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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La crise de l’adolescent, ni enfant ni adulte (suite)

L'article précédent décrivait le début de la crise de l'adolescent, le risque actuel de dérive jihadiste ainsi que le glissement dans les drogues et les addictions. En démontant rapidement le risque de la dérive islamiste, j'ai cédé à l'urgence actuelle et à l'angoisse dans laquelle se trouvent parents et enseignants. Ce qui pouvait porter à confusion, comme si l'adolescence n'était que ça.
Il est bien évident, fort heureusement, que tous les adolescents ne tombent ni dans ce piège extrémiste (terroriste, islamiste, jihadiste ou autre) ni dans celui des drogues. Mon article précédent pouvait le laisser penser. Mais loin de là.

Parce qu'il n'est plus un enfant, ni encore un adulte, l'adolescent est dans une crise identitaire. De même, sur le plan de l'identité sexuelle, il a du mal à épouser son identité anatomique et à abandonner le sexe qu'il n'est pas. Cette double crise identitaire est très difficile à traverser. Ainsi, lorsque les hormones de croissance et les hormones sexuelles débordent, les jeunes ne s'y attendent pas et ils n'ont pas les moyens d'y parer.
Chez les garçons, la voix qui mue, l'apparition des poils pubiens, les premières éjaculations de sperme sont un sujet d'étonnement et parfois de crainte plus que d'appartenance au sexe masculin et à la communauté masculine. Le rôle du père et éventuellement celui du grand frère prennent là toute leur importance. Être du sexe masculin, c'est aussi faire partie de la communauté masculine. Accepter son sexe masculin est plus facile si cela permet au garçon de faire partie des hommes de la famille : le père, les frères, les oncles, les cousins, etc. L'apparition des signes sexuels secondaires est plus facilement tolérée. D'autant plus que l'adolescent n'est pas encore un homme. Cette proximité du père, du grand frère, de l'oncle, etc. permet au garçon de mieux accepter son identité sexuelle masculine.

Chez les filles, les signes sexuels secondaires entraînent des modifications plus difficiles à accepter. Les règles sont mal tolérées. Si la mère n'a pas préparé sa fille à l'arrivée des règles, le sang qui coule pendant plusieurs jours, les douleurs pelviennes, l'encombrement par les serviettes hygiéniques donnent l'impression à la fille que la féminité est un fardeau et qu'elle a un prix à payer, ce qui n'est pas le cas de la masculinité. Par contre, l'apparition des seins et des fesses donne au corps de la jeune fille une allure désirable. Dans le cercle amical de la famille, les hommes commencent à les regarder avec un certain intérêt érotique, alors qu'auparavant elles étaient des « boutonneuses » sans intérêt. Même si elles sont gênées par ce regard nouveau et troublant, leur identité féminine n'en est que plus confirmée.
Ce qui n'est pas le cas des garçons. La voix qui mue, la barbe qui envahit le visage, la taille qui pousse n'en font pas encore des hommes aux yeux des femmes. Au contraire même, s'ils sont surexcités par les poussées hormonales sexuelles, ils n'arrivent pas encore à séduire. Les filles de leur âge sont intéressées par des hommes plus mûrs, ce qui est très douloureux pour eux et renforce leur sentiment d'impuissance. Et les femmes plus âgées ne les remarquent même pas. La masturbation reste leur seule satisfaction pulsionnelle tout en étant source de frustration relationnelle.

Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, les adolescents doivent être accompagnés pendant leur crise de l'adolescence. D'abord par les parents. Sinon, au cas où les parents sont mal à l'aise et n'y arrivent pas, il faut faire appel à un oncle, une tante, le grand-père, la grand-mère, etc. L'avantage de l'oncle, tante et grands-parents vient de la plus grande distance qu'ils ont avec les adolescents. Cette distance donne à leur intervention auprès du jeune adolescent une dimension initiatrice. Dans beaucoup de sociétés dites primitives, des rites de passages facilitent la crise de l'adolescence. Justement parce que ce sont des rites de passages qui donnent une certaine identité au jeune qui n'est plus un enfant, et pas encore un adulte. Le rite confirme cette transition en lui donnant une identité sociale : si l'adolescent n'est plus un enfant, et pas encore un adulte, il est ce rite de passage même.

Malheureusement, dans nos sociétés modernes et postmodernes, ces rites de passages ont disparu. La famille peut donc y pallier. Mais aussi les parents eux-mêmes. Ainsi, il faut accepter par exemple que l'adolescent passe par des hauts et des bas, qu'il ne prenne pas son bain, non pas parce qu'il est sale mais parce qu'en mal d'identité, son odeur lui sert de repère, ou qu'il passe des heures dans sa chambre à glander. Accepter cela de la part des parents est très important. Ils démontrent ainsi qu'ils reconnaissent l'adolescent dans son étrangeté passagère et lui donnent une plus grande confiance dans son adolescence.


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