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Lifestyle - Tous les chats sont gris

Tu me regardes et tu m’admires...

Demain, c'est la Saint-Valentin. Même s'il n'en reste plus grand-chose sinon les faux-semblants, cette fête demeure une aubaine pour les restaurateurs et autres organisateurs de soirées dégoulinant de kitsch. Pour Barzotti et Sauvat. Et ceux qui s'offrent roses rouges, bijoux et peluches à l'ombre d'une chandelle fondante...

Photo Rawan Bazergi

Si nous devions choisir, nous ne consacrerions ces lignes qu'à nos souvenirs de Saint-Valentin prépubères. Ces épisodes charmants, ces instants émouvants, ces choses de la vie que nous avons sans doute oubliées, mais qui, du haut de leurs trois pommes (d'amour), ont forcément fini par façonner nos petits cœurs en marshmallow crédule. Nous nous souviendrions des boums de 14 février, quand nos hormones en montagne russe étaient à prendre avec des pincettes comme des charbons brûlants, à manipuler avec attention comme des matières inflammables et que les coups de fouet de nos cœurs battants faisaient transpirer les premières plumes de nos duvets.

L'après-midi, les garçons cassaient leurs tirelires et allaient se faire gentiment arnaquer dans la boutique de souvenirs du coin, qui avait ravitaillé son stock avec toutes sortes de tendres mièvreries. On avait le choix entre peluches au regard vitreux, aux épaules en berne et au torse brodé de la candeur d'un I Love You scintillant. Sinon, colliers dont les pendentifs en forme de cœur se partageaient entre Moi et Toi, ou bouteilles remplies d'un sable zébré de Je t'aime pour les amourettes qui voudraient tant avoir un grain... Le soir venu, enflant la baudruche de leurs poitrines-Kleenex, les minettes se pavanaient devant nous, petits hommes transis et shootés à la testostérone naissante. S'apprêtant à donner le bras aux loosers, à qui il ne restait plus qu'à libérer les frustrations libidinales au mieux face à un Chasse et Pêche de fin de nuit et au pire au creux d'une encyclopédie médicale illustrée. Par contre, les plus veinards d'entre nous, certainement ceux qui avaient casqué sur un gros cadeau, avaient droit à un regard aux cils papillon qui valait toutes les promesses coquines d'une Betty Boop à index posé entre les lèvres.

En rose et vert
Ne retenir volontiers que ça, que ces mémoires de Saint-Valentin naïves où nous étions persuadés qu'aimer suffisait à être aimé et que la vie était en rose ou vert comme les bouquins de nos bibliothèques préférées. Et où malgré des prémices de déceptions amères, nous ne savions toujours pas que Cupidon est un lascar qui a plus d'une corde à son arc arrogant. Nous aurions aimé nous arrêter là, mais ce serait de l'arnaque. Car ce qu'il reste de ces nuits de 14 février, aujourd'hui, dans le présent et l'âge adulte, ce sont ces faux-semblants attifés de rose bonbon et ce ricanement marketing qui trompe(tte), entre amour passion et amour fusion. Saint Valentin revient donc nous édulcorer l'atmosphère, vêtu de son auréole en friandise écœurante. Et voilà que les SMS annoncent déjà ces mêmes soirées pleines de tous les marronniers de la fête, prêts à faire jubiler les cavales de cette obsession libanaise d'être en couple.

Une fois de plus, on prend les mêmes et on recommence
Demain soir, les restaurateurs ressortiront des placards de l'émotivité à deux balles leur attirail tout en rouge presque stendhalien. Sur les tables, ils dérouleront la nappe des sentiments carmin, illumineront les bougies de l'espoir amoureux et éparpilleront des pétales de fleurs comme tant de fourmillements dans le ventre. Et voilà que ces cœurs pris ou à prendre tomberont ensemble dans le gouffre gluant creusé par cette farce du 14 février. Ils parleront tout bas, si bas, à l'ombre d'une chandelle kitsch, et se régaleront d'huîtres posées sur un plateau en stainless steel, histoire de garantir une libido de fer. D'ailleurs, les chambres d'hôtels comme les parkings insalubres de la baie de Tabarja et Maamltein regorgeront de ces Joséphine osant culbuter à l'arrière des bagnoles, ces époux(ses) affranchi(e)s qui peuvent enfin se jeter au cou de leurs amants et se moquer des règles matrimoniales... Pas loin, sur la scène du Casino, pour ne rien changer, Bernard Sauvat dépoussiérera ses mêmes titres gominés auxquels Claude Barzotti fera écho de la colline avoisinante. Voilà, en somme, ce qui reste de ces soirs de Saint-Valentin. C'est ainsi et il faut arrêter de s'en chagriner. Et en (sou)rire...

 

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Si nous devions choisir, nous ne consacrerions ces lignes qu'à nos souvenirs de Saint-Valentin prépubères. Ces épisodes charmants, ces instants émouvants, ces choses de la vie que nous avons sans doute oubliées, mais qui, du haut de leurs trois pommes (d'amour), ont forcément fini par façonner nos petits cœurs en marshmallow crédule. Nous nous souviendrions des boums de 14 février,...

commentaires (1)

A chacun sa ' Galerie des glaces' , son parcours en miroirs. A l' odeur d'encens, aux cierges décorées, aux tiges d'olivier, aux processions sacrées, succèdent chez nous, Valentin, Halloween , la dinde des remerciements, les poupées du muppet, et autres marchandises à l'étal: ' In God we trust ' . Portefeuille en main, chacun est invité à se déhancher à cette parade nuptiale sans fin . C'est finalement Tanatos qui clot la danse du ventre.

LeRougeEtLeNoir

15 h 25, le 13 février 2016

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Commentaires (1)

  • A chacun sa ' Galerie des glaces' , son parcours en miroirs. A l' odeur d'encens, aux cierges décorées, aux tiges d'olivier, aux processions sacrées, succèdent chez nous, Valentin, Halloween , la dinde des remerciements, les poupées du muppet, et autres marchandises à l'étal: ' In God we trust ' . Portefeuille en main, chacun est invité à se déhancher à cette parade nuptiale sans fin . C'est finalement Tanatos qui clot la danse du ventre.

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 25, le 13 février 2016

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