Rechercher
Rechercher

Économie - Conférence

Les banques libanaises face aux enjeux de la lutte contre le financement du terrorisme

Un forum consacré hier aux répercussions des sanctions internationales contre le financement du terrorisme sur le secteur a mis en exergue les difficultés et risques de sa mise en conformité.

Avec la multiplication des listes noires, les banques doivent être de plus en plus vigilantes. Photo D. R.

« La lutte contre le terrorisme passe par une variété de mesures à prendre afin d'éliminer et de réduire les financements de ses bailleurs de fonds, et cela suppose une coopération étroite entre tous les organismes au double niveau international et local », lance le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, lors de l'inauguration du forum : « Sanctions internationales : impact et répercussions sur l'économie arabe et les banques », organisé par l'Union des Banques arabes (UBA) et l'Union internationale des banquiers arabes (UIBA), hier, à l'hôtel Phoenicia. Les banques libanaises ont ainsi été conviées pour échanger leurs bonnes pratiques quant à leur mise en conformité avec les normes internationales et les sanctions américaines en termes de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent.

Car, depuis décembre, le Liban doit s'adapter aux conséquences du « Hezbollah International Financing Prevention Act of 2015 » pris par le Congrès américain pour resserrer l'étau autour du réseau financier du parti via une traque des banques ayant des liens avec ce dernier. « Il est important que les banques libanaises restent vigilantes avec ce type de sanctions, si elles veulent maintenir des relations avec les banques américaines. Mais, en même temps, elles doivent gérer cela en interne, car le Hezbollah fait partie de l'État (...), c'est un lourd défi à relever », explique à L'Orient-Le-Jour Chip Poncy, l'ancien directeur du Bureau de la politique stratégique contre le financement du terrorisme au département du Trésor américain. De fait, en tant que pays dollarisé, « le Liban n'a pas d'autre option que de s'adapter à ces nouvelles sanctions », convient Wissam Fattouh, secrétaire général de l'UAB. « Mais il y reste des problèmes techniques à régler pour les députés et membres du gouvernement affiliés au Hezbollah. Si un nom est sur la liste noire américaine de l'Office of Foreign Assets (OFAC), la banque doit fermer ce compte. Mais l'une des solutions (pour les députés et ministres, NDLR) est d'utiliser la livre libanaise (plutôt que le dollar, NDLR), car cette devise obéit à la loi libanaise », dit-il.
« En tout cas, pour trouver une solution, il faut qu'il y ait un vrai dialogue », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Sanctions contre le Hezbollah : les banquiers semblent sereins)



Diminution des risques

Or, avec des listes noires qui s'allongent, les départements de mise en conformité des banques doivent être de plus en plus vigilants : « Il existe énormément de sanctions, et bon nombre d'entre elles incluent des personnes physiques ou morales dont les noms sont listés sur la liste noire américaine, sur les listes de l'Onu ou de l'Union européenne », raconte Chip Poncy. D'ailleurs, en novembre, le Liban s'était conformé aux sanctions émises par le Conseil de sécurité des Nations unies contre le financement des talibans et d'el-Qaëda. Et, si ces listes sont constamment mises à jour au sein des banques afin de repérer des potentiels clients qui y figurent, les risques, eux, s'agrandissent. « Ne devenez pas la banque qui va servir d'exemple », avertit Mohammad Araji, directeur fiscal chez PricewaterhouseCoopers, en s'adressant à l'assemblée. Car tous gardent en tête l'épisode peu reluisant de la liquidation de la Lebanese Canadian Bank en 2011, suite à des accusations américaines d'implication dans une opération de blanchiment d'argent avec des personnes proches du Hezbollah.

De fait, une nouvelle tendance s'intensifie, « un phénomène de diminution excessive des risques (de-risking) se répand parmi les banquiers en raison de l'incapacité des banques à se conformer aux exigences des régulateurs, comme la vérification des informations des clients (via la politique dite "Know your Customer"), et d'autres procédures. Dans ce cas, la banque peut préférer ne pas traiter avec une catégorie de clients du tout... », explique Joseph Torbey, président de l'UIBA.

 

Pour mémoire
Quand le Liban se met à jour sur la lutte antiblanchiment

Joseph Torbey : Sécurité et secteur bancaire, les deux piliers du Liban...

Les propos de Nasrallah mettent à mal le secteur bancaire

Repère : Les principales sanctions prises contre le Hezbollah dans le monde

« La lutte contre le terrorisme passe par une variété de mesures à prendre afin d'éliminer et de réduire les financements de ses bailleurs de fonds, et cela suppose une coopération étroite entre tous les organismes au double niveau international et local », lance le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, lors de l'inauguration du forum : « Sanctions internationales : impact et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut