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Liban - Décryptage

Dans le nord de la Syrie, une victoire à partager...

Les forces du régime syrien et leurs alliés sont désormais à 20 kilomètres de la frontière turque. Les développements sur le terrain semblent se précipiter et aussi bien à Alep qu'à Azzaz (la bourgade frontalière avec la Turquie où les pèlerins libanais de retour d'Irak ont été détenus pendant près d'un an en 2012-2013), de plus en plus de voix s'élèvent pour conclure des compromis avec l'armée régulière syrienne.

Il est donc désormais clair que le régime syrien est déterminé à reprendre le contrôle d'Alep et de ses environs dans les plus brefs délais, indépendamment de l'avancée du processus de réconciliation politique. La bataille peut prendre deux ou trois mois, mais il semble que l'aviation russe est en train de faire un forcing pour accélérer les événements. Pour l'instant, les forces du régime adoptent la tactique de l'encerclement plutôt que celle de l'invasion, particulièrement coûteuse en hommes (civils et militaires) et en matériel.

Même les médias occidentaux, peu connus pour leur complaisance à l'égard des forces du régime et leurs alliés, évoquent de plus en plus la chute d'Alep, estimant qu'elle constituerait, si elle a lieu, un tournant dans la guerre syrienne en faveur du régime de Bachar el-Assad. En principe, l'avancée des forces du régime devrait donc se poursuivre en direction de Jisr el-Choughour et Idleb, entraînant la fermeture presque totale de la frontière syro-turque. Si cette percée se précise, il ne restera alors plus au Nord que la région de Raqqa et celle de Hassaké, cette dernière étant en majorité peuplée de Kurdes.

C'est dans cette dynamique ascendante pour les forces du régime syrien qu'est tombée la déclaration saoudienne prônant une intervention militaire terrestre en Syrie, via la Turquie pour, en principe, combattre l'État islamique. Les dirigeants saoudiens ont d'ailleurs précisé avoir tâté le terrain avec l'administration américaine et avec les alliés au sein de la coalition occidentale en vue d'envoyer au plus tôt des troupes terrestres dans le nord de la Syrie, en coordination avec la Turquie. Interrogé sur la question, le secrétaire d'État américain John Kerry a accueilli favorablement cette idée et aussitôt les Saoudiens ont commencé à parler de la tenue de manœuvres militaires sous le nom de la « Tempête du Nord » en préparation à la participation à une opération terrestre en Syrie. Cette éventualité laisse toutefois perplexe le camp adverse qui se demande quelle sera la portée de cette intervention et contre qui elle est réellement dirigée. Pour les Iraniens, elle ne ferait que compliquer la situation en Syrie. À travers cette déclaration, les dirigeants iraniens expriment leur réserve à l'égard de cette initiative qu'ils considèrent dirigée principalement contre eux, contre les Russes et contre l'armée syrienne, en dépit des affirmations saoudiennes de vouloir combattre Daech.

Un diplomate des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a toutefois une autre lecture de cette initiative. Ce diplomate chevronné établit une comparaison entre la volonté de la coalition internationale, et principalement de l'Arabie saoudite, d'envoyer des troupes terrestres en Syrie et la chute de Berlin à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, les Soviétiques avaient conquis Berlin, mais les alliés occidentaux se sont empressés d'envoyer des troupes pour récolter une partie de la victoire et empêcher les Soviétiques de se présenter en libérateurs. Selon lui, les Saoudiens et leurs alliés souhaiteraient donc avoir une part dans la victoire sur l'EI en voyant que les événements semblent se précipiter et que la reprise du contrôle d'Alep par le régime et ses alliés est devenue une possibilité concrète. Le diplomate précité affirme que si ce projet prend forme, l'intervention terrestre des Saoudiens, des Turcs et de leurs alliés devrait avoir lieu dans les provinces de Raqqa et de Hassaké pour couper court à une éventuelle percée des forces du régime et de leurs alliés dans ces provinces considérées comme le véritable bastion de Daech, sachant qu'à Hassaké, un des aéroports est déjà tenu par les Américains et est utilisé par eux comme une base militaire.

L'intervention terrestre saoudienne ne devrait donc pas avoir lieu dans le secteur sous contrôle russe, pour ne pas provoquer, comme l'aurait déclaré John Kerry à ses interlocuteurs de l'opposition syrienne à Riyad, « une guerre entre Russes et Américains ». Elle viserait plutôt à permettre aux Saoudiens et à leurs alliés de contrôler une portion de territoire en Syrie, sous le titre de la lutte contre le terrorisme de l'État islamique. Le nord de la Syrie serait ainsi en quelque sorte le « nouveau Berlin » du XXIe siècle, partagé entre les différents camps qui se battent en Syrie. De la sorte, les Saoudiens et leurs alliés empêcheraient le régime et ses alliés d'avoir une victoire totale sur le terrain, tout en respectant l'exigence américaine d'empêcher l'entrée des forces du régime syrien dans les territoires du Nord-Est qui seront libérés de l'EI.

Ce serait donc dans le but de délimiter les différents territoires et d'éviter un contact direct avec les Russes que le roi de Bahreïn se serait rendu à Sotchi pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine. Pour amadouer ce dernier, le roi de Bahreïn lui aurait même offert en cadeau une épée damascène, dite celle de « la victoire ». Un cadeau symbolique et une visite-clé qui, selon le diplomate du Brics, n'aurait pas pu avoir lieu sans l'aval des Saoudiens dont l'armée appuie directement les autorités de ce petit royaume. Après cette visite, le Kremlin a d'ailleurs annoncé que le roi Salmane devrait se rendre à Moscou en mars...

 

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Les forces du régime syrien et leurs alliés sont désormais à 20 kilomètres de la frontière turque. Les développements sur le terrain semblent se précipiter et aussi bien à Alep qu'à Azzaz (la bourgade frontalière avec la Turquie où les pèlerins libanais de retour d'Irak ont été détenus pendant près d'un an en 2012-2013), de plus en plus de voix s'élèvent pour conclure des...

commentaires (11)

Assad partira c'est ineluctable, par gre ou par force il s'en ira sinon il n'y aura jamais jamais la vrai paix la syrie deviendra comme l'irak ou l'Afghanistan !! donc par concequent il quittera

Bery tus

23 h 37, le 11 février 2016

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Commentaires (11)

  • Assad partira c'est ineluctable, par gre ou par force il s'en ira sinon il n'y aura jamais jamais la vrai paix la syrie deviendra comme l'irak ou l'Afghanistan !! donc par concequent il quittera

    Bery tus

    23 h 37, le 11 février 2016

  • Arlette Hitti Avec tous ces rebondissements sur le terrain syrien ,le godelureau des A E des sables suchauffes reclame le depart de bachar assad . Il l 'a repete a plusieurs reprises dans une seule declaration . C est dire qu il refuse de se rendre à l "amere " realite ou qu'on ne la pas informé des derniers developpements sur le plan militaire . Il exige en toute fatuite que rien ne se fera en presence de assad et que ce dernier doit partir . Ce jeune premier saoudi se donne t-il en show comique ou fait -il l' autruche . Les prochains jours nous le diront et nous rirons bien .

    Hitti arlette

    15 h 48, le 11 février 2016

  • Chère Madame,votre article confirme clairement le mouvement irrévocable du démembrement de la Syrie. Il aura fallu l'intervention russe, aidée par les forces iraniennes et celles du Hezbollah, l'implantation de l'EI sur une partie importante du territoire syrien, et bientôt l'arrivée éventuelle des troupes saoudiennes, pour que le programme des changements géo-stratégiques et politiques régionaux, en marche depuis quelques années, puissent potentiellement être réalisés. La décence consisterait peut-être de faire l'impasse sur le principal responsable de tous les carnages qu'il a fait subir directement où indirectement à son peuple et au peuple libanais...!

    Salim Dahdah

    13 h 05, le 11 février 2016

  • Une observation que j'ai oublié de faire et je m'en excuse : M Le diplomate chevronné du BRICS (qui n'existe plus) peut-il nous montrer comment, où et en quoi "la victoire"-carnages-déplacement en masse de la population à Alep et sa région, opérés par le petit Hitler de Damas et son maître, le tsar Poutine; comment, où et en quoi tout cela est un combat et une victoire contre Daech que le tsar dit être venu combattre en Syrie ?

    Halim Abou Chacra

    12 h 16, le 11 février 2016

  • Ah chère Scarlett que c'est bon de vous lire et relire, on en devient adict, permettez moi d'ajouter que si les bensaouds et bahrein donc on imagine les autres petits oisillons du golfe persiste viennent à se rendre à Moscou, c'est parce que le constat est fait que rien ne pourra se faire sans les russes NPM. Votre article irrite à bien des égards, parce que le politiquement correct ne pouvait pas accepter cette nouvelle situation d'une puissance confirmée, que ne l'avait on dénigré auparavant. L'Iran la Syrie l'Irak et le Liban ont cette chance inouï de faire partie du cortege des vainqueurs. Si certains ne veulent pas l'admettre après tant de preuves matérielles depuis 5 ans , il ne leur reste plus qu'à trouver un mur et se cogner la tête très fort , parce que ce qui va arriver sera encore plus casse tête. ( la Chine et sa Corée du Nord, hahahaha ). Croire que des élections de clowns aux us pourraient changer les choses est illusoire, Obama et ses 6 conseillers juifs de la maison blanche vont remettre un dossier auquel on a pas accès, et qui révélera aux successeurs la force de cet axe . Et puis nom de Dieu , que faut il faire pour prouver que game is over . OVER .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 20, le 11 février 2016

  • L'analyse pourrait être parfaite si seulement vous n'avez pas continué a promouvoir l'illusion que le régime soutenu par les Russes et les Iraniens se battent contre Daech, était vraie. En fait, la ou le régime s'est acharné le plus avec les Russes c'est contre l'ALS qui représente la branche modéré de la rébellion. Ou le regime a-t-il repris du territoire contre Daech? Nul part. Les seuls qui l'ont fait sont les Kurdes et avec l'aide des Amerlos et non pas des Russes. Bien entendu la possibilité de voir des troupes Turques et arabes (Donc sunnites) prendre certaines zones de la Syrie, si cela a lieu, confirme le fait que la Syrie sera finalement partagée, n'aura plus jamais le role d'antan et que Daech n'est pas prêt a disparaître de sitôt! Si les Russes étaient sincère, c'est a partir de Deir ez Zor et Palmyra qu'ils auraient du commencer. La meme erreur a été faite par Michel Aoun, au lieu de combattre les mécréants il a choisi d’éliminer ses alliés. Nous avons vu le résultat! Toute solution mal bâtie fini par s’écrouler. Regardez donc la situation dans laquelle se trouve le Liban... Que Dieu nous preserve de toute nouvelle guerre car cette fois elle sera littéralement une catastrophe en raison des haines que les émules du soi disant mouvement national, qui en fait était tout sauf de national, ainsi que votre parti théocratique Nazi de predilection a crée... Priez pour l’éviter puisque dans les faits vous semblez tristement appuyer la direction que prennent les choses...

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 58, le 11 février 2016

  • La victoire de la Syrie du héros Bashar contre le complot bensouds turco à la sauce sioniste est indéniable. On trouvera les excuses d'usage de connivence de réfugiés à la frontière etc...il n'empêchera pas que le camp des alliés de la résistance a marqué des points quand on disait il ya 6 mois que Bashar le héros était fini, bien après les 5 ans à attendre sa chute toutes les 2 semaines. Le monde est devenu bipolaire comme Scarlett nous l'écrivait auparavant, l'occident ne peut que le constater, et la preuve en est que des états voyous comme bahrein et la saoudie vont avoir à prêter allégeance à cette NPM russe. On attendra encore un peu la Turquie de baisser l'échine devant cette NPM juste le temps que les kurdes leur donnent la petite fessée qu'il faudra àcet effet. On attendra de voir au Liban comment la résistance aura décidé de partager les tâches. Avec beaucoup de bonheur non dissimulé.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 46, le 11 février 2016

  • SI LES RUSSES DEROGENT A L,ENTENDEMENT -CONNIVENCE- AVEC LES AMERICAINS ET SI UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION DE TOUS LES SYRIENS ET DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES NE SONT PAS RESPECTES... GENEVE 1 ET DECISIONS DE L,ONU... LA SYRIE... TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... VA VERS LE DEMEMBREMENT, VIRUS QUI AFFECTERA D,AUTRES PAYS DE LA REGION INCLUS CEUX QUI SE CROIENT DES VAINQUEURS AUJOURD,HUI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 35, le 11 février 2016

  • Un panégyrique du régime du petit Hitler de Damas, dont "la victoire au nord", selon le "diplomate chevronné du BRICS" (qui n'existe plus et a été remplacé par le TICS), est l'objet d'ambition de "partage" de la part de l'Arabie saoudite. M Le diplomate chevronné du BRICS (qui n'existe plus) n'a-t-il pas honte de transformer en victoire des carnages successifs et des épurations éthniques et sectaires massives opérés par l'aviation du tsar grotesque ?

    Halim Abou Chacra

    06 h 17, le 11 février 2016

  • Pathétique ! A ne pas laisser, absolument, entre les mains de ceux de plus de douze ans....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 08, le 11 février 2016

  • dites moi madame Haddad avez vous lu les dernières nouvelles émanant d'Iran? a ce qu'il parait ils ont célébrer et distinguee les délègues et martyr qui ont pris part au développement du nucléaire? SVP expliquez nous ce qu'a voulu dire Rohani (qui en passant n'a pas ete relever par les medias au liban concerner) en affirmant que leur "intisar illeheh" n'aurai pas pu se concretiser s'il n'y avait pas de "noufouz" iranien en syrie et en irak?

    Bery tus

    03 h 45, le 11 février 2016

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