à ces « Super Pacs ». « Elles ne veulent pas être vues comme trop proches d'un parti de peur de mécontenter leurs clients et leurs actionnaires », analyse pour l'AFP Bob Biersack, du Center for Responsive Politics. Ce sont en réalité leurs dirigeants ou leurs proches qui mettent la main au portefeuille. Le patron du groupe informatique Oracle, Lawrence Ellison, a par exemple donné 3 millions de dollars à un comité pro-Marco Rubio. Certains le font par pur idéologie mais d'autres espèrent un précieux retour sur investissement : un accès privilégié au potentiel futur président des États-Unis.

Une telle proximité a toutefois un coût politique. « Vous sapez votre crédibilité quand vous acceptez autant d'argent de dirigeants. Vos décisions, même les plus solidement fondées, seront toujours vues avec suspicion », soutient M. Noble. « C'est cette malédiction qui semble frapper Hillary Clinton. Citez une chose sur laquelle ils m'ont influencée! a-t-elle imploré au sujet des banquiers de Wall Street. Je suis là tous les jours à m'en prendre à eux. »
Le soupçon généralisé est toutefois tenace et prospère à la faveur de certaines zones d'ombre. Les entreprises peuvent ainsi, dans la plus grande opacité, financer directement des organisations à but non lucratif (Americans For Prosperity, US Chamber of Commerce...) qui déversent ensuite des millions de dollars dans le système politique. « Les Super Pacs sont une mauvaise chose mais ces organisations sont encore pires », selon M. Eisen.

 

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