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Économie - Industrie

La sidérurgie européenne se mobilise face à la Chine

Un ouvrier dans une usine Arcelor-Mittal, dont le groupe a annoncé une lourde perte nette pour 2015 liée à la chute des prix de l’acier. Fabian Bimmer/Reuters

L'Europe battait le rappel des troupes hier pour se mettre en ordre de bataille face à l'acier chinois accusé de menacer la filière européenne, avec, en ligne de mire, les délicates négociations sur l'octroi à la Chine du statut d'économie de marché.
Gouvernements, patrons et salariés se mobilisent pour demander à la Commission d'être ferme sur ce dossier et, plus largement, craignent que la Chine devienne officiellement une « économie de marché », ce qui pourrait déboucher sur une baisse des droits de douane. « L'Union européenne ne peut rester passive lorsque l'augmentation des pertes d'emplois et des fermetures d'aciéries montre qu'il existe un risque important et imminent d'effondrement du secteur européen de l'acier », ont écrit les ministres de l'Économie de sept pays européens dans une lettre adressée à la Commission européenne et au Conseil.
Avec cette initiative inédite, les ministres français, allemand, britannique, italien, polonais, belge et luxembourgeois font monter la pression sur la Commission, invitée à utiliser tous les moyens disponibles pour « lutter contre le commerce déloyal » et « assurer des conditions de concurrence équitable ». La Chine n'est pas nommément visée dans la lettre, mais les décisions attendues de la Commission concernent une enquête antidumping en cours visant des produits plats en acier laminé à froid venant de Chine et de Russie, et l'ouverture d'un nouveau dossier ciblant des produits plats en acier laminé à chaud venant de Chine.
Les ministres européens vont plus loin et réclament que des mesures de défense puissent être prises plus rapidement, sans attendre « que les dommages causés par les pratiques déloyales deviennent irréversibles » pour l'industrie européenne. Une porte-parole de l'exécutif européen a répondu hier que la Commission était « bien consciente de la situation » et « appliqu(ait) les instruments à (sa) disposition ».
La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, avait déjà haussé le ton la semaine dernière en demandant par courrier à son homologue chinois Gao Hucheng de prendre des mesures pour réduire les surcapacités du pays en acier et en brandissant la menace de nouvelles procédures antidumping.

Le statut d'économie de marché en question
Les exportations d'acier chinois ont bondi de plus de 50 % en 2015, des milliers d'emplois ont été supprimés dans le secteur et des dizaines de milliers d'autres sont menacés, a relevé Mme Malmström, alors que la Chine, en plein ralentissement et qui détient 50 % de la capacité mondiale de production, cherche des débouchés. « Il faut se garder de toute naïveté ou de toute volonté de transiger », avait prévenu mi-janvier le ministre français de l'Économie Emmanuel Macron, en se prononçant pour « une logique de lutte antidumping très claire, massive, directe ».
De son côté, la Chine a fait connaître son intention de réduire sa production d'acier de quelque 150 millions de tonnes sur les cinq prochaines années, alors que sa surproduction est estimée à 340 millions de tonnes par des experts. « Une bonne annonce », mais cela « prendra du temps », a commenté vendredi le patron d'ArcelorMittal, Lakshmi Mittal. Il y « un besoin d'urgent d'agir », a insisté le groupe, qui venait d'annoncer une lourde perte nette pour 2015, liée à la chute des prix de l'acier.
Ce dossier de l'acier s'inscrit dans un contexte plus large pour l'industrie européenne, dont l'association Aegis Europe organise le 15 février à Bruxelles une grande marche pour s'opposer à l'octroi du statut d'économie de marché à la Chine. La décision doit être prise à l'OMC en fin d'année. La Commission, qui négocie pour les 28 États membres, a ouvert le débat européen à la mi-janvier. Sa réponse n'est pas attendue avant des mois.
En amont de la manifestation, Aegis Europe, qui regroupe 30 secteurs industriels – acier, aluminium, céramique, verre, panneaux solaires notamment – pesant plus de 500 milliards d'euros (558 milliards de dollars) de chiffre d'affaires, a lancé hier un manifeste européen pour « un commerce libre et juste » dont le message central est « la Chine n'est pas une économie de marché ». « L'Europe ne peut pas risquer plus de 3,5 millions d'emplois et 228 milliards d'euros (255 milliards de dollars) en perte annuelle de PIB », a affirmé le porte-parole d'Aegis Europe, Milan Nitschke.
(Source : AFP)

L'Europe battait le rappel des troupes hier pour se mettre en ordre de bataille face à l'acier chinois accusé de menacer la filière européenne, avec, en ligne de mire, les délicates négociations sur l'octroi à la Chine du statut d'économie de marché.Gouvernements, patrons et salariés se mobilisent pour demander à la Commission d'être ferme sur ce dossier et, plus largement, craignent...

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