Washington veut des « gains tangibles » rapides contre l’EI

Lors d'une réunion hier à Bruxelles dont l'objectif est de renforcer la lutte contre l'organisation jihadiste État islamique (EI), le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a souhaité que la coalition anti-EI engrange rapidement « des gains tangibles » grâce à l'augmentation des contributions militaires de ses partenaires. « Cette réunion ministérielle marque le début d'une nouvelle étape dans la campagne de la coalition pour vaincre l'EI », a déclaré M. Carter devant ses homologues de 49 pays, dont l'Irak et l'Arabie saoudite, réunis dans la capitale belge. Les États-Unis demandent à leurs partenaires de participer à « l'accélération » de la campagne contre l'organisation jihadiste, qui vise en premier lieu à « reconquérir » Mossoul, deuxième ville d'Irak, et Raqqa, le fief syrien de l'EI, en contribuant davantage en armements, équipements, troupes et financièrement, a expliqué M. Carter.
Après cette réunion des ministres de la Défense de la coalition, une première dans ce format depuis le lancement de la campagne il y a plus de 18 mois, les chefs d'état-major de la coalition se retrouveront « dans quelques semaines » avant une « conférence » du commandement central américain pour faire en détail le point sur les contributions, a rappelé M. Carter.

L'Otan pourrait rejoindre la coalition
Les efforts de M. Carter ont déjà porté. Le Canada va tripler l'effectif de ses forces spéciales formant des milices kurdes dans le nord de l'Irak, le portant à 210 hommes. La Slovénie a promis d'envoyer des instructeurs militaires. Le Parlement néerlandais a donné mercredi son feu vert à l'extension des raids aériens par des avions de chasse néerlandais à la Syrie. La Belgique, qui enverra en juillet, et pour un an, des F-16 en Irak, devra également consulter son Parlement avant de pouvoir opérer en Syrie, a dit son ministre Steven Vandeput.
De même, l'Otan a donné hier son accord de principe pour déployer ses avions de surveillance Awacs au-dessus des États-Unis, de façon à permettre à l'armée américaine de libérer ses propres appareils pour des opérations dans le ciel irakien et syrien. L'Otan, qui avait jusqu'à ce jour refusé de participer directement à la coalition anti-EI, « explore la possibilité » de rejoindre ses rangs « comme membre à part entière », a affirmé M. Carter à l'issue de la réunion. Son rôle serait toutefois limité à des missions de stabilisation postconflit, de conseil aux institutions et d'entraînement de troupes.

Plainte des chrétiens d'Orient
Sur un autre plan, l'association française Coordination Chrétiens d'Orient en danger (Chredo) a porté plainte contre X, accusant l'EI de crimes contre l'humanité à l'encontre des minorités chrétiennes d'Irak et de Syrie, a-t-on appris hier auprès de son avocate, Samia Maktouf.
« Des assassinats, des conversions religieuses forcées, des enlèvements, des réductions en esclavage, des abus sexuels et physiques, des actes de torture » ont été constatés par l'Onu, relève l'association créée en 2013, qui met en avant « la vaste campagne de purification ethnique et religieuse » menée par l'EI. La plainte, déposée pour crime de génocide et crime contre l'humanité, déplore aussi « la destruction des lieux de culte et de recueillement ». Ces faits impliquent des ressortissants français partis faire le jihad en Syrie ou en Irak et des personnes résidant en France, les juridictions françaises ont donc « très exactement compétence », écrit l'association. « Il ne faut plus qu'aucune personne de nationalité française ou séjournant en France échappe aux poursuites auxquelles l'expose sa participation aux actes de barbarie de Daech, qui sont perpétrés en France comme à l'étranger », a commenté l'avocate de Chredo.

(Sources : agences)