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Liban - La situation

Pour Hariri, « le Hezbollah ne veut pas de compromis »

Comme prévu, Henri Hélou a été le seul des trois candidats à se rendre au Parlement, hier. Photo Sami Ayad

Même si le report, hier, de la 35e séance électorale pour l'élection d'un président de la République a été une réédition des précédents scénarios torpillant la présidentielle, une triste réalité s'impose : la logique de l'entente préalable sur un président.

En effet, les blocs représentés hier à l'hémicycle auraient pu, théoriquement, assurer le quorum des deux tiers nécessaire pour la tenue de la séance électorale : si l'on exclut les 27 députés du bloc du Changement et de la Réforme, les 13 députés du bloc du Hezbollah et les 4 députés du bloc des Marada, il manquait deux députés pour assurer le quorum. Ces deux parlementaires auraient pu être assurés parmi les indépendants du bloc aouniste, ou parmi les Marada, par exemple. Autrement dit, un forcing en faveur de la tenue de la séance aurait été possible. Mais il était convenu d'éviter une telle éventualité, quitte à provoquer, le cas échéant, le retrait de certains députés, du bloc berryste notamment. Même si le « souhait » du Futur avait été de forcer l'élection du chef des Marada, il n'aurait pu mener sa tentative jusqu'au bout « à cause des réserves des blocs berrystes et joumblattistes, et celles des Marada », rapportent ses milieux, lesquels sont certains par ailleurs que les Forces libanaises (FL) n'auraient pas boycotté la séance pour empêcher l'élection de Sleiman Frangié.

Le président de la Chambre avait défendu une position paradoxale à la veille de la tenue de la séance électorale : il avait invité les trois candidats à se rendre à l'hémicycle s'ils le désirent, tout en signalant que le boycottage est un droit (comme l'avait précisé le secrétaire général du Hezbollah), et que la présidentielle a une « portée nationale » indéniable. Comprendre qu'il est déconseillé de s'aventurer dans un scrutin qui n'aurait pas été convenu au préalable par toutes les parties.

(Lire aussi : Sleiman s'insurge contre le blocage « inacceptable »)


Cette approche reste cependant contestée avec virulence par le bloc du Futur. Le chef du bloc du Futur, le député Fouad Siniora, a fait assumer, lors d'un point de presse hier au Parlement, « toute la responsabilité » de la déliquescence institutionnelle « aux parties qui boycottent la séance électorale, y compris les Marada ».
Le député Ahmad Fatfat a prié pour sa part le président de la Chambre de « ne plus fixer de nouvelle date à la séance électorale, tant qu'il n'aura pas obtenu au préalable l'accord de Hassan Nasrallah sur la tenue de la séance ». « Il pourrait également lui déléguer la tâche de convoquer directement la séance électorale, puisqu'il s'est hissé au rang de guide suprême de l'État, et de nommer les présidents de la République ». Le député de Denniyé s'est opposé en outre à l'argument sur le droit de boycottage : « Lorsqu'il en est fait un usage abusif pendant dix-huit mois, on ne saurait parler de droit, mais de paralysie et de mainmise sur les institutions. »

Mais le Futur n'est plus au stade d'affronter les boycotteurs. Dans certains milieux du 14 Mars, on admet désormais que la présidentielle ne peut être dissociée d'un package-deal, qui porte notamment sur l'exécutif. Le ministre Michel Pharaon en a fait l'aveu clair hier.
Le courant du Futur, qui avait longuement défendu la primauté de la présidentielle, comme « clé de voûte de toutes les solutions », fait face désormais à une double problématique : s'il se résigne à négocier un package-deal afin de rompre l'état de vide – ce qui serait en soi une concession en faveur du Hezbollah –, il risque là encore de se heurter à de nouveaux atermoiements du parti chiite. Ce dernier pourrait en effet reporter indéfiniment la solution globale afin de se hisser en maître du compromis, et en grand timonier du timing du déblocage.
« Il y a un changement de mentalité chez le Hezbollah : il ne cherche plus à marquer des points, mais à s'imposer comme parti unique », constatent des sources du Futur, qui rapportent à L'Orient-Le Jour le point de vue de l'ancien Premier ministre Saad Hariri sur les récentes prises de position du Hezbollah. Ce dernier avait affirmé samedi à Rabieh qu'il attendra que « la situation mûrisse pour en cueillir les fruits ». « Le président Hariri a compris que le Hezbollah ne veut pas de compromis, puisqu'il continue de maintenir la candidature de Michel Aoun. Or, en ce qui nous concerne, il n'y a aucune possibilité d'appuyer cette candidature. Mais s'il arrive que le général Aoun décroche l'appui de Walid Joumblatt et de Nabih Berry, le courant du Futur ne boycottera pas la séance électorale, mais rejoindra les rangs de l'opposition », disent ces milieux. C'est ce qui aurait émané de la réunion dimanche dernier en Arabie saoudite, entre Saad Hariri et une délégation du Futur, regroupant Fouad Siniora, Nouhad Machnouk, Ghattas Khoury, Nader Hariri et Bassem Sabeh.

 

(Lire aussi : Bou Faour chez Berry : La situation n'est pas encore assez mûre pour permettre l'élection d'un président)


Le non catégorique que le Futur oppose à Michel Aoun ne serait toutefois pas lié à un veto saoudien.
Selon des informations attribuées à des sources FL, « l'Arabie saoudite n'oppose de veto à aucun des trois candidats en lice puisqu'elle reconnaît la décision chrétienne historique qui marque cette échéance. Si les chrétiens s'entendent sur le nom du général Aoun, l'Arabie ne s'opposerait pas à son élection (...), surtout que ce qui lui importe est la tenue de la présidentielle au plus vite, la permanence du vide étant la pire chose qui puisse arriver au Liban ». Cette position aurait été communiquée lors « des visites régulières et fréquentes de représentants des FL en Arabie saoudite », dont la dernière en date aurait eu lieu samedi dernier.
Une source autorisée du Futur ne dément pas l'absence de veto de l'Arabie contre Michel Aoun, mais rappelle que « c'est notre base qui s'est opposée avec virulence à sa candidature – et cela est un élément qu'il ne faut pas sous-estimer ». La différence entre Michel Aoun et Sleiman Frangié serait que le second n'a « jamais pris de positions susceptibles de menacer la convivialité ».

(Lire aussi : « L'Iran ne s'ingère d'aucune manière dans les affaires du Liban, encore moins dans la présidentielle », affirme Fatehali)



L'appui de Michel Aoun par Samir Geagea aurait, du point de vue du Futur, « inquiété et mécontenté la base sunnite », à tel point que « Samir Geagea risque de se faire huer par la foule s'il choisit de se rendre en personne à la commémoration du 14 février », estime ainsi un député du Futur. Les FL et le Futur chercheraient seulement à « sauver la face » de leur alliance. L'entretien entre Fouad Siniora et Georges Adwan n'aurait dans ce sens « rien apporté de nouveau ».
Quoi qu'il en soit, le chef des FL aurait décidé de ne pas se rendre à la cérémonie du 14 février, « pour des raisons sécuritaires », mais il prévoit d'y déléguer « un groupe important de cadres et de députés des FL ».
Le chef des Marada tendrait lui aussi à y déléguer le ministre Rony Araiji. Il est en tout cas presque certain que Saad Hariri n'annoncera pas officiellement son appui à la candidature de Sleiman Frangié.

 

 

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commentaires (10)

“Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu’elle est juste.” de Montesquieu

FAKHOURI

08 h 38, le 10 février 2016

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Commentaires (10)

  • “Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu’elle est juste.” de Montesquieu

    FAKHOURI

    08 h 38, le 10 février 2016

  • Admirez, citoyens libanais, nos MARIONNETTES-INCAPABLES dans toute leur splendeur ! Le Liban subit déjà la dictature de Hezbollah: il ne veut pas...il veut et même exige etc., et ces magnifiques MARIONNETTES-INCAPABLES s'amusent et rient, comme si de rien n'était... Sont-ils prêts à vivre sous le joug d'une dictature "made in Iran" ou sont-ils totalement inconscients ? Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 11, le 09 février 2016

  • Läämâh, chî t'ïîîîl ktîîîr !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 28, le 09 février 2016

  • LE PAYS VA INDUBITABLEMENT VERS : CHACUN CHEZ SOI ET TOUS ENSEMBLE ! UNE SUISSE ! MAIS SI UNE PARTIE CONTINUE À RÊVER DE "MAINMISE"... LA MARQUISE SANS DOUTE SE RÉVEILLERA... ET... IL Y AURA DE GRANDES SURPRISES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 31, le 09 février 2016

  • Pour le Liban il n'y a que 2 solutions: Republique Islamique a parti unique, ou Republique Federale, c'est tout ! Ne pas admettre cette verite ne changera rien !

    Remy Martin

    10 h 40, le 09 février 2016

  • Cacophonie, cafouillage. .. Et pendant ce temps l'état libanais payé 400 M usd pour un machin qui ne se décide toujours pas à émettre la plus petite décision, quand on voit que saad fils de feu Rafic, insiste pour voir le frère de lait de Bashar le héros des résistances, à la tête du pays . Non! Interdit de rire svp, et très fort ....

    FRIK-A-FRAK

    09 h 46, le 09 février 2016

  • - DAME LA -MAINMISE- AVEC ROUBLARDISE RENFORCE SON EMPRISE ET STIGMATISE DE NOUVELLES ASSISES... - ET DAME LA -MARQUISE- DANS SES BETISES... REVE ET PARLE ENCORE DE REPRISE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 50, le 09 février 2016

  • Une sortie fakkîhiste n'est, sous couleur de spontanéité virulente, qu'un salmigondis d'éructations et de bafouillis qui traite de sujets graves d'une façon Malsaine. Le Sain libanais, lui, sait faire la différence entre une apparition d’un 14 Sain effervescente mais étayée par des dossiers rigoureusement préparés, et une comme celle des Pers(c)és franchement racoleuse et culottée. Somme toute, la diatribe des anthracites est au débat politique ce que "Star’s Academy" est à l'enquête sociologique ! Cela étant, il est infiniment plus correct, au niveau Malsain, de dénoncer les turpitudes de ce Sain que n'importe quelles horreurs commises par d’autres bääSSyriens ayant pignon sur charnier…. syrien. C'est ainsi qu'il se trouve encore dans ce patelin des Noircis pour conspuer l'irresponsable Sain Libanais ou Syrien qui s'apprête à éliminer l'aSSadiot bäässàRien ! Mais pas un d'entre eux n'a jugé bon de conspuer ce bääSSdiot qui extermine tout un peuple : un Génocide par jour quoi, en Sainte-Syrie ! Et pourtant, ce lionceau poltron et son entourage d’à côté de lapins Gnomes et Nains avait bien envahi leur patelin avant 05. Et, enjoué qu’il est, se paye même le luxe d'humilier les fakkîhàRiens ; trop peureux pour articuler devant lui les remontrances qu'ils chuchotent entre eux ; avant de se gausser d’eux ! Mais, malgré cette arrogance aSSadique, nulle imprécation même "divine" émanant des ruelles Malsaines anthracites et noircies….

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 47, le 09 février 2016

  • Pays a_nor_mal ! Si le président de son Parlement et roi du malabarisme politique admet "le droit de boycottage" à l'infini par les députés des séances destinées à l'élection présidentielle -et en cela il ne fait qu'obéir à son chef et "guide suprême", que pouvez-vous attendre d'un tel Parlement et d'un tel pays ?!

    Halim Abou Chacra

    04 h 49, le 09 février 2016

  • « Il y a un changement de mentalité chez le Hezbollah : il ne cherche plus à marquer des points, mais à s'imposer comme parti unique », constatent des sources du Futur LE HEZBOLLAH IGNORE LE CHANGEMENET : IL A ETEE, EST ET RESTERA LE MEME : UN PARTI TOTALIATAIRE QUI CHERCHE A IMPOSER PAR TOUS LES MOYENS ,PAR SES MENACES ET SES CHANTAGES SON POUVOIR CONFESSIONEL ET ARBITRAIRE SUR TOUTES LES AUTRES COMMUNAUTES LIBANAISES. ET COMME L'ARME DU LANGAGE QU'UTILISENT LE FUTUR ET LES FARCES DU 14 MARS RESTE DERISOIRE FACE AU LANGAGE DES ARMES QUE MAITRISE PARFAITEMENET LE HEZBOLLAH,IL NE LEUR RESTE QUE DE S'ECRASER DEVANT LE PARTI DE DIEU ET ACCEPTER L'INSTAURATION INELUCTABLE DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE LIBANAISE. SAUF S'ILS LANCENT LE PROCESSUS DE LA FEDERALISATION DU LIBAN, SEULE CAPABLE DE RESISTER TERRITORIALEMENT AU ROULEAU COMPRESSSEUR ET AUX APPETITS VORACES DE LA MILICE FAKIHISTE IRANIENNE ET AU POUVOIR ILLIMITEE ET ARROGANT DE SES MOLLAHS ARMEES. LA DECENTRALISATION REGIONALE SERA LE VRAI « CHANGEMENT » QUI POURRA NEUTRALISER LE CENTRALISME ETATIQUE DU FAKIHISME IRANIEN ET QUI SAUVERA LE LIBAN LIBRE,SOUVERAIN ET INDEPENDANT OU CE QUI EN RESTERA A L’OMBRE DES KALASHNIKOVS DE LA RESISTIBLE MILICE DIVINE.

    Henrik Yowakim

    04 h 01, le 09 février 2016

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