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Moyen Orient et Monde - Témoignage

D’Alep à Azzaz, le nouveau chemin de l’exode

Plusieurs organisations internationales sont débordées par l'afflux de déplacés vers la frontière turque.

Hier, des déplacés dans le camp de Bab el-Salam, à la frontière syro-turque. Bulent Kilic/AFP

C'est un exode sans issue. Alors que l'offensive du régime contre les rebelles à Alep s'intensifie, soutenue par les bombardements massifs de l'aviation russe, des dizaines de milliers de Syriens ont fui la ville et sa large périphérie en direction de la frontière turque. Selon les derniers chiffres de l'Onu, ils seraient près de 51 000, dont 80 % de femmes et d'enfants, à avoir tenté d'échapper aux attaques du régime et de ses alliés, depuis le 1er février. Les villages de Mayer, Tal Rifat et Deir Jamal, tous trois situés au nord d'Alep, ont été vidés de leurs habitants.
À 15 km de Tal Rifat, se trouve la ville d'Azzaz. Depuis octobre 2015, cette agglomération de quelques dizaines de milliers d'âmes est sous le contrôle des combattants du Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda) et des forces de l'Armée syrienne libre (ASL). Mais l'intensité des combats a déclenché de nouveaux départs vers Kilis, ville sur la frontière turque à 5 km de là.


Selon la Fondation pour l'aide humanitaire (IHH) turque, qui y a installé un camp depuis le 4 février, le nombre d'arrivants a dépassé très largement les estimations de l'Onu. Dix-huit camps seraient installés tout au long de la frontière. Rien que « ces derniers jours, près de 50 000 personnes sont arrivées à Kilis, au camp de Bab el-Salam », rapporte le chargé de communication de l'ONG, Mustafa Ozbek, à L'Orient-Le Jour.
« Deux nouveaux camps ont été installés, car l'afflux de déplacés ne tarit pas. Ils n'ont que leurs vêtements sur eux, mais n'espèrent qu'une chose : c'est revenir dans leurs villages », poursuit-il. Selon lui, ils sont traumatisés par les bombardements dont ils ont été victimes, mais espèrent qu'un cessez-le-feu sera prochainement instauré.

 

(Lire aussi : Les camps de déplacés syriens à la frontière turque sont saturés)


Dans le camp de Bab el-Salam, plus de 200 tentes ont été dressées. Les équipes de l'IHH distribuent des couvertures, des kits de secours, des médicaments. Des cantines ont également été installées. Les nouveaux déplacés ont rejoint les plus anciens, qui occupent déjà les lieux depuis de nombreux mois.
Plusieurs organisations internationales d'aide seraient débordées et pensent ne pas être en mesure de gérer la situation de manière efficace. L'ONG Médecins sans frontières (MSF) tire la sonnette d'alarme. « Le district d'Azzaz a payé un lourd tribut à cette guerre brutale, et une fois de plus les services de santé sont en état de siège », a déclaré Muskilda Zancada, chef de mission des programmes MSF en Syrie, dans son dernier communiqué de presse. Avec l'arrivée massive de déplacés à la frontière syro-turque, les ONG craignent un débordement général. Actuellement, 800 familles bénéficient des aides matérielles apportées par MSF. Mais les personnes les plus vulnérables sont celles qui vivent en dehors des camps et qui n'ont reçu pratiquement aucun soutien. Selon Muskilda Zancada, le risque sanitaire serait énorme.
« Il y a un risque que les personnes déplacées, y compris les jeunes enfants et les personnes âgées, soient contraintes de vivre sans abris, exposées au froid et au gel, pendant plusieurs jours au moins. Cela pourrait avoir de graves conséquences sur leur santé, notamment des cas de pneumonie », déplore-t-il.

 

(Lire aussi : Réfugiés : Il n'est pas inscrit "idiot" sur notre front. Nous ferons le nécessaire, martèle Erdogan)

 

Routes coupées
Rien qu'en 2015, treize hôpitaux ont été bombardés en Syrie, dont quatre soutenus par MSF. Le chef de mission est « extrêmement préoccupé par la situation dans le sud d'Azzaz », où les personnels médicaux « craignent pour leur vie ». En outre, certains ont été « contraints de fuir » et les hôpitaux ont soit tout simplement fermé leurs portes, soit « ne peuvent plus offrir que des services d'urgence très limités », a-t-il déclaré.


Ahmad est le manager de la pharmacie de MSF, à Kilis. Ses collègues et leurs familles ont dû fuir en même temps que les dizaines de milliers d'autres déplacés pour regagner l'un des camps à la frontière. L'activité dans l'hôpital d'al-Salamah a dû être drastiquement réduite. La plupart du personnel de la pharmacie est contraint de faire de la logistique. Fort heureusement, l'équivalent de trois mois de médicaments et matériel médical a été envoyé à Alep et ses alentours avant que les routes ne soient totalement coupées. Selon Ahmad, « un grand nombre de déplacés attendent d'être pris en charge », mais certaines rumeurs concernant d'autres réfugiés qui auraient passé illégalement la frontière lui sont parvenues.
« Mardi (le 9 février), je parlais avec des déplacés de ce dont ils ont besoin en termes d'assistance », raconte l'humanitaire syrien. Ils lui répondent qu'ils ne sont « pas venus pour rester sous une tente », mais qu'ils veulent juste « pouvoir entrer en Turquie ».


Alors que la Turquie persiste à fermer ses frontières afin d'éviter un raz de marée, l'employé de MSF souligne que les équipes médicales peuvent, elles, regagner les camps syriens afin de leur apporter leur aide. Un point « positif », selon lui, alors que la bataille d'Alep semble n'en être qu'à ses prémisses.

 

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C'est un exode sans issue. Alors que l'offensive du régime contre les rebelles à Alep s'intensifie, soutenue par les bombardements massifs de l'aviation russe, des dizaines de milliers de Syriens ont fui la ville et sa large périphérie en direction de la frontière turque. Selon les derniers chiffres de l'Onu, ils seraient près de 51 000, dont 80 % de femmes et d'enfants, à avoir tenté...

commentaires (1)

Pourquoi Râââëéh n'irait-il pas là aussi, comme il l'avait fait à Tartouss et Lattaquié en décembre dernier, en visite paroissiaaale ? Wâlâââoû, c'est Alep quand mêêême ! Il pourra être, yâââï, accueilli même par le Mohâfez de ce qui reste d'Alep ! "Sacré" râââëéh, va ! Vu que bien sûr il n'ira pas à Alep, c'est trop dangereux n'est-ce pas, à quand alors son prochain jamborée dans une quelconque contrée "civilisée" de la maronite "diaspora" ? "Style" l'Amérique, l'Australie et à coup sûr.... Pariiis ; yîîîh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

06 h 46, le 12 février 2016

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Commentaires (1)

  • Pourquoi Râââëéh n'irait-il pas là aussi, comme il l'avait fait à Tartouss et Lattaquié en décembre dernier, en visite paroissiaaale ? Wâlâââoû, c'est Alep quand mêêême ! Il pourra être, yâââï, accueilli même par le Mohâfez de ce qui reste d'Alep ! "Sacré" râââëéh, va ! Vu que bien sûr il n'ira pas à Alep, c'est trop dangereux n'est-ce pas, à quand alors son prochain jamborée dans une quelconque contrée "civilisée" de la maronite "diaspora" ? "Style" l'Amérique, l'Australie et à coup sûr.... Pariiis ; yîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 46, le 12 février 2016

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