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Culture - En librairie

Deux galopins libanais et leurs jeux de guerre

Les enfants libanais au milieu du fracas des armes. Mais cela n'exclut pas les jeux. Leurs jeux. Inspirés de la violence ambiante. « Play boys » de Ghayas Hachem (édition Boréal, 215 pages) est le premier roman d'un Beyrouthin installé à Montréal. Un témoignage, une voix, une petite révélation.

Ghayas Hachem.

Il a vécu la rage des batailles et le cortège de morts dans une ville à feu et à sang. À quarante-trois ans, Ghayas Hachem a déjà plus de la moitié de sa vie hors du sol natal. Retour en arrière comme pour exorciser le passé et jeter un pudique voile d'oubli sur les jours noirs. Et aspirer à une paix réparatrice.
Deux cousins, confinés dans un appartement, regardent la vie à travers la fenêtre. Ils y voient les horreurs des adultes qui s'acharnent à se tuer, à se bombarder, à s'anéantir...
Dès lors, leur imagination enfantine emboîte le pas à ce décor sinistre et à ces lugubres agissements. Et voilà la réalité, source de malentendus et de méfaits, pour des amusements qui finiront par ne plus être anodins. Une vie croquée en toute impertinence sur le schéma des adultes. Des adultes pris dans l'engrenage d'une guerre absurde et sans frontières.
Dans un monde brusquement surréaliste, dans ses aspects les plus sombres et les plus pervers, la vie est l'envers des choses perçues par des sensibilités qui n'ont pas encore mûri. Et ainsi la violence des grands déteint sur les petits.
Dans un réalisme sans concession, les personnages s'activent dans un univers angoissé et angoissant. C'est par le biais d'une écriture claire et fluide que l'auteur avance dans sa narration oscillant entre témoignage, fiction puisée au cœur même d'un quotidien sourd et oppressant, et la réflexion sur une humanité qui a perdu toutes ses valeurs. Même celles de respect pour l'innocence de l'enfance.

Une enfance en enfer
C'est dans ce huis clos entre voisin(e)s, miliciens, femmes seules, hommes tombés dans la misère, le chômage et la névrose, atmosphère de cacophonie, que se déroulent les découvertes, non du vert paradis de l'enfance, mais de son rougeoyant enfer. Autant de détails qui marquent deux galopins aux yeux grands ouverts et la peur au ventre.
Avec un style vif, une écriture au ton doux et chaleureux, dans un texte truffé de termes arabes bien du pays du Cèdre, ce livre sur les jeunes traumatisés par la guerre (tout autant que Wajdi Mouawad ou Rawi el-Hage) est un bel hommage à la vie et un refus de tous ceux qui sèment la haine.
Avec cette exergue de Julien Green (qui en dit long sur les intentions de la narration) : « C'est peut-être la plus grande consolation des opprimés que de se croire supérieurs à leurs tyrans. » À méditer !
Un coup d'envoi remarqué pour ce premier roman. Qui sans être un coup de maître, n'en est pas moins d'une facture respectable. Et on attend toujours le prochain ouvrage d'un nouvel auteur pour se fixer sur la portée de sa voix.

Il a vécu la rage des batailles et le cortège de morts dans une ville à feu et à sang. À quarante-trois ans, Ghayas Hachem a déjà plus de la moitié de sa vie hors du sol natal. Retour en arrière comme pour exorciser le passé et jeter un pudique voile d'oubli sur les jours noirs. Et aspirer à une paix réparatrice.Deux cousins, confinés dans un appartement, regardent la vie à travers...

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