Mais comment sont donc fabriqués certains clampins de cette classe politique, pour qu'à chaque fois que surgit une tuile financière dans ce tonneau des Danaïdes qui tient lieu de Trésor public, ils en viennent instinctivement à proposer de taxer l'essence pour renflouer la calebasse de l'État ? Un concept on ne peut plus simple : faire payer encore une fois les minables. Ce qui est plus logique, vu qu'ils sont plus nombreux... La vie est chère ? Quelle idée ! Une fantaisie inventée par les pauvres pour apitoyer les riches.
L'idée lumineuse, sur laquelle les ministres se sont provisoirement essuyé les pieds, est venue du Signor Siniora dont le réflexe pavlovien est resté intact depuis l'époque où il exerçait ses talents de croquemitaine au ministère des Finances. On ne se refait pas, et Rictus oblicus continue à vouloir nous pomper l'air et la tirelire. La population est en quête d'essence ? Lui, il a le sens de la quête !
Seul pourtant à ne pas faire dans la démagogie, le Signoret se justifie dans sa ratatouille comptable en invoquant la titularisation des volontaires de la Défense civile et l'achat de munitions à l'armée. Dont acte. Bien évidemment, ni ses compères ni ses adversaires qui, torse bombé devant les caméras, ont héroïquement rejeté l'idée d'une taxe sur l'essence n'ont pipé mot sur le financement de ces nouvelles dépenses.
Ce vieux briscard de la politique connaît sans doute la musique, mais pas bien la chanson. S'il lui reste un éclair de lucidité, au lieu de cibler l'essence, il pourrait peut-être commencer par proposer de tailler dans la mauvaise graisse de l'Administration, un serre-vis public où les emplois fictifs ponctionnent plus de la moitié du budget de l'État. Ou encore virer les plantons armés statiques jouant les vases de Sèvres devant les clapiers de luxe des vieux canassons de la politique. Une ornementation kitsch qui doit déjà coûter un œil.
Mais ce serait sans doute trop demander à un ex-argentier de la République dont le carrosse et le chauffeur ne s'arrêtent jamais à la pompe.
gabynasr@lorientlejour.com
La quête d’essence
OLJ / Par Gaby NASR, le 12 février 2016 à 00h00
commentaires (3)
Tres bien dit Gaby, merci beaucoup d'avoir bien touché l'un des Pro de la corruption, qui pompe nos tirelires depuis des années maintenant. :)
Hans Kurkjian
18 h 25, le 12 février 2016